Le 6 août 1945, le temps était clair au-dessus de la ville de Hiroshima.
Un projet, au nom de code projet Manhattan, avait été initié en 1942, trois ans avant la fin de guerre, mais moins de 7 mois après l'entrée en guerre des États-Unis.
Les bombes à l'uranium et au plutonium, développées en parallèle et en secret par les États-Unis (avec l'assistance du Royaume-Uni et du Canada, ainsi que de nombreux savants européens) étaient les deuxième et troisième engins à devoir être utilisés et sont restés les seuls déployés depuis cette date sur un théâtre d'opérations.
Le premier essai d'une bombe atomique eut lieu dans un désert du Nouveau-Mexique en juillet 1945, sur la base aérienne d'Alamogordo. C'était un modèle au plutonium, car les Étatsuniens avaient plus de doutes sur cette technologie que sur celle à l'uranium.
La décision de lancer les bombes sur le Japon fut prise par le président américain Harry S Truman à la fois pour satisfaire l'opinion publique en vengeant les soldats tués sur le front du Pacifique lors de la vicieuse attaque sur Pearl Harbor quatre ans plus tôt, à la fois pour réduire la durée de la guerre et éviter un débarquement sur l'archipel; afin de mettre aussi en place une stratégie pour contrer l'Union Soviétique et avoir une force de frappe dissuasive ou peut-être même encore pour justifier un programme dont le coût avait été exorbitant.
En mai 1945 se réunissent les principaux acteurs militaires et scientifiques du projet Manhattan. Ils discutèrent des inconvénients liés à un avertissement donné aux Japonais avant l'attaque. Ils craignaient que les Japonais ne déplaçent des prisonniers de guerre en direction des zones prévues pour le bombardement ou que les appareils soient abattus. Il se pouvait aussi que la bombe soit un fiasco avec une explosion incomplète. On proposa de faire exploser la bombe de nuit, sans avertissements, au-dessus de la baie de Tōkyō pour éviter les pertes humaines et choquer l'opinion. Cette idée fut rejetée : les Japonais avaient déjà prouvé leur combativité sans limite avec les kamikazes (les avions suicides) et il n'était pas sûr qu'une action sans destruction massive soit suffisante pour les déstabiliser.
Oppenheimer, le père des deux bombes atomiques, suggéra d'attaquer avec plusieurs bombes le même jour pour définitivement arrêter la guerre.
Quand le Japon fait savoir qu'il ignorera l'ultimatum de la déclaration de Potsdam, le sort en est jeté.
Seules quelques personnes sont au courant des ordres donnés par le président Truman. Le 21 juillet 1945, le président approuve le largage des bombes sur le Japon.
Hiroshima était un centre d'approvisionnement important et une base logistique pour les militaires nippons. La ville était un centre de communications, un lieu de stockage et de rassemblement pour les troupes. La population de Hiroshima fut mobilisée, comme d'autres cités japonaises, contre l'envahisseur américain : les femmes et les enfants apprenaient à se battre avec des bâtons et à supporter l'effort de guerre que ce soit dans les bureaux ou les usines.
Juste en face du port de la ville, sur l'île d'Okunoshima, était établie une usine de fabrication de gaz toxique affiliée au réseau d'unités de recherche de Shiro Ishii. Avec l'expansion de l'empire différents types d'armes chimiques y furent produites comme le gaz moutarde, l'ypérite, le lewisite et le cyanure. Ces gaz étaient notamment utilisés contre les soldats et les civils chinois ainsi que dans les expérimentations sur des humains.
Le B-29, baptisé Enola Gay du nom de la mère du pilote Paul Tibbets, était parti à 2h45 AM de l'île de Tinian. L'avion transportait avec lui la bombe Little Boy. Celle-ci fut armée en vol par le capitaine de marine William Parsons après le décollage.
Peu avant 8h15, Enola Gay arriva au-dessus de la ville. L'ordre de bombarder fut donné par Tibbets, le major Thomas Ferebee s'exécuta en visant le pont Aioi, reconaissable par sa forme en « T », celui-ci constituant un point de repère idéal au centre de la ville. Peu après 8h15, la bombe Little Boy sortit de la soute à une altitude de 9 450 m. À 8h16m2s, après environ 43 secondes de chute libre, activée par les capteurs d'altitude et ses radars, elle explosa à 580 mètres à la verticale de l'hôpital Shima, en plein cœur de l'agglomération, à 170 m au sud-est du pont visé, libérant une énergie équivalente à environ 15 000 tonnes de TNT.
Une énorme bulle de gaz incandescent de plus de 400 mètres de diamètre se forma en quelques fractions de secondes, émettant un puissant rayonnement thermique. En dessous, près de l'hypocentre, la température des surfaces exposées à ce rayonnement s'est élevée un bref instant, très superficiellement, autour de 4000°C..
Bob Lewis, le copilote d'Enola Gay, s'est écrié : « Mon Dieu, qu'avons-nous fait ? Même si je vis cent ans, je garderai à jamais ces quelques minutes à l'esprit. »
Quand Hiroshima ne répondit plus aux communications extérieures on envoya un soldat en mission et qui prit son envol en avion en direction du sud-ouest. Après trois heures de vol, son pilote et lui distinguèrent un immense nuage de fumée au-dessus de Hiroshima. Ils ne cessèrent de tourner autour de la ville dévastée, les deux membres à bord ne pouvaient croire ce qu'ils voyaient : des incendies à des kilomètres à la ronde, un épais nuage entourant la ville et plus que des ruines. L'avion atterrit au sud de la ville et l'officier prit des mesures après en avoir informé Tōkyō.
À Hiroshima, les secours tardaient à venir et nombreux furent ceux qui périrent durant les premières heures.
Quelques heures après l'explosion, le nuage atomique ayant atteint des zones plus froides et s'étant chargé d'humidité, la pluie se mit à tomber sur Hiroshima. Elle contenait des poussières radioactives et les cendres qui lui donnaient une teinte proche du noir, et a été de ce fait désignée par le terme de « black rain » dans la littérature anglo-saxonne.
Le bombardement de Hiroshima ne modifia en rien l'attitude de Hirohito et du gouvernement qui continuèrent d'ignorer l'ultimatum de Potsdam.
Interrogé sur la question de la responsabilité par rapport à la guerre et au bombardement de Hiroshima par un journaliste de Tōkyō le 31 octobre 1975,
Le nombre des victimes ne sera sans doute jamais connu car les circonstances rendent toute comptabilité exacte impossible, en particulier à cause des morts survenues dans les premières heures.
Et par orgueil le japon ne livrerais jamais cette statistique.
Aujourd'hui marque le 65ème anniversaire de ce pénible jour.