Alors comme ça, un sondage estival ferait comme du chambard, non mais regardez-moi ça, une (grande, immense) majorité de français approuverait les différentes « mesures de lutte contre l’insécurité » déroulées ces dernières semaines par ceusses dont « la seule ambition est d’assurer la protection des honnêtes gens » [Brice Hortefeux, Le Parisien/Aujourd’hui En France, dimanche 1er août 2010] par ceusses, itou, qui sont en charge dudit dossier, celui de « notre sécurité » depuis juin 2002, soit huit bonnes années pleines ! Diantre ! Mais est-ce véritablement une surprise ?
Oh bien sûr, on peut jaser sur la méthodologie, tout comme sur les items, plus orientés, directifs, ce serait bien difficile ! Quand tu veux les faire cracher au bassinet, m’sieur le sondeur (indépendant, cela va de soi, n’est-ce paaaas …) tu mets le paquet, mon saligaud ! … Nonobstant, qui s’est penché sur les détails du sondage en question ? M’est avis qu’ils sont peu nombreux ! Tiens donc ! Auraient-ils comme les j’tons d’y trouver une vérité qui dérange ? Quelque chose qu’il faudrait taire ? Pourtant, c’est bigrement intéressant ces « détails » …
Ah, j’en conviens, ça fait mal au cœur et au cul ! Mais c’est écrit, là, noir sur blanc, y’a pas à tortiller tellement ça jure, allez donc voir, faites l’effort ! Ces français qui sont encore plus majoritaires que les autres à approuver des deux mains, déchéance de nationalité, vidéosurveillance à tirelarigot, démantèlement de camps illégaux (quand je te disais que l’affaire était orientée, balisée) de Roms, répression au carré si ce n’est au cube et autres réjouissances d’un autre temps, ce sont des ouvriers, des artisans, des commerçants, des employés et des chefs d’entreprises (PME), bref, ce que l’on nomme les « classes moyennes » !
Et personne ne le dit ? Comment se fait-il ? …
Oh oui, là encore j’en conviens, ce n’est pas un scoop ! Ça fait belle lurette que nous le savons, même qu’on n’a pas attendu un 21 avril, ni le prochain, ah ça non ! Et Sarkozy en a bien (in)conscience [*] ! Alors vlan, il remet le couvert ! Oyez, oyez, « honnêtes gens » je vous ai compris ! Vous en aurez pour votre argent ! C’est moi, le gars de la Marine, ne vous y trompez pas ! Et Rocard a beau dire qu’il le « paiera cher » c’est même pas sûr tant ce troupeau, tu l’enfarines et copieux, avant de le tondre par le pouvoir d’achat, lui vanter les vertus du travail ! Facile ! C’est un électorat que tu trimballes à ta guise ! Suffit de sortir l’artillerie lourde, et le voilà qui exulte ! Pis : il se défoule, libération de la parole comme jamais, la honte, c’est pas ça qui l’étouffe, du moment que tu lui promets la sécurité ! Quand bien même cela ferait huit ans - je l’ai bien précisé - que tu lui chanterais le même refrain, les mêmes lois et décrets, c’est kif-kif, il en redemande ! Pourquoi s’en priverait-il, alors, ce président ? Qu’est-ce qu’il en a faire des conséquences, du bruit, des odeurs ? Rien ! Du moment que la gauche, enfin, ce qu’il en reste, est de nouveau kaput, infoutue de réagir, de contrer, gauche mollassonne, sans relief ..
Reste à savoir, jusqu’où il ira, cet homme-là ! C’est que, dis, la recette est bonne ! A merveille, elle fonctionne ! Alors pourquoi pas, demain, allez hop, quitte à ratisser dans les grandes largeurs, un référendum sur le code de la nationalité ou sur l’immigration ! N’est-ce paaaaaaas ? Pourquoi pas, non plus, en finir avec le regroupement familial ? Quant au droit du sol, ma foi, faut voir ! Le droit du sang, si ça se trouve, ça leur irait très bien, à ces « braves gens » ? Ou la peine de mort pour les pédophiles ! C’est bon ça ! Ça ramène du bétail, bon sang ! Voyez, c’est pas les propositions à venir qui manquent, y’aurait même plutôt l’embarras du choix ! Et peu nous chaut que le New York Times nous fasse la leçon ! Ces cochons d’américains ! Mais qu’ils balayent donc devant leur porte ! C’est bien ça, que j’ai cru entendre ? C’est pas que je sois pro-américain primaire, ah ça non ! Faut pas pousser, non plus ! Mais tout de même, cette phrase, celle de Thomas Jefferson, je la donnerais à réciter chaque jour à tous les citoyens de France et d’ailleurs :
« Si tu es prêt à sacrifier un peu de liberté pour te sentir en sécurité, tu ne mérites ni l’une, ni l’autre. »
Vous m’en ferez cent lignes. A la main. Et au quotidien. Vos prières et autres foutaises, vous me les remisez au diable, en lieu et place, vous méditerez chaque soir, sur cette phrase, ce qu’elle veut dire, son sens.
Ah, mais non, vous vous trompez, ce n’est pas notre liberté que nous sacrifions qu’ils disent, les « braves gens » ! Non ! Mais la liberté de quelques Roms, de sales polygames, de délinquants « d’origine étrangère » de la pire espèce ! Des tueurs de flics, messire ! De véritables parasites prêts « à égorger nos fils et nos compagnes » ! … Ah, mais quelle misère ! ... J’ai le regret d’écrire qu’il avait raison, le Général, quelle bande de veaux ! …
Mais leur liberté, c’est aussi la tienne, sagouin ! Assassin de la République ! Si tu la sacrifies, rien, tu ne mérites rien ! Ni liberté ! Ni sécurité ! Que dalle ! Sinon des camps, de travail ! Oui ! Tu verras ! On y viendra !
Enfin quoi ! Ouvriers, artisans, commerçants, employés et (petits) chefs, qu’avez-vous dans la caboche ? Ne voyez-vous pas qu’on vous entourloupe, gruge et balade ? Relisez donc le Code Pénal, tout y est, tout est là, croyez-moi, y’a de quoi turbiner ! Pas besoin de doubler les lois, tout ça, c’est que de l’effet d’annonce(s) ! … Tu veux quoi ? … Le port d’armes ? … Vivre dans une société fermée, cadenassée, filmée ? Et vivre, tout simplement vivre, t’y as pensé ? ….
Et qu’on ne me parle pas du Front National et son « candidat anti-système » ! « Anti-système », mon cul ! Ça marche avec, et comment ! Le Front National, c’est qu’un parti de bourgeois, que de la posture, n’en a rien à faire de ta misère, de tes tracas ! Jamais ce parti-là n’a pris la défense des « classes moyennes », jamais ! Jamais à ses côtés, quand elles se font remercier, jeter, délocaliser. Pas un mot, rien ! Que des gredins ! Du balai ! Allez ouste ! …
Non, c’est la gauche, qu’il faut réinventer, c’est elle qu’il faut ressusciter, la vraie, la généreuse, même si, c’est vrai, des Jaurès, des Blum, des Mendès, y’en a plus, fini, terminé, mais qu’importe ! Faut la secouer cette mollasse de gauche, la pousser au train, c’est à nous de le faire, en vertu du fait qu’il ne faut rien attendre, il faut prendre les devants, toujours, anticiper, bref, se comporter en citoyen, actif, volontaire, pugnace, et non en troupeau de vaches à sonder. L’heure a sonné ! Celle de regagner notre honneur et notre dignité !
Ne laissons pas des camelots, carriéristes et autres bonimenteurs (pathétiques, grotesques) nous berner à seules fins électorales ! Ne laissons pas ces « gens-là » petit à petit, insidieusement, nous confisquer au nom de sécurité (mais qu’est-ce donc, hein, que la sécurité ?) ce que nous avons de plus précieux : notre liberté ! Ne les laissons pas assassiner la République !
[*] Au fait, monsieur le président, elle est où, votre « politique de civilisation » ? Celle qui devait « remettre l'homme au coeur de la société » ? Cette politique promise qui devait « réhumaniser notre société » ? Et « mettre le changement indispensable au service de l'homme » ?
Nonobstant, n'avez-vous pas déclaré, le 6 mai 2007, soir de votre élection, que vous seriez le « président de TOUS les français » ? Or, donc, celui qui les rassemble, les unit, et non, celui qui les divise.
Souvenez-vous de votre allocution télévisée du mercredi 18 février 2009 où vous nous proposiez « le seul chemin qui vaille (...) celui du refus de la facilité ». Or, encore une fois, il n'y a rien de plus facile que de dresser les gens les uns contre les autres, rien de plus facile que de les opposer, les diviser. A contrario, il est bien plus difficile, mais bien plus noble, de les rassembler. C'est même le devoir d'un Chef d'Etat ... Auriez-vous finalement décidé de changer de « chemin », opter pour celui de vos prédécesseurs (dont vous n'avez cesse de nous démontrer leurs présumées insuffisances) soit celui de la « facilité » dans le seul but de servir, non votre pays, mais vos ambitions personnelles ?