Et quand ma mémoire lasse (Ismaïl Kadaré)

Par Arbrealettres


Et quand ma mémoire lasse
Comme ces trams d’après minuit
Ne s’arrêtera plus qu’aux stations principales,
Je ne t’oublierai pas.

Je me rappellerai
Le soir tranquille, infini de tes yeux,
Le sanglot étouffé, tombé sur mon épaule
Comme une neige impossible à chasser.

Il fallut bien se séparer
Et je me suis éloigné de toi.
Rien d’extraordinaire,
Seulement, quelque nuit,
Les doigts de quelqu’un se mêleront à tes cheveux,
Mes doigts lointains, qui auront des kilomètres de long.

(Ismaïl Kadaré)

Illustration: Fanny Verne