05 août 2010
Oh, moi, tu sais, les chiffres...
Mais oui, alors justement ! Finissons-en avec la dictature du chiffre d'audience !
Bon, je vous l'ai déjà dit : je comprends rarement l'intérêt des audiences. Si une série fait une audience pourrie, ça ne va pas me la faire plus ou moins détester qu'avant. Et si ses audiences sont épatantes, je ne vais pas lui accorder tellement plus d'attention, rapport au fait que j'aurai 95% de chances d'avoir déjà testé le pilote de toute façon (ce serait intéressant de faire des stats sur le nombre de pilotes que je regarde chaque saison, tiens).
Mais bon, à tout prendre, si vraiment il faut parler d'audiences, pourquoi ne pas en parler d'une façon qui soit... parlante ?
Quand on me dit que telle série a été vue par 4 millions de personnes, ça ne me parle pas. Derrière ces 4 millions, il y a plein de questions : dans quel pays ? Sur quelle chaîne ? Selon ces deux facteurs, ces 4 millions peuvent aussi bien être une record incroyable qu'un épouvantable bide. Je suis censée connaître par cœur le nombre d'habitants aux États-Unis ? Ah, bon. Genre, vous, sans tricher, vous le savez...
Ces 4 millions, dans l'absolu, ça fait forcément beaucoup de monde... sauf quand après je m'aperçois que c'est un network dans un pays qui compte 309 millions d'habitants. Là tout de suite, c'est miteux. Et si c'est 4 millions sur une chaîne payante du câble, ça va quand même un peu mieux.
Regardez les audiences des fictions asiatiques : elles s'expriment en pourcentages. Et ça, ça me plaît, les pourcentages. Quand on me dit que 30% des spectateurs ont regardé tel épisode, que ce soit 30% de 309 millions ou 30% de 12 millions, c'est pareil, c'est 30%, c'est du solide, je sais si la population est intéressée ou pas. Ça ne résout peut-être pas la question de la chaîne, mais au moins, je vois quelle est l'exposition de la série, et le succès qui en découle. 30%, c'est un peu plus d'un tiers de la population, quel que soit le bout par lequel on le prend.
Du moins, c'est ce que me souffle mon cerveau peu enclin à faire des mathématiques.
J'y repensais en fait en lisant des infos sur la série danoise Krøniken (d'où la mignonne illustration champêtre ci-dessus). L'une des reviews sur IMDb en dit que 2,2 millions de danois ont regardé le pilote lors de sa diffusion en 2004. Instinctivement, je commence à me dire que ça fait beaucoup de bruit pour rien, cette affaire. Et puis, quelques mots plus tard, j'apprends que 2,2 millions de spectateurs... ça fait 40% de la population. Et là tout de suite, ça prend une autre tournure.
Concrètement, plus je fais de kilométrage téléphagique, plus le traitement des audiences devient un exercice périlleux. Je ne peux plus faire comme quand je ne regardais quasiment que des séries américaines et que je tombais sur des résultats d'audience (qui m'intéressaient déjà assez peu à l'époque) chiffrés en millions. L'absolu du million n'existe plus, chaque fois que je change de pays, 1 million vaut plus ou moins, c'est une monnaie qui se dévalue d'un pays à l'autre suivant la population. Le pourcentage s'impose comme la seule valeur dont le cours ne peut chuter.
Ça sert à rien, et je ne changerai pas le monde, et certainement pas l'internet téléphagique, mais sachez que je milite pour les audiences en pourcentages.