Quand je pense au courage en politique, un nom me vient immédiatement à l’esprit : Malalaï JOYA.
Depuis que je l’ai vue à la télévision crier leurs quatre vérités à ses collègues parlementaires afghans, enturbannés, barbus, fagotés en véritables chefs de guerre qu’ils sont, je suis en admiration devant le cran pertinent de cette dame !
Débout, seule au milieu de ces machos, elle leur a parlé de peuple, de démocratie, de femmes soumises, d’enseignement, de corruption. Ils n’ont rien compris ! Tout ce qu’ils ont pu faire, c’est l’exclure de la tente où se tenait la folklorique « loya jirga », la Grande assemblée ou Grande réunion, le parlement afghan.
Ce petit bout de femme, élue députée en 2005 à l’âge de 27 ans, s’est vite et tôt imposée comme la porte-parole des afghans sans voix qui en ont assez des guerres, des luttes intestines, des interventions étrangères, des chefs guerre corrompus, de l’exploitation de la femme.
Exclue de la représentation nationale en 2007 pour avoir critiqué vertement ses collègues – « ils sont pires que des vaches et des ânes, ils sont comme des dragons» a-t-elle dit à la télévision - Malalaï Joya continue par d’autres moyens sa lutte pour l’instauration de la démocratie dans son pays.
Elle n’est pas le genre de militante alibi que les occidentaux aiment bien exhiber : elle ne passe pas sur les plateaux étrangers uniquement pour critiquer la situation dans son pays ! Quand elle intervient à l’étranger, elle n’utilise pas la langue de bois pour dénoncer les actes de la coalition internationale et son accointance avec les milieux maffieux de son pays, comme dans une déclaration faite en 2007 à Los Angeles :
« Le gouvernement américain a débarrassé l’Afghanistan du régime violent et ultra-réactionnaire des talibans mais plutôt que de se fier au peuple afghan, il nous a fait sauter de la marmite aux flammes et a choisi ses alliés parmi les criminels les plus retors et infâmes de l’Alliance du Nord. Une Alliance où grouillent les ennemis jurés de la démocratie et des droits de l’homme et dont les idées sont aussi noires, diaboliques et cruelles que celles des talibans.
Pendant que les médias de l’Occident parlent de démocratie et de la libération de l’Afghanistan, l’Amérique et ses alliés criminalisent notre pays blessé, en font une terre où sévissent les guerres tribales et où le pouvoir appartient aux propriétaires de champs de pavots ».
Ses critiques, elle les veut effectives, réelles, constructives, destinées à changer un pays en proie à un cauchemar sans fin depuis des décennies!
Pour en savoir plus sur le parcours assez exceptionnel de cette grande dame, il faut lire AU NOM DE MON PEUIPLE, publié en février 2010par les PRESSES DE LA CITE.
Dans ce document, que l’éditeur a l’honnêteté de préciser avoir été écrit en collaboration de Derrick O’Keefe, Malalaï JOYA raconte ses combats, ses peurs, ses espoirs et ses coups de gueule !
Il faut lire absolument ce livre qui raconte, sans fioriture ni complaisance, mais sans haine ni fanatisme, la lutte « d’une femme afghane contre les seigneurs de la guerre ».