Faut-il euthanasier Georges Frêche ?

Publié le 05 août 2010 par Bravepatrie

Difficile, parfois, de distinguer entre sagesse, douce folie du troisième âge qui rend l’approche de la mort plus supportable et dangereuse sénilité criminogène. Qui n’a pas rit de bon cœur dans une sympathique émulation familiale lorsque pépé a sorti son Luger à la Cafétéria Casino en chantant « It’s a long way to Tipperary » ou « Aili, ailo, aila » ? A l’opposé, qui n’est pas sincèrement ému par le sort de Georges Frêche, en dépit de son passé trotsko-fasciste ? Faut-il persister dans l’acharnement thérapeutique ou laisser ce pauvre vieux partir simplement et dignement ?

Les médecins s’interrogent : la dernière saillie du Président de la région Languedoc-Roussillon est-elle la conséquence du naufrage de la vieillesse ou d’une overdose de crack ? Le vieux grabataire a pour délirant projet de faire ériger en plein centre de Montpellier, avant la fin de l’été, une dizaine de statues « des grands hommes du XX° siècle », dont des bronzes de Lénine et de Mao. Georges Frêche n’exclut pas qu’à l’avenir, Staline puisse également trouver sa place dans ce Panthéon pour le moins surprenant, et pourquoi pas Pol Pot.

Les indigènes sont médusés. Rappelons que Montpellier n’est pas une ville de Corée du Nord mais du sud de la France. Certes, la Province, c’est un peu le tiers-monde mais tout de même. Un fonctionnaire de la communauté d’agglomération de Montpellier s’inquiète au micro de la rédaction : « Nous avons d’abord cru qu’il s’agissait d’une blague. Puis nous avons émis l’hypothèse de l’alternative ludique au sac à crotte, invitation lancée aux montpelliérains de couvrir de déjections canines les figures de l’hydre communiste. Mais il n’en est rien : l’un de ces bronzes sera une représentation du Général, ce qui mettrait Georges Frêche hors-la-loi pour outrage à un symbole de la République ». Ne reste qu’une explication rationnelle : Georges Frêche a craqué et devient la démonstration vivante que l’âge de la retraite devrait être logiquement fixé à 72 ans.

A en croire Georges Frêche, tous les grands hommes auraient quelques cadavres dans leurs placards : « Vous en connaissez, des grands hommes qui n’ont pas des morts sur la conscience ? ». Admettons. Il n’en reste pas moins que les patriotes montpelliérains ne comprennent pas que la mémoire de Monsieur Frêche soit aussi sélective. Pourquoi ne seraient pas honorés d’autres grands hommes du XX° siècle que certaines associations bien-pensantes ont un peu rapidement cloué au pilori, oubliant, pour reprendre les termes de l’intéressé, que « les gens ont du mal à comprendre que lorsqu’on glorifie un homme, on glorifie les moments les plus importants ».

A commencer par l’auguste figure du Maréchal. Certes, ce grand homme du XX° siècle, inspiré par de mauvais conseillers, a deux ou trois morts sur la conscience dans sa période tardive mais il n’en reste pas moins le sauveur de la France à Verdun. Rien ne justifie que sa statue ne figure pas en bonne place dans la collection des idoles montpelliéraines, en hommage aux « moments les plus importants » de sa carrière de grand homme du XX° siècle, sinon les premiers effets de la maladie d’Alzheimer.

Les ravages de la vieillesse font peine à voir chez Georges Frêche, qui pourtant s’accroche à la vie comme une tique. Son exemple interroge nos consciences et nous inspire la pitié face à la déchéance d’un homme autrefois apprécié pour son franc-parler. Faut-il encore le laisser vivre, ou bien faut-il lui confisquer sa canne et le laisser sécher sur une plage de Palavas, dans la dignité et dans l’honneur, avant qu’il ne commette l’irréparable : l’érection d’une statue de François Mitterrand ?