ou Clémence Desrochers aux Correspondances d'Eastman.
Marsi et moi, et quelques amis, nous considérons privilégiés d’avoir assisté à cette prestation de Clémence Desrochers dans le cadre des Correspondances. Un moment unique dans le sens de hautement original, et aussi dans le sens qu’on ne peut pas reproduire.
Danièle Bombardier, assise sur scène, nous introduit celle qui est sa bonne amie de toujours, Clémence Desrochers. Cette Clémence arrive droite, comme un petite soldat dans sa tunique blanche, fonce vers nous, nous parle comme si on était tous ensemble dans un grand salon, nous interpelle, fanfaronne, improvise. C’est joli de la voir s’étonner de nous étonner, à chaque détour d'improvisations, elle surprend son amie, Danielle qui rit sous cape ou en éclat. Clémence est un ressort qui rebondit, on ne sait jamais d’où il part, et où il va atterrir.
Danièle Bombardier est déjà une animatrice d’expérience qui sait donner liberté et latitude à ses invités mais quand ils sont ses amis, c’est encore plus vrai. Elle a encadré Clémence, tout en lui laissant la scène. Clémence, que je soupçonne avoir été ce soir-là dans une forme particulièrement inspirée, allait au gré de son inspiration, et de sa mémoire. Se souvenant d’un poème, d’un bout de chanson, de monologue, elle s’y jetait. Et si le fil de la mémoire venait à casser, l’ambiance restait amusante puisque, telle la funambule du mot qu’elle est, elle se rattrapait d’une entourloupette. Et bien sûr, la présence presque tendre de Danièle Bombardier, toujours là, pour relancer la verve de Clémence.
Le charme de cette femme qui a cinquante années de métier dans le corps est de savoir rigoler d’elle-même autant que des autres. Nous dégustions sa dérision aigre-douce en ruisseau de rires. Cette impitoyable moqueuse sait s’acoquiner son monde, et nous amène dans ses univers avec une complicité coquine. Elle possède l’art de s’adresser au public d’égal à égal, avec cœur et franchise. Quand quelque chose la dérange, elle le dit. La rangée vide en avant l’a dérangeait, elle l’a déclaré haut et fort, également mis le holà aux flashs des appareils photo pendant un monologue.
C’est la personne que j’ai vu ajouter le plus de parenthèses au monde ! Elle en ouvre tant, et qui surclassent le texte, qu’elle finit bien sûr par perdre son fil à tisser, s’empare vite d’un autre et avec l’habileté d’une grande fileuse, nous a brode des histoires, Sa spontanéité se vit à vif, l’abandon est sa trame de fond. Un spectacle d'une fraîcheur qui nous a rajeuni tous, tout en nous émouvant. Tout le monde est sorti de là, de la chaleur dans le coeur et la spontanéité à vif, parce que oui, Clémence, elle est contagieuse.
Et quand je pense qu’elle se demande encore qu’est-ce qu’on peut bien lui trouver pour qu’on sorte du confort de notre foyer pour aller la voir au Théâtre La Marjolaine !
Nota bene : Désolé pour la cérémonie d’ouverture avec son annonce des lauréats de la Poste Restante, mon billet est remis à demain (il me manque un renseignement).