La France est en guerre

Publié le 04 août 2010 par Laurelen
La France est en guerre. C'est notre président, Nicolas Sarkozy, qui l'a affirmé au cours d'une déclaration martiale, le 21 juillet : "C’est une véritable guerre" qui est engagée, avec à la clé "une lutte implacable". La mobilisation générale est donc décrétée. On va rappeler sous les drapeaux les réservistes. Ils n'auront pas l'Alsace et la Lorraine. Qu'un sang impur abreuve nos sillons. Ah ça ira. Tout ça.
Et à qui donc notre vaillant pays déclare-t-il la guerre ? Qui sont ces féroces soldats qui viennent mugir dans nos campagnes, égorger nos fils et nos compagnes ? A-t-on décidé de faire la guerre aux patrons voyous, aux multinationales, aux évadés fiscaux, aux responsables du chômage grandissant, ceux qui viennent jusque dans nos ville éventrer notre système économique, social, sociétal ? Non, ça attendra. Il y a plus urgent.
La guerre, elle est déclarée aux "gens du voyage". Aux roms, tziganes, et autres gars en caravanes. A l'origine, un fait divers. Un barrage de gendarmerie forcé, un gendarme grièvement blessé, le passager de la voiture forceuse tué par un autre gendarme, une émeute dans un bled tranquille du Loir-et-Cher... Les émeutiers, comme le passager tué, sont des "gens du voyage". Un fait-divers, une loi. Une loi, une guerre. En pleine affaire Woerth, rien de tel qu'une bonne guerre, contre une population clairement identifiée, pas en odeur de sainteté
La guerre... Ca sent bon le sable chaud et le sang frais. Ca sent aussi la poudre pour un gouvernement exsangue. Ca sent mauvais, surtout. Des remugles de Vichy, quand on parle de "déchoir de leur nationalité les Français d'origine étrangère". C'est quoi une origine étrangère ? A partir de quelle génération n'est-on plus de génération étrangère ? Tiens, à l'île de la Réunion, si on remonte un peu dans le temps, on est un peu tous d'origine étrangère. D'Inde, de Chine, d'Afrique... Et même les Bretons, les K/Bidy, les Poitevins (Hoarau and co), étaient-ils français en 1440 ? Peu importe puisque c'est la guerre. Armons nous donc. D'indulgence et de patience vis-à-vis d'un pouvoir qui perd la tête en même temps que le simple bon sens. Et qui devrait, quitte a s'en prendre aux gens du voyage, s'intéresser à ceux qui font leurs valises pour la Suisse. Des valises pleines de billets de banque. Mais, c'est bien connu, la Suisse est un pays neutre. En temps de guerre, ça sert.

François GILLET