Voici un mutant, un vrai, louche comme un inconnu s'avançant le long d'une ruelle glauque recouverte de tags et satisfait comme un artiste contemporain trop heureux de sa provocation. Quoiqu'il en soit l'artiste en présence est une création urbaine pure, issue du bouillonnement du début des années 90. A cette époque, jaillissaient de la marmitte culturelle le rap et la house, le graff et les raves; le hip hop englobait encore une multitude de pratiques dont le regroupement définissait un véritable mode de vie. Puis ces dernières se sont autonomisées pour vivre leur vie et accomplir leur propre cycle commercial. Mais Grems réactualise le hip hop originel en lui insufflant à nouveau le courant électrisant de ses débuts et rétablit sa polyvalence. A la fois graffeur, graphiste et rappeur, Grems brandit l'étendard du métissage en mélangeant les genres pour mieux les renouveller.
Avec ce titre, l'artiste fait dans le trash mais conserve ce petit sourire en coin nous indiquant qu'il se fend tout de même bien la poire. C'est presque de l'art contemporain, mais sans dédain ni mépris, avec ce regard d'enfant trop heureux de dire des gros mots. A l'heure des grosses prods calibrées comme des films hollywoodiens, la légèreté crue de Grems nous amuse bien.