Au cœur de Saint-Germain-en-Laye, derrière le Temple et à quelques dizaines de mètres de l’accès au RER subsiste une vieille borne kilométrique. Nul n’y prête plus attention, car placée où elle l’est les directions indiquées sont trop vagues pour secourir un automobiliste égaré, d’ailleurs pourquoi lui porterait-il un seul regard à cette antiquité, en supposant qu’il la vît ? On ne consulte plus les vieilles cartes, on ne se fie plus aux anciens panneaux, à juste titre d’ailleurs car routes et immeubles chamboulant constamment les paysages urbains on a recours au GPS.
Pourtant elle reste là cette borne, comme un menhir contemporain dont on peut néanmoins encore comprendre l’utilité. Tant bien que mal elle tente encore de rendre service, la barre rouge attire les regards mais l’œil glisse dessus, aveugle et pressé. Et puis que signifie ce « Seine et Oise » qui en discrédite la compréhension ? Seuls les anciens se souviennent que ce fût un département jusqu’en 1968, date à laquelle la réorganisation territoriale éclatant la région parisienne donna naissance aux Yvelines (qui conservera le code 78 antérieurement attribué à la Seine et Oise), Essonne et Val d’Oise.
Jadis, j’ai l’impression de parler d’un siècle passé (Hé ! Oui, mon vieux nous avons changé de siècle il y a déjà une dizaine d’années !), ces bornes plantées le long des routes nationales nous guidaient vers des provinces de vacances, des promesses de soleil, de campagne ou de mer ; avec le Guide Michelin à portée de main dans la boîte à gants nous étions parés à toute éventualité.
Quand je passe, assez régulièrement, devant cette trace tangible du temps passé je ne peux m’empêcher de chantonner le succès de Charles Trenet « Nationale 7 » et ça me met du baume au cœur.