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Début du 3ème millénaire. Un américain, originaire de Washington...

Publié le 05 août 2010 par Fabrice @poirpom
Début du 3ème millénaire. Un américain, originaire de Washington...
Début du 3ème millénaire. Un américain, originaire de Washington...
Début du 3ème millénaire. Un américain, originaire de Washington...
Début du 3ème millénaire. Un américain, originaire de Washington...
Début du 3ème millénaire. Un américain, originaire de Washington...

Début du 3ème millénaire. Un américain, originaire de Washington D. C., donne des cours d’anglais à Rio de Janeiro à de jeunes loups de la finance. Comme tout fumiste donneur de leçons, cet américain à Rio ne fait pas grand chose de ces journées mais prétend le contraire lorsqu’on lui demande. Il n’hésite pas à geindre pathétiquement devant sa famille et ses amis. C’est vrai qu’il a parfois vingt-cinq copies à corriger avant le lundi suivant. 

Merci de verser une larme.

Dans le bahut où il enseigne, il a pour habitude de buller nonchalamment en salle des profs, étalé sur un canapé, en attente du cours suivant. Un jour, il fait mumuse avec une baballe. Rapidement lassé, il se dit que ce serait bien plus divertissant s’il avait deux baballes. Qu’à cela ne tienne, il s’empare du ruban adhésif payé par la boutique et décide de s’en servir pour fabriquer son deuxième joujou. Mais là, horreur: restriction budgétaire oblige, la larme de scotch qui traîne ne permettra pas de faire une vraie grosse bouboule.  Va falloir la jouer à l’économie. Mais notre américain à Rio, vif comme un caniche à sa mémère, se creuse les méninges sévère puis remue enfin la queue. Ça fleure bon le joujou. Il entoure sa baballe de ruban adhésif, ensuite il découpe délicatement cette seconde peau, reconstitue cette baballe en volume - mais creuse - et le tour est joué.

Respect.

Le tape art est né dans ses mains de fumiste.

Mais débauches, carnavals, paillettes et popotins de brésiliennes lessivent l’américain. Il rentre à sec et à pinces à Washington quelques mois plus tard.

Il est pas en bois, le mec. Un cul de brésilienne réveillerait un mort.

En 2003, après quelques mois d’autisme dans une chambre de bonne, l’américano de Rio sort de son trou qui sent le fauve. Il a bûché des mois durant. Il y croit dur à son art du scotch.

Washington D. C. d’abord. Puis New York et ailleurs ensuite. Il sème ses bidules. Il appelle ça le Storker Project (de stork : cygogne): une ribambelle de bambins translucides  qui pullule un peu partout. En parallèle des babinous, il installe des canards, des girafes, des chiens… Un zoo fait de ruban adhésif et de cellophane. Dans la foulée, il transforme certains parcmètres en sucettes géantes, les enrobant de plastique aux couleurs acidulées.

Plus récemment, ces installations de rues obligent le passant à faire un petit détour par la case mec-qui-a-la-tête-enfoncée-dans-le-mur. Ou par la case nana-empalée-sur-un-sens-interdit.

Au cours de l’une d’une de ses ballades, alors qu’il suspend naïvement quelques bébés bulles aux branches d’un arbre, il se fait prendre à partie par un sans abri, résident régulier de la zone prévue pour l’installation. L’amateur de Villageoise lui taille un méchant costard. L’américano de Rio reste cool et papote. L’enragé desserre lentement les dents. Les deux finissent par une poignée de mains et une tape dans le dos, franche et virile. L’artiste est sur le départ. Alors le mangeur de bitume lui balance une philosophie d’ivrogne du macadam dans les gencives.

Ne laisse jamais personne t’éloigner de ce que tu aimes.

Sur le coup, Mark Jenkins, l’américano de Rio, est calmé net.


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