Stephen Crane, auteur américain célèbre de la fin du XIXe siècle, est en train de s’éteindre des suites de la tuberculose. Il n’a que vingt-huit ans. Cora, sa compagne, est déterminée à lui donner toutes ses chances et l’emmène de leur maison de campagne dans le Sussex vers une clinique allemande.
Ancienne gérante d’un bordel nommé Hotel de Dream, elle lui est aujourd’hui totalement dévouée et note, jour après jour, les lignes du dernier roman que Crane lui dicte, lorsque ses forces le lui permettent. Inspiré d’une rencontre de l’auteur avec un adolescent travesti, «Le Garçon maquillé», histoire d’amour destructrice entre un jeune prostitué et un banquier bien mis, s’élabore avec impudeur et fascination. Roman à l’intérieur du roman qui est découpé par la douloureuse extinction de l'écrivain.
Mythe ou réalité, ce dernier récit qui n’a jamais vu la publication est un excellent prétexte à découvrir qui était Stephen Crane, dont la célébrité en faisait un des auteurs les mieux payés de l’époque, et comment il interagissait avec ses contemporains comme Henry James ou Conrad. Hotel de Dream est une fiction extrêmement bien construite, qui pique notre intérêt sur le destin méconnu d’un romancier controversé.
On sent en tout cas la passion d’Edmund White pour son sujet : le milieu homosexuel new-yorkais à l’aube du XXe siècle, ce «Garçon maquillé», qu'il invente au nom de Crane, etc. et plus particulièrement pour cet auteur à la carrière aussi brève qu’intrigante, sachant que les biographies dont White s’est inspiré ont été réalisées par des historiens plutôt enclins à la fiction...