Magazine Politique
La présidentielle 2012 est bien lancée et même à vive allure dès à présent. La bataille majeure pour l'effet d'entraînement idéologique est ouverte. Le choc entre Dominique de Villepin et Nicolas Sarkozy s'annonce frontal.
C'est une séquence temps importante qui s'est déroulée cette semaine.
Nicolas Sarkozy est revenu à ses fondamentaux sur le fond comme sur la méthode.
Sur la méthode, il a repris l'offensive : faire la météo ! Les orages grondaient (Woerth, chômage, déficits ...). Pas la peine de chercher des parapluies, il s'est engagé sur un autre terrain : la sécurité. Sur ce terrain, il a déployé les méthodes classiques :
- enquêtes sur des mesures chocs supposées novatrices car rompant avec le politiquement correct,
- annonces sur le terrain,
- publication de sondages montrant à l'opinion que cette dernière suit le Président "dans son audace".
Tout est bien huilé et fonctionne professionnellement.
Sur le fond, c'est la consécration de la France éclatée : les uns contre les autres. C'est le Président Politique qui brocarde le moindre opposant, qui oublie les enlisements de sa propre gestion mais qui se redresse dans l'adversité quasi-généralisée.
Il a débuté son mandat dans la ferveur, a trébuché sur la quasi-totalité des dossiers dont l'insécurité, a été sanctionné à chaque élection depuis mars 2008 mais fait toujours front dans l'adversité avec un aplomb qui mérite d'être salué.
Au même moment, face à cette offensive bien organisée, Villepin passe involontairement deux messages. Involontairement, car il n'est pas l'auteur des initiatives de communication. Il renouvelle sa carte à l'UMP et un grand hebdomadaire national expose les liens privilégiés qu'il entretiendrait avec les banlieues.
Dans le premier cas, Dominique de Villepin reste cohérent avec ses principes. Son Mouvement n'a jamais posé d'exclusive mais surtout il montre son attachement affectif à l'ensemble des militants UMP qu'il distingue de certains de leurs leaders. A ce stade, l'état major UMP veut placer l'ancien Premier Ministre dans une impasse : sans renouvellement de sa carte, il était diviseur. Avec le renouvellement, il deviendrait ... l'incertain.
Même logique pour les relations avec les banlieues. Tout d'abord, sur le fond, quel étonnement que de devoir s'expliquer sur des relations apaisées comme si désormais en France tout ne devait être que conflit. Ensuite, l'explication serait communautaire voire même électoraliste. Enfin, le facteur structurant serait la préférence donnée face à une autre communauté alors même que le discours du 19 juin était parfaitement équilibré en la matière et avait donné lieu à des applaudissements équitables. Sur ce point, il y a d'ailleurs un élément qui n'a pas été assez noté, c'est que la référence au droit à la sécurité d'Israël affirmé avec clarté n'a donné lieu à aucun sifflet en cette circonstance alors qu'il était proclamé avec force sans équivoque.
Derrière ces deux faits, l'approche est une : la France unie, rassemblée dans sa diversité reconnue, établie, perçue comme légitime et riche.
C'est probablement là le creuset du véritable affrontement culturel de 2012 : France éclatée ou France unie ?
En cette circonstance alors, il ne reviendra ni au pouvoir ni à un média de choisir la question posée mais aux Français dans leur ensemble.
Dans leur Histoire électorale, ils n'ont jamais donné la préférence à la division comme s'ils étaient alors à la fois les héritiers de toute l'histoire de leur Etat - nation mais aussi les consommateurs pragmatiques des recettes qui marchent dans l'intérêt de chacun.