Pas question de ne pas signer l’appel à protester contre la xénophobie du gouvernement en place. Ignoble de montrer du doigt une partie de la population sous prétexte de la délinquance supposée de quelques-uns de ses membres. Il est donc indispensable et légitime de signer et manifester sa réprobation et son indignation.
Mais, il ne faudrait tout de même pas oublier que le déchainement sécuritaire auquel on assiste, a non seulement pour but de racoler les voix du FN, mais aussi et peut-être surtout de masquer un certain nombre d’affaires compromettantes qui, elles-mêmes, ne sont que le résultat de la dérive républicaine amorcée par le Président de la République et ses tristes lieutenants.Il ne s’agit que «d’une stratégie», d’un contrefeu qui a, c’est à espérer, peu de chance d’aboutir puisque la déchéance de la nationalité, par exemple, contreviendrait à l’article 1er de la Constitution.
Utilisée pour détourner l’attention, l’humiliation et l’amertume des personnes ainsi montrées du doigt n’en seront que plus grandes, c’est contre cette manipulation indigne qu’il faut aujourd’hui s’élever.
Nous n’en serions surement pas là si la séparation des pouvoirs n’avait pas été mise à sac et si les partis politiques avaient eu d’autres préoccupations que celle de se survivre à eux-mêmes, coûte que coûte, dans le seul intérêt de leurs leaders.
L’appel lancé par la Ligue des Droits de l’Homme se matérialisera le 4 septembre à Paris, mais surement aussi en province. A souhaiter que les démarcations partisanes y soient dépassées.
« Face à la xénophobie et à la politique du pilori : liberté, égalité, fraternité
Les plus hautes autorités de l’Etat ont fait le choix de jeter à la vindicte publique des catégories entières de population : Gens du voyage accusés comme les étrangers d’être des fauteurs de troubles, Français d’origine étrangère sur lesquels pèserait la menace d’être déchus de leur nationalité, parents d’enfants délinquants, etc.
Voici que le président de la République accrédite aussi les vieux mensonges d’une immigration coûteuse et assimilée à la délinquance, et offre ainsi à la stigmatisation des millions de personnes en raison de leur origine ou de leur situation sociale.
Ce qui est à l’œuvre dans cette démarche ne s’inscrit pas dans le débat légitime, dans une démocratie, sur la manière d’assurer la sûreté républicaine. Le nécessaire respect de l’ordre public n’a pas à être utilisé pour créer des distinctions entre les habitants de ce pays et désigner des boucs émissaires. Ni pour instituer des peines de prison automatiques, contraires aux principes fondamentaux du droit pénal, à l’indépendance de la justice et à l’individualisation des peines.
La Constitution de la France, République laïque, démocratique et sociale, assure « l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion ».
Nul, pas plus les élus de la nation que quiconque, n’a le droit de fouler au pied la Constitution et les principes les plus fondamentaux de la République.
Notre conscience nous interdit de nous taire et de laisser faire ce qui conduit à mettre en péril la paix civile.
Nous appelons à une manifestation le samedi 4 septembre 2010, place de la République à Paris, à 14h00, et partout en France, afin de fêter le 140e anniversaire d’une République que nous voulons plus que jamais, libre, égale et fraternelle.»
Signez la pétition en ligne à l’adresse suivante : http://nonalapolitiquedupilori.org/