D'ordinaire assez peu inspiré par les contemporains, je découvre (même si je le savais déjà) que beaucoup ont du talent! Je viens de finir un bouquin de Poppy Z. Brite, une américaine plus que talentueuse pour ce qui est de la littérature disons "gothique", et je rempile avec un auteur franco-brittanique (si j'ai bien compris) à la plume légère et qui sait conter des histoires. Premier bon point. Après tout, c'est ce que l'on demande à un écrivain: nous faire rêver.
Le space opéra (dit space op') n'est pas un genre facile car on tombe rapidement dans le ridicule ou la pâle copie d'un Star Wars vu et revu. Laurent Whale nous livre une histoire très plaisante, sur fond historique puisque le récit se déroule dans les Caraïbes durant la grande époque de la flibuste (1666). Le héros, Yoran Le Goff côtoye des pirates de renom tels que l'Olonnais (diantre, un vendéen!), Oexmelin (un pirate néerlandais qui écrivit sur la piraterie), Michel le basque... Mais Yoran, le breton, n'est pas Yoran! Et du même coup, malheureusement, il n'est pas non plus breton...
Plutôt bien documenté même si je n'ai pu trouver toutes les traces historiques, l'auteur livre une image plutôt réaliste de ce qu'on imagine être la vie des flibustiers (violence quotidienne). Autre bon point, Laurent Whale nous rappelle que les pirates n'attaquaient pas uniquement les navires, mais aussi les villes. Ici, c'est La Havane (Nau a-t-il pillé La Havane dans la réalité?), mais on sait que ce sanguinaire a dévasté une partie du littoral de l'Amérique centrale et du sud (Mexique et Nicaragua notamment)... comme son contemporain Henry Morgan, le gallois dont John Steinbeck a fait un super roman (la coupe d'or). On oublie trop souvent que le danger venait aussi de la mer, en Bretagne, comme partout ailleurs sur les côtes européennes (en Irlande notamment).
Au final, beaucoup de plaisir à lire ce livre surtout parce qu'il est bien écrit. Laurent Whale est assurément du côté des "gentils", la fin en témoigne. On reste
un peu sur notre fin (justement) cependant et au final, on se dit que la SF est un sacré prétexte pour utiliser un langage chartier et faire couler de l'encre pour le plaisir comme on boit
du tafia! Evasion assurée...