Taxes d'aéroport : les compagnies s'en mettent plein les poches

Publié le 07 août 2010 par Laurelen
La Quotidien de l'île de la Réunion (07/08) publie un intéressant papier sur les taxes d'aéroport, qui plombent à la Réunion le prix des billets d'avion. Plus de 250 euros de montant fixe sur un billet qui varie, selon les saisons et les compagnies, de 600 à 1 500 euros pour une liaison Réunion-Paris (ou l'inverse). Soit près de 50% à 15% du billet d'avion. Avec un billet moyen à 750 euros, soit un trois-quart de smic, le voyageur français mais néanmoins réunionnais ne paierait que 500 euros sans cette satanée taxe. Une taxe obscure, comme le souligne Le Quotidien, qui s'est procuré un rapport de la Chambre de commerce de la Réunion, gestionnaire par délégation de l'Etat de l'aérogare Roland Garros. Au passage, on s'étonne que ce papier n'ait pas été plus mis en valeur par le journal du Chaudron, qui a soulevé, en l'occurrence, un véritable tangue (on n'a pas beaucoup de lièvres, dans l'île). Ca valait la une, ou au moins un petit appel, tant le sujet du prix des billets d'avion est sensible à la Réunion. Ne serait-ce que parce que, pour la première fois, la CCIR explique et décompose cette mystérieuse et exorbitante taxe d'aéroport. En gros, on apprend que la taxe sur les billetsne s'élève qu'à 12,75 euros. La taxe reversée à la DGAC (Direction de l'aviation civile) est la même pour tous les aéroports français, et se monte à 8,22 euros. Une mini taxe de 3,05 euros, touchée par les Douanes, est partagée entre le conseil régional, les communes littorales classées stations touristiques, et l'Etat. Enfin, une redevance passagers de 15,60 euros, qui varie elle aussi selon les aérogares, sert à financer le traitement des bagages, la sécurité, bref, tout ce qui nous fait poireauter des heures avant de rentrer dans l'avion.
"Au final, note le journaliste du Quotidien, sur un vol aller-retour Réunion-Paris, évalué à 750 euros, et dont le montant des taxes atteint 263,42 euros, la CCIR perçoit un total de de 27,10 euros.
35,27 euros revenant ensuite à l'entité Aéroports de Paris, restent 201,05 euros, estampillés d'un terme métaphysique : "surcharge compagnie". Il ne s'agit pas-là de faire payer les passagers en surcharge pondérale, ni même la sur-rémunération des fonctionnaires outre-mer, encore moins les billets gratuits offerts à nombre d'élus ou VIP locaux (oups, attention, Le Pirate fait dans le populisme), mais simplement de se payer sur la bête. La bête, ici, est un cochon. De payant. Car cette surcharge, note Le Quotidien, est établie selon d'"obscurs critères". Aucune des compagnies contactées n'a voulu répondre au journaliste sur cette question secondaire : à quoi correspond cette fameuse "surcharge compagnie" ? La CCIR n'a pas eu non plus de réponses à cette interrogation, et évoque un système "totalement opaque", précisant que cette "surcharge compagnie n'a pas de caractère obligatoire". Des cadres de l'aérogare Roland Garros ajoutent même que ce petit rab de fric "pourrait ne pas exister".
Concrétement, sans cette "surcharge", et sans que la Région n'aie à mettre la main la poche, la liaison Réunion-métropole reviendrait à moins de 500 euros. Nicolas Sarkozy, lors de son dernier séjour dans l'île, avait promis de faire le ménage dans les tarifs aériens. Un coup de Karcher (tm) qui se fait attendre.

François GILLET

Voir à ce sujet un article intéressant sur le Quotidien du tourisme