« Parce que vous êtes un grand Seigneur, vous vous croyez un grand génie !... Noblesse, fortune, un rang, des places : tout cela rend si fier ! Qu’avez-vous fait pour tant de biens ? Vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus... »
Voici une des répliques devenue culte qui fit censurer le Mariage de Figaro, la folle journée, pièce en cinq actes de Beaumarchais, donnée hier soir dans les fossés du Château de Bonaguil...pour le plus grand plaisir d'une assistance...un peu clairsemée.
Bien entendu, nous avons vu ce classique des classiques un certain nombre de fois, et aussi sa version génialement transcrite en livret par Lorenzo da Ponte pour MOZART. Mais l'émerveillement d'un tel texte, dont les intrigues d'interpénêtrent en un écheveau difficile à suivre, reste intact. Hier soir, la troupe (dix huit comédiens-danseurs-chanteurs en scène pour le final) nous a communiqué sa chaleur et son jeune talent. C'est celle du Théâtre de l'Extrème, en résidence au Château du Plessis-Macé, et nous n'avons que des prénoms à leur donner....mais nous avons apprécié la veulerie du Comte Almaviva, la froideur troublée de Rosine la Comtesse devant la blancheur de peau du jeune page Chérubin, la verve de Figaro à la somptueuse chevelure poivre et sel et au sourire "plaqué", sa dernière défense.....sans oublier un rôle particulièrement difficile : celui du jardinier ivrogne, mais qui a bien les pieds sur terre...avec son poireau !
Bref, un texte long et très construit - cinq actes enchaîinés par des intermèdes musicaux - de jolis costumes et un décor fantasmagorique - les énormes murs au complexe appareil de pierres assemblées presque à sec, un ciel d'une pureté superbe....et une réflexion sur le respect de la parole donnée et la légitimité : de quoi méditer longtemps après sur la nature humaine, constante depuis 1784 et la création de la pièce après plusieurs années d'interdiction !
Quel privilège nous avons de pouvoir vivre de si belles soirées à moins de dix kilomètres de la maison !