Earthlings de Shaun Monson (Documentaire antispéciste)

Par Florian @punkonline

2005

Earthlings est un documentaire sur le comportement des humains envers les animaux. Il commence très fort avec la comparaison entre des élevages industriels de bétail et l'holocauste. Même s'il s'agit d'animaux, cette comparaison ne me parait pas disproportionnée. Pourquoi la valeur d'une vie d'un animal doit-elle être considérée comme insignifiante ? Quand on regarde dans de nombreuses civilisations, les animaux étaient/sont bien traités, certains même étaient sacrés ou le sont encore. C'est le cas de la vache en Inde, le chat en Égypte antique, etc. Même dans notre propre civilisation, au moyen-âge, les animaux étaient mieux traités qu'aujourd'hui. On les tuait, mais en abrégeant le plus possible les souffrances de l'animal, pour se nourrir et non pas pour produire, dogme problématique du productivisme. L'animal est devenu une valeur marchande comme une autre. Afin de répondre à un besoin créé de toutes pièces (celui de mangé beaucoup de viande), comme ont l'habitude de faire nos chers capitalistes. Il y a beaucoup plus de viande produite qu'il n'en faudrait, très vite, et cela, au détriment des souffrances de l'animal.

Le reportage s'est concentré sur les États-Unis, mais ce n'est pas le seul endroit ce qu'il raconte se passe.

Ce documentaire est divisé en cinq parties :

Partie 1 : Les animaux de compagnies

Le réalisateur est allé dans des arrières cours d'éleveurs, principalement de chiens, emprisonnés dans des cages disposées en batteries. Elles sont à peine plus grandes que l'animal. Des séquelles physique et psychologique ne sont pas rares dans ce genre de conditions.

Ensuite, les propriétaires d'animaux domestiques sont la cible de ce reportage. On peut distinguer chez eux deux comportements à risques : la non-castration de l'animal et l'abandon les causes d'une population de chien errant. Ces chiens errants sont traqués et récupérés dans des refuges. Mais pendant leur errance, certains meurent de faim, d'autres sont maltraités ou attrapent des maladies, bref ils souffrent. Ces animaux récupérés dans les refuges (comme la Société protectrice des animaux en France) peuvent trouver une famille d'accueil.

En revanche, les moins chanceux doivent faire face à la surpopulation de ces refuges ou à des maladies. Beaucoup d'entre eux sont alors euthanasiés. Il y a la méthode de la piqure, indolore et rapide, l'animal ne souffre pas. Mais pour des raisons financières, certains individus pratiquent autrement. Ils entassent les chiens dans des lieux clos et étroits où ceux-ci sont gazés et agonisent près d'une 20aine de minutes.

La comparaison avec l'holocauste n'était donc pas injustifiée pour moi.

Ce qui est montré dans le reportage est assez accablant. Je ne vais donc pas parler du chien errant dans une ville en Turquie, balancé dans un camion poubelle et broyé...

Partie 2 : Nourriture

Ce reportage dénonce principalement les activités des élevages industriels, des endroits où l'animal nait en tant que bien alimentaire. Il reste en captivité toute son existence. Par exemple, pour le cas de la vache laitière, bourrée aux antibiotiques, elle meurt bien plus vite qu'ailleurs (4 ans au lieu de 20 ans). Les cochons et les volailles quant à eux deviennent cannibales et grignotent ou picorent leurs semblables. Dans ces élevages, les infections sont courantes sans qu'elles soient soignées.

Différents traitements que l'on peut assimiler à de la torture sont infligés aux animaux comme le marquage au fer et la coupe des cornes des boeufs sans anesthésies ni hygiène, la taille des becs des poussins qui leur inflige des blessures internes, l'élevage en batterie dans des lieux clos où ils sont entassés (au moins durant l'holocauste les prisonniers voyaient le jour), etc.

Le pire est à venir avec les différentes méthodes d'abattage des animaux. Je ne vais pas les énumères, car il y en a tellement. Par contre, on remarque que l'animal souffre la plupart du temps. Alors qu'il doit arriver mort à un certain endroit de la chaine, l'animal continue à se débattre. La production de viande hallal n'est pas épargnée par ces comportements. Ce mot est pourtant synonyme de "plus grand standard de propreté". En effet, l'hygiène n'est pas au rendez-vous et surtout l'animal souffre toujours alors que les règles "requièrent une souffrance minimale".

Certaines méthodes d'abattage des volailles sont inédites. Par exemple, après avoir été propulsées violemment contre un mur, un boucher vient les piétiner pour terminer le travail ou il vient dans leur enclos et les matraquer. Quel beau métier...

Le réalisateur a donc pu pénétrer dans différents abattoirs des États-Unis et a tout filmé en caméra cachée. Ces abattoirs nient ce type de comportement, pourtant les images sont éloquentes.

La consommation d'animaux marins n'est pas plus irréprochable. La pêche industrielle raréfie les animaux (un autre documentaire en parle, We feed the world, cette fois en France à Concarneau). Les bateaux utilisent souvent la mer comme une poubelle, polluant ainsi l'eau. Cette pollution à générée l'apparition de micro-organisme telle la "Pfiesteria piscicida" une micro algue qui a tué des milliers de poissons aux États-Unis. Une des raisons de son apparition est due à notre consommation en masse d'animaux, en particulier le porc. Les déchets des porcheries coulent jusqu'aux points d'eau qui les amènent jusqu'à la mer.

La pêche à la baleine est aussi dénoncée avec images à l'appui. Malgré leur interdiction en 1985, certains pays continuent à pratiquer cette méthode barbare. Le documentaire parle aussi de la chasse aux dauphins au Japon, où entre octobre et mars dans deux petites villes de l'archipel des milliers d'entre eux sont massacrés. Ensuite, la viande de dauphin est vendue sous l'appellation "viande de baleine".

Partie 3 : Habillement

La plus grosse demande de cuir vient des États-Unis, du Royaume-Uni et de l'Allemagne. Ce cuir provient pour beaucoup de vaches de paysans d'Inde. Comme il est interdit de les abattre en Inde, ils les déplacent de façon brutale dans un pays voisin. Pendant ce trajet, différents actes barbares leur sont infligés. Elles sont dans un état épouvantable en arrivant à l'abattoir, si bien que la moitié des animaux sont déjà morts. Là-bas les animaux vivants sont abattus sous les yeux de leurs congénères et la mort n'est ni rapide ni indolore... Afin que les peaux ne se décomposent pas, des substances chimiques sont utilisées et causent des infections sur les personnes (NdR : sous-payés) qui les manipulent. Ce sont des animaux différents de ce qu'on mange qui sont utilisés juste pour nos vêtements.

Les fermes à fourrure sont aussi dans le collimateur de ce documentaire. Les animaux sont stockés dans des batteries en cage. Sauvages, ils deviennent fous en restant enfermés dans un espace réduit. Là encore, les blessures leurs blessures et infections ne sont pas soignées. Leur souffrance est complète puisqu'ils sont mal nourris et vivent dans des températures très basses. Leur mort est une fois de plus dramatique , car les méthodes les moins onéreuses sont utilisées : empoisonnement au monoxyde de carbone, suffocation, fracture du cou, électrocution anale, etc. Les animaux morts sont donnés en nourriture aux animaux en cage. Les images ont été tournées aux États-Unis et en Chine. Toujours pour la fourrure on assiste aussi à des massacres de phoques au Canada.

La dernière scène se passe dans un magasin, où une cliente demande le prix d'un manteau de fourrure. Réponse de l'employée : "Celui-ci coûte 49 500$" (NdR : connards de riches) ...

Partie 4 : Divertissement

Très prisé des beaufs américains, le rodéo inflige des tortures aux animaux. Ceux-ci son harcelé, leurs sangles sont trop serrées et dans l'agitation il n'est pas rare que des pattes soient fracturées. Dans cet exercice de et pour cons, il y a aussi le lancé de lasso qui étrangle l'animal en stoppant net sa course en enroulant sa gorge. Les courses absurdes avec des animaux sont aussi mentionnées (NdR : PMU jouez avec vos émotions), ainsi que la chasse et la pêche (NdR : connaissez-vous la différence entre un bon chasseur et un mauvais chasseur ?).

Le reportage casse aussi l'idée que les animaux du cirque exécutent leur spectacle pour une récompense. En fait, ils le font pour éviter une punition. En plus, ils sont souvent enfermés, enchainés ou dans une cages... On voit un bonhomme nous raconter que les animaux d'un cirque ne sont jamais frappés. Les images suivantes contredisent ce bonhomme. On voit des lions, des guépards et des éléphants frappés, causant parfois des blessures. Tant qu'il y aura des connards qui iront au cirque, et le zoo est également concerné, "pour faire plaisir aux enfants", des animaux seront arrachés à leur habitat d'origine, exploités et maltraités.

En guise de bouffée d'oxygène dans ce documentaire, il y a des images de représailles des animaux contre l'homme. Ca fait du bien de voir ça surtout avec toutes les séquences vues depuis le début de ce film. C'est beau de voir des hommes se faire piétinés par des éléphants, même si au final l'animal perd le duel en se faisant abattre...

La corrida contrairement aux autres divertissements animaliers, montre la souffrance de l'animal au public, d'où le nombre élevé d'opposants à ce jeu. Quand j'ai visionné ce film, la Catalogne venait d'interdire les corridas, cependant il ne faut pas espérer une interdiction de cette pratique, se généraliser tout de suite. Cette tradition de barbares est très populaire dans certaines régions. Beaucoup de grands anciens toréros témoignent que les taureaux sont affaiblis avec des tranquillisants, des laxatifs, des coups dans les reins et des poids pendus à leurs cous des semaines avant le combat.

Partie 5 : Science

Cette ultime partie dénonce l'utilisation des animaux pour la science qui ne sert pas à grand-chose. En effet, l'organisme des animaux réagira différemment entre l'homme et l'animal. Malgré les tests sur ce dernier, des tests sur l'Homme sont nécessaires... Les tests sur les animaux, en plus d'être source d'erreur, font perdre du temps.
Des traitements barbares à des fins "scientifiques" sont une nouvelle fois utilisée sur les animaux : électrochocs, opération sans anesthésie, brûlure, privation de nourriture et d'eau, torture physique et psychologique entrainant des désordres mentaux et des infections... Elle est belle la science !

Enfin, les militaires scientifiques sont aussi cons (voir plus parce qu'ils sont militaires) que les autres. Envoyer des singes dans l'espace, exposer des animaux à des explosions atomiques, exposer des singes à des radiations, etc.

En 2005, 19 000 animaux mouraient par minutes à la suite de "tests scientifiques", soit 10 milliards par an.


Ce documentaire est un brutal état des lieux du comportement de l'Homme sur l'animal. Les images sont brutes et choquantes. Elles interpellent le spectateur. En revanche, elles ne permettent pas la diffusion à grande échelle du reportage, et ce, malgré la narration de Joaquin Phoenix (acteur dans "La nuit nous appartient", "Hotel Rwanda", "Gladiator", etc.) et la musique de Moby.

Je ne deviendrais pas non plus végétarien après le visionnage. Je suis sensibilisé à ce discours, que j'approuve, depuis bien longtemps. En revanche, de telles images m'exaspèrent toujours autant.

Ce documentaire est à propager le plus possible. Le milieu de l'élevage industriel est opaque. S'il advenait un jour que de nombreux citoyens prennent conscience de ces agissements, les industriels devraient alors changer leurs méthodes ce qui sera une avancée.

Par contre, stopper le productivisme donc la consommation de masse ne pourra se faire qu'en changeant le système productiviste actuel par un autre qui réponde aux besoins et juste aux besoins...

Pour conclure, voici deux citations (la première est énoncée dans le film):

"Tant qu'il y aura des abattoirs, il y aura des champs de bataille" Léon Tolstoï.

"On reconnaît le degré de civilisation d'un peuple à la manière dont il traite ses animaux" Mohandas Karamchand Gandhi.

Voici le documentaire dans son intégralité :