J’avais bien vu passer les titres incendiaires il y a quelques jours sans avoir le temps de m’y attarder. Mais c’est trop drôle et les occasions de rigoler un peu au détriment de l’UMP se faisant plutôt rares ces derniers temps, je ne voudrais pas bouder mon plaisir. Encore un «été meurtrier» chez les Jeunes Pop ? s’interroge Laure Equy dans Libération. J’avais le parfait souvenir qu’il y a deux ans ce fut déjà la même guerre de tranchées sur fond de belles magouilles. Il ne me fut pas difficile de retrouver l’article pondu alors. Exactement jour pour jour ! Un sacré rififi chez les UMP juniors : ils découvrent la magouillocratie (6 août 2008).
Devant les rivalités – deux listes à couteaux tirés – l’UMP avait imposé en 2008 une liste unique. Pour le plus grand profit de Benjamin Lancar, aujourd’hui président des Jeunes Pop et candidat à sa succession. Or, à lire le Monde (26 juillet 2010) Soupçons de fraude et ambiance de far-west chez les jeunes UMP le résultat des élections – truquées – serait contesté par un certain nombre de militants se plaignant «d’irrégularités massives» et les accusations de fraude seraient nettement plus nombreuses que Benjamin Lancar veut bien l’admettre dans une interview donnée au Monde le 28 juillet 2010 Les “jeunes pop”, “une totale démocratie interne”…
«Ce scrutin a été plus transparent que jamais. Et en proportion, il y a eu moins de recours déposés que pour une élection législative». La transparence, en Sarkozie, on connaît. Toujours fort opaque ! Le Président des Jeunes Populaires est élu pour deux ans au scrutin indirect : dans chaque département, les militants UMP de moins de 30 ans élisent des «conseillers nationaux jeunes populaires» (CNJP) qui élisent ensuite le président à l’occasion des universités d’été à la fin août. Or, premier point : les contestataires réclament que le président des Jeunes Pop soit élu directement par l’ensemble des militants. A condition «que le vote se déroule à bulletin secret, dans des urnes à l’ancienne, et non par votes électroniques, qui peuvent être bidouillés». Bonjour l’ambiance !
Quant aux accusations de fraude, elles reposent sur plusieurs points : procurations non signées, vote de militants sans carte d’identité, voire des candidats opposés à Lancar empêchés de se présenter, des votants ou même des candidats ayant dépassé 30 ans, des candidatures supprimées de manière «abusive» par la direction et des électeurs inscrits sur un autre département… Et selon Laure Equy dans Libération du 27 juillet 2010 Jeunes UMP : chaude ambiance de campagne pour l’élection du président, des candidats - opposants - n’ont pas reçu leur convocation et auxquels «on donne des motifs bidon : ils s’y seraient pris trop tard ou ne seraient pas à jour de cotisation».
Encore plus gratiné dans 20 minutes Campagne électorale mouvementée chez les Jeunes pop (article du 27 juillet 2010 de Maud Pierron)… Ainsi, Mike Borowski - candidat malheureux avant que la commission ne valide son élection – qui considère «qu’il fallait le faire perdre car il est le principal opposant à Lancar» se plaint des pratiques constatées : «Des personnes ont voté trois ou quatre fois, certains avaient plus de 30 ans alors que c’est interdit, on a obligé des personnes à se présenter, et certains avaient trois ou quatre procurations quand on a le droit de n’en présenter qu’une»…
Bien évidemment, les partisans de Lancar rejettent les accusations de fraude, les mettant sur le dos de candidats déçus. Ils n’hésitent pas à parler de «psychose et de paranoïa»… «Un seul recours sur l’élection dans 100 départements, cela prouve que les accusations de fraude sont fantasmagoriques» justifie Benjamin Lancar. Je doute qu’il connaisse le sens exact de ce mot ! Qu’il confond à l’évidence avec le terme psychanalytique de fantasme… C’est dire le niveau de culture du personnage ! La fantasmagorie est en effet l’art de faire apparaître des fantômes dans une salle obscure, spectacle qui fut à la mode aux XVIIe et XVIIIe siècles.
Une autre contestation porte sur le nombre réel de militants. Qui serait passé de 36.000 en 2007 à 11.000 actuellement (la direction en revendique 25.000). Une chute des effectifs que Frédéric Lefebvre – il met son gros nez partout – ne pourra expliquer comme il le fit pour les militants de l’UMP en disant qu’ils étaient morts !
Nette démotivation à l’évidence qui s’expliquerait par la “méthode Lancar” selon les contestataires… qui lui reprochent – outre d’être un «Président fantôme “parisianiste”, coupé de la base et fonctionnant en vase clos avec sa garde rapprochée et qui se sert des Jeunes Pop pour décrocher un mandat»… on voit bien qui peut être son modèle ! – d’avoir mené une politique de “coups médiatiques” – plutôt foireux au demeurant si l’on songe au «libdub» totalement ringard mais où les Jeunes Pop s’illustrèrent en utilisant sans en avoir les droits une chanson de Luc Plamondon… en plein débat sur la Loi Hadopi, ça “l’affichait” plutôt mal !
«Une com’ coup de poing» très mal perçue selon Mike Borowski «On doit communiquer mais sur nos valeurs, valoriser les réformes du président de la République, Pendant deux ans, on n’a pas montré qui on était» dixit Aurore Bergé – candidate malheureuse en 2008. Un autre ajoutant : «Si c’est dans le seul but de faire parler de nous, cette communication ne sert ni l’UMP ni les Jeunes Populaires en terme de crédibilité». Ils lui reprochent notamment la baignade de militants dans la Seine pour le sommet de Copenhague et sa sortie fracassante sur les Bleus, une «équipe de racaille»… Ben, quoi ? Il imite le grand chef ! Il ira loin, ce petit…
D’ailleurs et à cet égard, la “stratégie” de ce gnolgui mérite que l’on s’y attarde… D’abord «donner une visibilité» à son mouvement… Etre dans la représentation permanente. La forme plus que le fond. Qu’importe la flacon pourvu qu’il y ait l’ivresse. Tant pis pour les crashs médiatiques. Lipdub et le site «Créateur de possibles» : flop garanti de chez flop !
Ensuite, sur le plan politique, et toujours à l’instar du chef : «être en campagne permanente». Il se targue d’avoir en deux ans «surclassé le MJS (Mouvement des jeunes socialistes)»… Je ne saurais dire à quelle aune il le mesure… Pas lors des élections régionales de mars 2010 quand bien même se targuerait-il d’y avoir obtenu des élus et que certaines de leurs idées auraient été reprises par Xavier Bertrand, dont «des propositions sur les retraites». Il ne détaille pas lesquelles, je doute qu’elles les rendent «Populaires» ! Mais leurs vieux n’ont sûrement pas de problèmes de revenus…
Il cherche à faire pleurer dans les chaumières : «Etre jeune et de droite n’est pas facile en ce moment» ! Etre jeune, adulte ou vieux et sans le sou me paraît autrement difficile aujourd’hui à l’heure des coups de rabot tous azimuts, que l’on soit de gauche ou de droite. Les parents qui devront choisir entre l’allocation-logement des étudiants ou la demi-part pour le calcul de leur l’impôt sur le revenu – fromage ou dessert comme sur certains menus : ceinture assurée – apprécieront sans doute.
Le MJS est vraiment leur obsession : cela apparaît clairement dans une interview donnée à 20 minutes Benjamin Lancar : «J’assume tous ces coups médiatiques à 100%» à sa réponse à la question de Maud Pierron sur le rôle du Président des Jeunes Pop pour le prochain mandat (2010-2012) : «Un rôle crucial, puisqu’il s’agira de faire gagner Nicolas Sarkozy en 2012 «Il s’agira d’apporter une contribution sur le terrain des idées et du militantisme, en s’inspirant de toutes les nouveautés dans différents pays. Il faudra vraiment que les Jeunes pop soient forts et motivés parce qu’en face, au MJS, ils n’ont pas vu la victoire présidentielle depuis 1988, ils seront dans l’aigreur, dans la haine». Pauvre tache !
Je ne suis plus jeune depuis longtemps mais si j’ai la haine c’est à cause de ce que l’on nous fait endurer depuis 3 ans. Point barre. Je suppose que les militants du MJS n’en ont pas plus que moi rien à foutre d’eux. Ils ne sont pas dans la même compet’ et peut leur chaut ce qu’ils fabriquent dans leur bac à sable.
Je vous ai réservé une petite gâterie pour la fin… L’exposé des projets de Benjamin Lancar – je ne sais pourquoi, depuis deux ans, j’ai toujours envie de l’appeler «lascar» qui lui irait comme un gant - sur la Toile. Il s’agit rien moins que de développer la riposte aux mensonges de la gauche, notamment sur Internet. D’abord une “iForce”, chargée de créer du contenu sur le Web… renforcée par “iRiposte” (hi ! hi! hi !) chargée de dénoncer des sites comme Mediapart : «Dans l’affaire Bettencourt, on a bien vu qu’Edwy Plenel [directeur de la rédaction de Mediapart] était toujours un ancien militant trostskyste, qui cherche à déstabiliser la République»… Il a bien retenu la leçon des «éléments de langage» !
Petit ironie de l’histoire, il est accusé par ses opposants d’utiliser des «méthodes trotskistes», ce à quoi il répond «Trotskiste, moi? Non, ce son les méthodes que Mediapart utilise contre Eric Woerth qui le sont»… Une obsession, vous di-je ! Tout ça parce qu’Edwy Plenel a été dans sa jeunesse militant de la LCR et a travaillé quelques années comme journaliste à Rouge… Etait-il encore trotskiste quand il fut journaliste au Monde puis directeur de la rédaction ? Cela m’étonnerait.
D’abord, parce que contrairement aux “lambertistes” : la tendance trotskiste où milita Lionel Jospin où se pratiquait “l’entrisme” – entendre que les militants avançaient masqués dans les organisations notamment syndicales et, on l’a vu avec Jospin, également politiques – les militants de la LCR n’ont jamais caché leur jeu. C’est à peu près comme si l’on me reprochait d’avoir milité trois ans à la LCR à la fin des années 60 et au début des années 70 – j’étais d’ailleurs critique sur nombre de sujets, à commencer par l’idée de “dictature du prolétariat”… Je pense qu’avoir milité plusieurs années à la JOC avait forgé un humanisme chrétien suffisamment solide. Me révulsait également l’idée avancée par certains que l’individu devait se fondre dans la masse. J’ai toujours voulu penser par moi-même. Je préfère me tromper toute seule et apprendre en marchant.
“Pour la route” la photo de Benjamin Lancar devant la fourgonnette de la caravane des Jeunes Pop qui sillonne les plages de l’été 2010… Je suppose que c’est rue de La Boétie au siège de l’UMP avant le départ. Il a l’air tout heureux – un rien benêt - avec son micro, sans doute la presse et les photographes ont-ils été convoqués pour ce grand moment historique. Il est bien le seul à sourire ! Frédéric Lefebvre le regarde mais difficile de déchiffrer son expression. Xavier Bertrand ne semble même pas écouter, il échange un regard avec une militante qui fera sans doute partie du voyage, le jeune Pop regarde la nana et quand à celui qui est à droite sur la photo – je ne le connais pas – il a l’air profondément accablé, du style «mais qu’est-ce que je fous là ?»… Service commandé.