No passaran ! La dérive d’extrême droite de Nicolas Sarkozy et de la meute de l’UM/Posture a de quoi flanquer la gerbe à tout citoyen démocrate. Tout ça n’ayant d’autre but que faire oublier l’amère potion des retraites, les affaires à répétition dont celle désormais nommée «Bettencourt-Woerth»… un ou plusieurs nouveaux boulets – aussi pesants, encombrants et difficiles à cacher que jadis ceux qui entravaient la marche des condamnés en route vers les galères de Marseille ! – risquant de gâcher les vacances d’Eric Woerth selon les dernières révélations de Libération Quand Woerth effaçait l’ardoise fiscale de la succession César… et Salle Pleyel et héritage Wildenstein, autres boulets… Wait and see : d’autres dossiers sortiront peut-être de derrière les fagots… Ces affaires matriochka n’en finissent pas d’éclairer le rôle du M. Parfait de la Sarkozie prévaricatrice.
J’ai d’autant plus de doute quant à cette tranquillité en apprenant que Frédéric Lefebvre – dont on connaît toute l’intelligente subtilité
Il a dû y ajouter le même article de National hebdo de février-mars 1999 - article résumant les propositions du FN en matière de délinquance - dont selon Samuel Laurent Délinquance, immigration : Sarkozy poursuit son virage à droite (Le Monde du 30 juillet 2010) se serait inspiré le rédacteur du discours musclé tenu par Nicolas Sarkozy à Grenoble le 30 juillet.
Je ne ferais pas injure à Henri Guaino de supposer un instant qu’il puisse être cette “plume” ! Je parierais bien plus volontiers sur Patrick Buisson – facho de chez facho et non repenti – conseiller es sondages qui défraya la chronique l’été dernier avec les fameux «sondages de l’Elysée», autre scandale ! Lequel aurait donné à Nicolas Sarkozy les clefs de la rhétorique susceptible de séduire les électeurs du F.N. Dire que c’est Ségolène Royal que ces vautours accusent de faire le jeu du parti des Le Pen !… Il y a vraiment des coups de pied au cul qui se perdent.
Où Samuel Laurent se trompe sans doute c’est en parlant de “virage”… C’est de mon avis une longue glissade sur la pente naturelle de Nicolas Sarkozy. Comment a-t-il fait pour donner si longtemps l’illusion d’être un authentique républicain, attaché à un corpus de valeurs ? Mystère et boules de gomme. Martine Aubry a tout à fait raison de dénoncer «une dérive antirépublicaine» (Le Figaro du 30 juillet 2010). De même que Patrick Weil – éminent spécialiste des politiques d’immigration - dans Le Monde du 2 août 2010 : “Sarkozy fait perdre à la droite républicaine ses valeurs”…
Tout ça pour de sordides calculs électoraux – comme il lança au début de l’année le funeste débat sur l’identité nationale en espérant ravir les voix du FN aux régionales de mars 2010, avec le résultat que l’on sait : le FN, en déconfiture après la présidentielle de 2007 y retrouva un second souffle, avec 20 % des voix. C’est que tout va de mal en pis (de vaches ? les producteurs de lait sont de nouveau prêts à en découdre avec les industriels de la filière qui ne respectent pas les accords tarifaires qu’ils ont pourtant signés… ce qui était bien évidemment hautement prévisible) dans la Maison Sarko.
Je ne peux que vous conseiller de lire l’analyse fort pertinente de Dominique Reygné - directeur général de la Fondation pour l’innovation politique et professeur à Sciences Po – parue dans Le Monde du 2 août 2010 “La droite menacée d’un séisme en 2012″… Cela fait fort longtemps que je pense et écris que l’UMP – longtemps machine à gagner les élections – exploserait en plein vol quand elle se transformerait en machine à perdre. Les centristes – qui l’ont rejointe pour la soupe - ne la lui serviront plus longtemps…
Il est maintenant notoire que Nicolas Sarkozy et son entourage élyséen redoutent comme la peste – «brune» ? – un 21 avril à l’envers : Sarkozy éliminé dès le 1er tour en 2012. D’où une nouvelle tournée de «gros rouge qui tache» pour tenter de rallier l’électorat frontiste.
Frédéric Lefebvre aura beau arborer des lunettes, pas de danger qu’il puisse passer pour un intello ! Il suffit qu’il ouvre son clapet à sarkonner pour démentir cette prétention.
Je lis sur l’Express que Frédéric Lefebvre fait de l’immigration un “problème majeur” (article du 5 août 2010) dont le sous-titre résume bien la “philosophie” du porte-parole de l’UMP : «En liant immigration et insécurité, le porte parole de l’UMP est fidèle à lui-même et à son rôle : séduire à droite. Voire à l’extrême droite» et que «Ce matin, c’est Frédéric Lefebvre, toujours à l’aise dans son rôle de dynamiteur, qui a fait le job, sur Europe 1, reprenant à son compte une terminologie qu’on croyait jusqu’à récemment réservée au Front national»…
Il aura beau se croire subtilement intelligent en énonçant cette nouvelle «perle» relevée par l’Express : “Il faut faire très attention parce qu’il y a une différence entre immigration, liens avec l’immigration, issus de l’immigration et étrangers”… j’y vois bien plutôt «ni vu ni connu, j’t’embrouille»… à l’aune des amalgames fait par Nicolas Sarkozy Discours sécuritaire de Sarkozy : «Amalgames» et «surenchère» qui «valident les idées de l’extrême droite» titrait 20 minutes le 2 août 2010, reprenant les critiques des éditorialistes.
Ainsi, Jacques Guyon dans La Charente Libre, note que «ce qui importe à Nicolas Sarkozy, c’est un deuxième bail à l’Elysée et, pour cela, tous les moyens semblent bons (…) même une politique qui oppose plus qu’elle ne rassemble» ou Patrick Le Hyaric dans l’Humanité «Comme à de sombres époques, il a désigné à la vindicte populaire un ennemi de l’intérieur : l’étranger. Etranger et donc coupable de tout (…) le chef de l’Etat crédite et valide les idées de l’extrême droite». Pour Bruno Dive (Sud-Ouest) «l’idée est claire : empêcher les électeurs qui avaient quitté Jean-Marie Le Pen en 2007 de revenir vers sa fille en 2012» alors que dans La Montagne Daniel Ruiz s’inquiète de «cette manière dangereuse d’effacer les frontières entre la droite et l’extrême droite que Nicolas Sarkozy légitime ainsi plutôt que de l’attaquer».
En a-t-il vraiment l’intention ? Il me semble que Philippe Waucampt dans Le Républicain lorrain n’est pas loin de la vérité quand il conclut «qu’il semble bien que Nicolas Sarkozy ait poussé jusqu’à son point extrême le discours que la droite classique est capable de tenir sur la sécurité. Et que, faute de résultats, se posera un jour ou l’autre la question de l’alliance avec un Front national».
Je crois hélas Nicolas Sarkozy capable de tout pour préserver ses chances d’un second bail à l’Elysée. De Machiavel – qu’il n’a sûrement pas lu – il n’aura retenu que «La fin justifie les moyens»… Les plus nauséabonds ne lui répugnant nullement. Ce mec pas fini étant totalement dénué de Surmoi et donc de conscience qui lui permettrait de distinguer le bien du mal.
Les incidents – assurément graves – de Grenoble et Saint-Aignan-sur-Cher lui auront servi de prétexte. Pour faire l’amalgame entre grand banditisme (Grenoble), petite délinquance et étrangers. Autre amalgame entre «gens du voyage» ou Roms et délinquance après la mise à sac de la calme petite ville du Loir-et-Cher. Seule réponse : traquer les Roms et démanteler les implantations sauvages. Sans se soucier du fait que la plupart du temps précisément ils installent leurs caravanes au petit bonheur la chance car nombre de communes n’ont pas satisfait à leur obligation – légale - de créer des emplacements pour les gens du voyage. Qui est “hors la loi” ?
Mais peu importe. Nicolas Sarkozy n’a qu’une idée en tête, et ce, depuis fort longtemps : renvoyer dans leurs pays – essentiellement Roumanie, Bulgarie et… Hongrie – ces étrangers dont manifestement il ne veut pas sur le territoire français… Nous devrions lui rappeler qu’il est lui-même fils d’un immigré, lequel a été bien content que le gouvernement français de l’époque ne le renvoyât pas dans sa Hongrie natale. Si l’on avait à l’époque voulu faire des amalgames, il eût été tout à fait possible de rappeler qu’un certain Esterhazy, officier de l’armée française – qui se prétendait issu de la célèbre famille noble de Hongrie – avait été accusé par le Colonel Piquard d’être l’auteur du “bordereau” qui fit condamner le capitaine Dreyfus…
A cet égard, il est piquant de savoir que Frédéric Lefebvre s’était fendu le 8 juillet 2010 dans France-soir d’un J’accuse - contre Médiapart et l’opposition s’agissant des attaques contre Eric Woerth dans l’affaire Bettencourt - dont il se plaindrait qu’il n’ait eu le retentissement qu’il lui semblait mériter. Franchement, il n’y avait pas de quoi ! Il se contente de reprendre toutes les sarkonneries d’usage – les fameux «éléments de langage» dont nous ont abreuvé ad nauseam tous les cadors de la meute. France-Soir n’est pas «L’Aurore» et Frédéric Lefebvre pourrait difficilement se mesurer à Emile Zola.
Peu chaut à Nicolas Sarkozy que les Roms qu’il veut reconduire dans leurs pays soient citoyens européens et donc libres de circuler dans l’espace de la Communauté européenne. Je reviendrais par ailleurs sur le problème de la légalité et de la conformité plus que problématique avec la Constitution de la plupart des propositions de Nicolas Sarkozy et des surenchères aussi aberrantes que monstrueuses sur le plan humain d’Hortefeux et Ciotti, notamment.
Nous ne sommes pas loin de toucher les bas-fonds d’où sortent des remugles que l’on croyait bannis de la vie politique française depuis l’Entre-deux-guerres et l’Occupation. Cela fait sinistrement froid dans le dos. Hélas ! trois fois hélas ! «Le ventre de la bête est toujours fécond»…
Je ne peux donc qu’être atterrée en parcourant tout à l’heure Google actualités à la lecture de ce titre du Monde Sécurité : soutien massif pour les mesures du gouvernement… Nicolas Sarkozy surfe sur la vague du chauvinisme raciste et xénophobe. Il y a 70 ans, une majorité plébiscitait Philippe Pétain considéré alors par eux comme le “sauveur de la France”, peu important l’armistice et surtout ! la Collaboration… certains s’y complurent même comme cochons dans leur bauge, illustrant à merveille l’aphorisme du poète René Char – résistant – dans les Feuillets d’Hypnos (écrits entre les coups de main contre les Allemands) qui fustigeait «cette race d’hommes toujours en avance sur leurs excréments».
Certes, peut très bien écrire Vincent Truffy sur Médiapart (le 5 août 2010) Sondage «sécurité»: la réponse est dans la question mais je pense qu’en l’occurrence l’argument technique – la manière dont sont posées les questions – ne constitue pas le vrai problème.
Force est d’admettre que les Français restent xénophobes et racistes dans une large majorité. La gauche qui avait pris déjà en 2001 une bonne raclée aux municipales n’avait rien compris au film, continuant de pécher par angélisme. Imputant la délinquance dans les banlieues aux seules conditions sociales et ne tenant nul compte de l’exaspération croissante de la population devant la montée des actes d’incivilité, la violence, les vols, les trafics, etc. Marianne eut beau, avant et après, consacrer plusieurs articles de fond à cette question, autant pisser dans un violon. Lionel Jospin paya lourd le tribut de cet aveuglement en disparaissant derrière Jean-Marie Le Pen au premier tour de l’élection présidentielle le 21 avril 2002.
Que Nicolas Sarkozy n’ait apporté aucune solution depuis 2002 – il fut quand même par deux fois ministre de l’Intérieur dans les gouvernements Raffarin et Villepin ! – est une vérité d’évidence et son bilan depuis 2007 est encore plus calamiteux. Mais apparemment cela ne suffit pas à crédibiliser davantage la gauche dans l’opinion publique.
Frédéric Lefebvre pouvait donc, avec la parfaite mauvaise foi et le toupet caractéristique de ceux qui “osent tout” attaquer bille en tête à l’antenne d’Europe 1 «le PS, quel culot !»… Défendant notamment projet de déchéance de la nationalité pour les auteurs de crime contre des représentants de l’ordre annoncé par Nicolas Sarkozy à Grenoble : «Oser, de la part du PS, critiquer la politique en matière de sécurité, quel culot !». Il fait grief à Elisabeth Guigou d’avoir abrogé en 1998 quand elle était Garde des Sceaux la possibilité de déchéance pour les crimes de droit commun - peine de prison supérieure à 5 ans (ancien alinéa 5 de l’article 98 du Code de la nationalité). Quelqu’un devrait rappeler à Frédéric Lefebvre que Nicolas Sarkozy s’opposa – à fort juste titre - au principe de la “double peine” : l’expulsion vers leur pays d’origine des étrangers condamnés à une peine de prison après qu’ils aient purgé leur peine. Disposition qu’il fit d’ailleurs abroger.
Frédéric Lefebvre a beau fonder toute sa démonstration, très légère au demeurant : style Café du Commerce d’un rade campagnard dominé par un Monsieur Homais particulièrement en verve et ne négligeant aucun à peu près : “La question des étrangers est un problème majeur dans notre pays. Chacun sait qu’il y a des liens entre délinquance et immigration. Ce n’est pas correct de le dire, mais c’est une réalité. Il y a quelque chose comme 10% des détenus qui sont étrangers. Quand on regarde les vols à la tire, c’est 50% d’étrangers. Il faut réfléchir à des solutions”.
Il tire ces chiffres du rapport de «L’observatoire national de la délinquance» organisme chargé de la publication des statistiques officielles sur le sujet, qui a produit en 2009 une fiche thématique détaillant “nombre de Français et d’étrangers mis en cause en 2008″ : «La part des étrangers s’élève à 11,9% du total, dont 13,3% dans les vols sans violence. A l’intérieur de cette dernière catégorie, la part des étrangers est de 47,6% pour les vols à la tire».
J’ai beau n’être pas du tout matheuse, je sais quand même calculer et appliquer une règle de trois. Or, si 13,3 % des étrangers sont impliqués dans les vols sans violence et qu’à l’intérieur de cette catégorie ils représentent un peu moins de 50 % de l’effectif, il s’en faudrait de beaucoup qu’ils soient responsables de 50 % des vols à la tire comme tente visiblement de le faire accroire Frédéric Lefebvre… Mais mentez, mentez, il en reste toujours quelque chose ! L’UM/Posture étant d’ailleurs à bonne école avec Nicolas Sarkozy pour qui les statistiques ne sont jamais qu’une “variable d’ajustement” de ses mensonges les plus éhontés.
L’opinion publique n’aura sans doute retenu que ces déclarations de Frédéric Lefebvre. Lors même qu’Alain Bauer – pourtant un proche de Nicolas Sarkozy ! – qui est l’auteur de ce rapport tempère les conclusions du porte-parole de l’UMP, faisant remarquer que «plus les faits sont graves, moins les étrangers sont impliqués» et précisant surtout que «si le pourcentage des étrangers détenus est plus important que dans l’ensemble de la population, c’est en raison de ceux qui le sont pour séjour irrégulier».
Or, il est évident pour qui suit attentivement la question des sans-papier que ceux-ci sont le plus souvent très “réglo” sur le plan du comportement vis à vis des lois pénales. D’abord pour éviter d’attirer l’attention sur eux, c’est déjà assez coton de passer entre les mailles du filet des contrôles d’identité perpétuels, ensuite parce qu’ils essaient – et réussissent le plus souvent – de s’intégrer du mieux possible à la population française, notamment par la scolarisation des enfants et la participation active à la vie associative locale.
Je n’ai jamais eu une vision angéliste des questions de sécurité urbaine. Je constate comme la plupart que la situation s’est considérablement aggravée depuis 2002 et qu’il faut donc parler d’un échec de Nicolas Sarkozy sur toute la ligne. Il vient d’envoyer Brice Hortefeux faire une fois de plus le zouave à Grenoble. Que l’on ne me dise pas que l’arrestation à grand spectacle – médias convoqués – de 4 supposés responsables des émeutes qui ont eu lieu à la cité de l’Arlequin n’était pas un prélude à cette visite. Fiasco lamentable : ils ont tous été libérés sans aucune mise en examen. Pur cinoche !
Que l’on soit de gauche ou de droite, il est bien entendu inadmissible que des armes – surtout de guerre ! – circulent dans les banlieues. Que les malfrats s’en servent contre les forces de police ou contre n’importe qui est tout autant inacceptable. Mais ce n’est pas avec la politique spectacle et tout en réduisant toujours un peu plus le nombre de policiers au nom d’économies absurdes que ce problème aussi grave que réel pourra être réglé. Bien au contraire.
Que Nicolas Sarkozy dote les forces de police de moyens suffisants et qu’elle la laisse travailler en paix, sans lui foutre constamment la pression à grands coups d’exigences ubuesques en la sommant (assommant ?) de «faire du chiffre». Point n’est besoin d’être grand clerc pour savoir que les policiers et gendarmes obtiennent les meilleurs résultats par un long et patient travail de fourmi.
Avant de lâcher les fauves de sa meute dans l’arène politique – avec l’ordre de déchiqueter les opposants à pleines dents - Nicolas Sarkozy devrait méditer cette citation connue – attribuée selon différentes sources à Kant, Voltaire ou Napoléon… on ne prête qu’aux riches ! – «Seigneur, préservez-moi de mes amis, mes ennemis je m’en charge».
Je lis en effet dans la Mare du Canard Enchaîné (21 juillet 2010) cette subtile sortie de Didier Barbelivien au sujet de l’affaire Bettencour-Woerth : «Je ne supporte pas quand on attaque Nicolas comme c’est le cas en ce moment. C’est insupportable - s’est-il écrié devant des ministres – tous ces connards de journalistes – c’est c’ui qui dit qu’y est ! - qui passent leur temps à le critiquer. Si je vais un jour sur le plateau du “Grand Journal” je mettrais tout de suite un coup de boule à Jean-Michel Aphatie»… Charmant ! Mais à quoi s’attendre de plus d’un chanteur si pérave ?