Inspiré par cette approche, Gjon Mili, photographe chez Life Magazine et désireux de troquer son appareil pour une caméra proposa à Granz de réaliser un film d’une dizaine de minutes sur le jazz, destiné à restituer sur pellicule l’intensité et la liberté des jam-sessions informelles. Si l’on peut discuter de l’effet qu’eurent le montage, le travail de la photographie et leurs contraintes sur l’authenticité de l’improvisation, le génie des interprètes (Barney Kessel, Jo Jones, Illinois Jacquet…) et les qualités esthétiques du film lui valurent une sélection pour l’Oscar du meilleur court métrage en 1944 et encouragèrent les deux hommes à réitérer l’expérience en 1950. Des problèmes de synchronisation empêchèrent le projet d’aboutir jusqu’en 1996 où une première version restaurée vit le jour, livrant aux admirateurs de Charlie Parker une des deux seules archives filmées que l’on conserve de lui (l’autre étant une session Métronome avec Dizzy Gillespie) et une preuve supplémentaire de sa grandeur : la sûreté de la technique s’efface devantl’originalité du son, la sophistication des inventions mélodiques est démentie par l’élégance de la facilité. Si l’on sait qu’il est accompagné
Norman Granz fut souvent critiqué pour son penchant pour l’aventure artistique, autant que pour le succès financier qui le récompensa. Ces images cherchent au contraire à rendre hommage à l’audace et au flair qui caractérisèrent la carrière d’un des personnages les plus audacieux du jazz du vingtième siècle.
Posted by John Saint Croix
Norman Granz presents Improvisation. Eagle Vision. 2 DVD All Zone, 182 minutes.