La vie est d’une logique parfois déconcertante. Mère Nature crée ses forêts avec des rejets de souche. Les mères en couches créent leurs rejetons en les poussant hors de leur corps. Pousses. Repousses. Jets. Rejets. Ce n’est pas inadvertance de sentir la présence du rejet dès notre naissance.
Le rejet figure parmi les sentiments courants. Après avoir quitté la matrice primordiale, il flotte en nous un relent de prise en charge totale. Tout à fait normal! De même qu’une vapeur d’abandon. Liens de sang. Liens d’adoption. Qui colore nos perceptions. Et pose cette énormité. Sommes-nous vraiment désirés?
C’était en 1970. Mon petit frère avait quatre ans. Né après quatre filles, moi étant l’aînée, il avait cinq mamans. Pourtant…
Nous étions tous les sept autour de la table à petit déjeuner. Maman nous parlait de la pilule, ce nouveau moyen de contraception. Elle nous vantait les avantages de cette nouvelle invention. De loin supérieure à toute privation!
Maman expliqua quel défi c’était, avant, de planifier les bébés. Ils arrivaient sans s’annoncer. Certains devaient se faire adopter. Je déclarai qu’ayant été conçue dans le voyage de noces, c’était sûr que j’avais été désirée, moi. Hein, maman?
À notre grande surprise, mon petit frère se leva. Ouvrit le tiroir à pyjamas. Ramassa le sien. Et se dirigea vers la porte. Maman lui demanda ce qu’il faisait là. Offusqué, il lança. Tu ne me désirais même pas! Je suis un accident. Tu as voulu quatre filles et, moi, je suis le restant!
Maman se leva à son tour. Écoutez-moi attentivement. Vous êtes tous des accidents. Même toi, ma Dodo. Penses-tu que je voulais un enfant dès le début de mon mariage? Je lui dis que j’avais au moins dû être conçue dans le désir.
De son plus lumineux sourire, elle précisa : Papa et moi n’avons désiré aucun d’entre vous. Pourtant, nous vous aimons profondément. Tous. Également. Si vous ne désirez plus vivre ici, vous êtes libres de partir. Nous comprendrons.
Mon petit frère rangea son pyjamas dans le tiroir et reprit sa place à la table. Un silence douillet nous enveloppa jusqu’à la fin du repas. Et le doute entourant notre origine fut levé une fois pour toutes.
Vous aurez beau chercher, jamais vous ne trouverez sur cette Terre ou dans l’Univers, un endroit qui vous exclura. Parce que vous faites partie du Tout.
Rien ni personne ne peut vous laisser tomber. Sauf… vous!
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