Vieux, je le constate tous les jours en me rendant compte que la terre se fait toujours plus basse, comme ma vue, que mon tour de taille s’arrondit et que mes articulations se raidissent.
J’en me rends aussi compte parce que mes références commencent à dater. Je peux parler du débat Proudhon-Marx, de la révolution d’Octobre 1917, du Congrès de Tours et du Front Populaire, des quatre Internationales, des situationnistes,… Je peux raconter Mai 68, vécu à Paris, et la lente construction du PS depuis Epinay avant sa dégénérescence, la montée de l’écologie depuis la candidature de René Dumont aux Présidentielles de 1974… Bref, une “culture politique” à l’ancienne, mais les gens avec qui je peux échanger sur ces sujets se font de plus en plus rares, ces vieilleries n’intéressant plus guère…
J’ai connu l’époque où coller des affiches en période électorale était une occupation musclée et finissait souvent en baston, autant contre les gens du PCF que ceux d’Occident et ce qu’on soit d’extrême-gauche comme socialiste. Maintenant, les partis et leurs élus, professionnels, payent des colleurs professionnels…
J’ai vécu, même à distance, la chute du Mur de Berlin, la fin de la guerre froide et les espoirs fous qui ont sombré dans le consensus de Washington, avant de me réveiller face aux terroristes intégristes, musulmans ou ceux de la finance, ces derniers coûtant, au monde, beaucoup plus cher.
J’ai vu les français, qui riaient de Berlusconi, élire un quasi-escroc à 4 000 F/ jour de “frais de bouche” en liquide, qui va pourtant tranquillement jouir d’une retraite à 35 000 €/mois, puis le réélire avant de porter à la magistrature suprême un ploutocrate populiste aux ordre des nantis, prêt à démolir tout ce qui fonde la République pour se faire réélire, et je me dis, alors, que je suis, outre vieux, devenu con.
Con de ne pas accepter que la “communication” soit devenue l’alpha et l’oméga de la politique, con de ne plus supporter les apparitions d’un gnome démagogue et mauvais acteur à la télévision afin de masquer qu’il n’est que l’intendant des grosses fortunes, con de ne plus accepter les comportements de “groupies” envers l’un ou l’autres des hommes et femmes politiques, con d’attacher plus d’importance au fond qu’à la forme, con d’espérer un réveil des citoyennetés…. J’abrège pour ne pas lasser.
Certains avaient la tentation de Venise, moi il me vient par moments des tentations de Sahara.
Oui, vivement une prochaine nuit du 4 Août…
- Le vent tourne… BHL: “Les trois erreurs de Nicolas Sarkozy”. Le Monde. A l’inverse de BHL, je ne crois pas que ce soient des erreurs, mais une stratégie soigneusement réfléchie de reconquête des voix FN: de cyniques ignominies.
- “La succession César, une nouvelle affaire Woerth”. Rue 89.
- La police et les jeunes des quartiers: “Le contact avec la population est quasi inexistant et, surtout, n’intervient qu’à partir de contrôles ou d’actions où la contrainte le dispute à la soudaineté. Le reste du temps, la police est absente, c’est-à-dire invisible. Le résultat en est que l’image de la police est négative puisqu’elle n’intervient que pour surprendre et contraindre»”. MédiaPart. Et “La “politique du chiffre” semble, dans ses effets collatéraux sur l’activité des forces de sécurité, ne pas favoriser l’instauration d’un dialogue avec la population”. Selon un rapport officiel transmis au ministre Hortefeux.
- Le Canard Enchaîné d’hier en met une belle brouette (1/2 page) sur notreMaire, et confirme, au passage, ce que nous avancions sur ce blog quant à la mise en régie municipale des cantines scolaires.
- “L’UMP a acheté le mot-clé Bettencourt sur Google”, ainsi que “affaire Bettencourt”. Blog Les indiscrets. Le site de soutien à Eric Woerth arrive ainsi, dans les résultats, en lien commercial sur le portail français du célèbre moteur de recherche, afin de masquer les différents articles concernant la corruption d’Eric Woerth et de Nicolas Sarkozy dans l’affaire Bettencourt. L’UMP a également acheté les mots clés Woerth, Sécurité, Bouclier fiscal…”