Peut-on abandonner sa voiture individuelle? La fin de l'"homo automobilicus" est-il pour demain?
A propos du système de mobilités, que je décris sur ce blog, combinant voitures électriques autolib', taxis collectifs et cars rapides, autour d'un système de réservation 3G, un de mes lecteurs fidèles m'écrit:
"je ne suis pas convaincu : les automobilistes sont viscéralement attachés à "leur bagnole". Ils n'accepteront jamais de se débarrasser de leur petit cocon mobile".
Je vais tenter de répondre à cet légitime argument. D'abord, il faut préciser que cette révolution des transports ne se fera pas en un jour.
Elle se fera progressivement, et ne se développera rapidement que le jour où le maillage de transport 3G sera suffisamment important pour que l'intérêt d'avoir sa propre voiture personnelle s'estompe. Si on doit attendre un taxi collectif pendant une demi-heure, ou marcher 20 minutes pour trouver une station autolib', on garde sa voiture personnelle.
Il est donc important que la "mayonnaise prenne", c'est à dire que l'ensemble du système se développe, en même temps dans un territoire donné, en commençant d'abord par les centres-villes les plus saturés par la bagnole, les lieux où la possession d'une voiture personnelle devient chaque jour davantage un cauchemar.
Pour cela, il faut donc à la fois une volonté politique forte,mais aussi des outils juridiques, réglementaires et fiscaux préalables qui incitent fortement les automobilistes à changer de pratiques et poussent au développement économique du transport 3G.
Mais pour revenir à la question de mon lecteur, je lui répondrais que trois facteurs vont pousser à terme les automobilistes à changer de pratique:
-la difficulté de stationnement : elle coûte chère et est chronophage. L'utilisateur des transports 3G n'a pas ces soucis: les taxis collectifs et les voitures autolib' ont leurs places de stationnement réservés.
-l'immobilisation du capital que représente une voiture personnelle, et la dégradation constante de ce capital. Les ménages dépensent des sommes importantes pour posséder un véhicule qui se dégrade inévitablement. Cet "investissement" qui n'en est pas un disparaît pour l'utilisateur des transports 3G qui ne paie que l'usage.
-le souci et le coût de l'entretien d'un véhicule personnel, encore une fois chronophage et coûteux.
Certainement, une partie des automobilistes ont ce rapport personnel très fort, avec leur voiture. Ceux-ci auront du mal à se débarrasser de leur voiture, mais le système 3G ne concerne pas ces automobilistes-là. Il concerne plutôt tous ceux qui vivent la propriété d'une voiture aussi comme une contrainte. Si on leur propose un système de déplacement qui préserve leur liberté de mouvement, alors ils seront prêts à faire le pas de se débarrasser de leur voiture personnelle.