Mercredi 4 août, le New York Times, qui cite les conclusions d’un rapport des autorités américaines, a affirmé que les ¾ du pétrole qui s’est déversé dans le Golfe du Mexique suite à la rupture d’un puits du géant British Petroleum ont déjà été éliminés. Pour ce qui est du quart restant, quelques experts pensent que le pétrole se serait déposé dans les fonds marins, entrainant de graves séquelles pour l’écosystème maritime.
- Que sont devenus les litres de pétrole déversés ?
La quantité de pétrole déversée est seize fois plus importante que la marée noire de 1989, provoquée par le naufrage du pétrolier Exxon Valdez en Alaska. Au total, ce sont 780 millions de litres qui se sont répandus suite à la rupture du puits de BP le 20 avril 2010.Différents moyens ont permis d’éliminer les ¾ du pétrole déversé. Parmi ces quantités éliminées, 127 millions de litres ont été récupérés grâce à des incendies contrôlés ou des écumeurs et 30% du pétrole déversé se sont évaporés, selon l’expert pétrolier Jean-François Giannesi, du fait de températures élevées dans le Golfe du Mexique. Néanmoins, il reste toujours 26% du pétrole déversé dans les eaux du Golfe du Mexique. Les scientifiques restent optimistes et estiment qu’il se dispersera rapidement.
- L’opération « Static kill »
Le groupe pétrolier britannique a annoncé le succès de la première phase de l’opération « Static kill », pour colmater les fuites du puits Macondo MC252. L’objectif était d’injecter des boues de forage lourdes pour repousser le pétrole au fond du puits. Cette opération, effectuée 106 jours après l’explosion et le naufrage de la plateforme Deepwater Horizon, s’est déroulée sous pression à 1500 m de profondeur, et a duré plus de huit heures. »Le puits MC252 semble avoir atteint un état statique – ce qui est une étape significative », indique le groupe pétrolier britannique dans un communiqué du mercredi 4 août. Le gouvernement américain s’est réjoui de la nouvelle, même si les conséquences à long terme de cette catastrophe écologique seront graves. « La longue lutte pour arrêter la fuite et maîtriser le pétrole est près d’arriver à son terme. Et nous en sommes très contents. Nos opérations de dépollution, toutefois, vont continuer », a déclaré le président américain Barack Obama après l’annonce de la réussite de l’opération « static kill » par BP.La prochaine opération, baptisée « bottom kill » et prévue à la mi-août, se déroulera sous haute-surveillance. Ses résultats permettront de décider s’il faut procéder ou non à la mise en place de deux puits de secours pour intercepter le pétrole par en-dessous. A défaut, si des fuites sont constatées, les ingénieurs procéderont au cimentage du puits pour le boucher définitivement.
- Les conséquences de la catastrophe
En dépit du succès de l’opération colmatage, l’optimisme des scientifiques reste bien bas quant aux conséquences d’une telle catastrophe. En effet, même si les ¾ du pétrole déversé ont été éliminés, le quart restant demeure problématique : des traces microscopiques de pollution restent notamment présentes au fond de l’eau et sont toujours susceptibles de représenter un danger pour la vie sous-marine, a noté l’Agence océanique et atmosphérique américaine (NOAA). Les pêcheurs, qui participent aux opérations de sauvetage, font preuve, eux aussi, de scepticisme quant à l’amélioration de la situation. Randy Boggs, un capitaine de charter basé dans l’Alabama, affirme que « des bateaux partent encore tous les jours et trouvent des tortues couvertes de pétrole ». « Ils n’ont pas encore retrouvé tout le pétrole, c’est certain. Il y a des millions de kilos de boules de goudron et de pétrole dans le fond de l’océan », ajoute-t-il.
- Le prix à payer
L’enjeu est de taille pour BP puisque selon la loi américaine, si le groupe est reconnu coupable de négligence, il pourrait être contraint de payer de 1 100 dollars à 4 300 dollars d’amende par baril déversé et non récupéré. L’amende totale atteindrait alors les 17,6 milliards de dollars.Pour venir à bout de ses frais colossaux ( le groupe a enregistré une perte de 16,9 milliards de dollars (12,2 milliards d’euros) au deuxième trimestre 2010), le géant pétrolier a annoncé un accord portant sur la vente de ses actifs en Colombie pour un montant total de 1,9 milliard de dollars (1,45 milliard d’euros) à un consortium constitué par la compagnie pétrolière colombienne Ecopetrol et le groupe pétrolier canadien Talisman.La note reste néanmoins salée pour BP dont un des actionnaires, une filiale de la maison de commerce japonaise Mitsui and Co, a annoncé mercredi 4 août qu’il ne paierait pas les factures adressées par BP pour le coût de la marée noire dans le golfe du Mexique
- L’avis Sequovia
Une des leçons à retenir à l’avenir est l’avantage que les entreprises ont à tirer d’un bon respect des normes écologiques pour éviter que de tels ravages ne se produisent. En effet, si le géant BP avait un tant soit peu opter pour des conditions de production plus normées, il aurait pu garder son président, conserver sa réputation, et économiser des milliards de dollars, en plus de ne pas endommager tout un écosystème. Par ailleurs, un des enjeux que soulève cette catastrophe est la question de la consommation de pétrole toujours plus importante qui nécessite de forer de plus en plus profond pour trouver du pétrole de plus en rare.