Curieux mélange que ce celui de vouloir mixer côte belge et influences brésiliennes. Et pourtant, Marc Fitoussi signe pour son deuxième film un mélange des genres audacieux et réussi. Il parvient même à offrir à Isabelle Huppert, glaciale dans ses dernières apparitions, un rôle enjoué et humain, qui parvient à rompre la glace. Copacabana, c’est un peu le vent chaud venu du plat pays.
Babou a une fille. Basiquement, ça résumerait l’histoire. Cette histoire de mère et fille aux relations distendues, pas franchement ennemies mais plus totalement amies. Dans tout ça règne une guerre des influences sans animosité réelle. La fille aimerait voir sa mère plus adulte, la mère avoir une fille moins sérieuse. Babou (Huppert) est une vraie babacool, ayant choisie de vivre sa vie aux quatre coins du monde, au gré des rencontres et des occasions. Jusqu’à atterrir en Belgique. A l’inverse, sa fille aimerait enfin un peu de stabilité, alors qu’elle a enfin des études et un compagnon. Dans tout ça, si Babou ne valide pas totalement la vie de sa fille, elle ne le déteste pas non plus.. Mais à deux vies différentes, l’entente ne peut être totale. Jusqu’à ce que Babou décide de tenter la vraie fille, avec un travail dans l’immobilier loin de ses conventions, mais qui pourrait lui redonner un peu de légitimité auprès de sa fille et ses amis…
Copacabana n’est pas un film sur la rédemption, ou l’absolution. Fitoussi (réalisateur, scénariste) nous raconte simplement une histoire de vie, celle d’une mère, d’une vraie, qui veut faire l’effort de se raccommoder avec sa fille, quitte à partir dans un premier temps loin d’elle. Celle d’une femme qui a toujours choisi de ne pas suivre le dogme de la société, de faire ce qu’elle veut, sans que ce soit à juger. Bref, une femme éprise de liberté qu’incarne à la perfection Huppert, dont on sent toute la fragilité d’avoir choisi une vie sans richesses mais sans obligations. Difficile alors de suivre sa fille qui veut mariage, études, etc… Si l’ensemble sert surtout à montrer (plus qu’à expliquer) qu’on peut tout faire, sans forcément choisir, Copacabana évite le piège du procès de tel ou tel attitude, mais permet de dresser un tableau tendre d’une famille à deux, et d’un amour inconditionnel. Finalement, mère et fille ne se détestent pas réellement. Et il fallait que le film se termine sur une bonne note!
La vraie bonne idée aura été de composer autour de ce duo dynamique une galerie de personnages secondaires très appréciés. C’est un vrai plaisir de retrouver quelques instants Luis Rego ou Noémie Lvovsky pour des apparitions rapides mais précises. Le cadre est beau, la Belgique a toujours son charme discret (et froid?), la musique vient du Brésil… On se croirait presque en vacances. Les aventures de Babou (dans l’immobilier, et sa fille, et ses amis SDF…) n’en auraient pas été plus belles dans un autre cadre. Dommage que les dernières minutes n’aient pas réellement le temps de défiler, la fin clôturant un récit qui demandait un peu moins d’empressement. Mais on voit partir Babou vers d’autres destinations, et on sait que quoiqu’il arrive, elle s’en sortira.