Et bien voilà, Terminus, tout le monde descend. Non, non : ce tome 4 n’est pas le dernier de la saga des sept soleils (tenez vous bien, éh oui, il devrait y en avoir … 7 !) mais c’est celui qui me fait lâcher la rampe. Jusque là, je m’étais accroché aux bonnes idées, à quelques trouvailles intéressantes ou personnages sympa. Mais là, le coeur n’y est plus. Les retournements de situation sont par trop énormes que je ne peux plus y croire. Entrons tout de même un peu dans le détail…
Kevin Anderson enfonce le clou dans son usage excessif de personnages secondaires. Après la résurrection de Bénéto (qui aurait sincèrement mérité un meilleur traitement sur son ambivalence plante/souvenir humain), on a le droit à la montée en force d’Anton Colico d’un côté (scribouillard universitaire, perdu sur un monde quasi-désert et capable de prouesses de “survivor”) et Eldred Cain, le second de la Hanse (absent des tomes 1 et 2, au passage, et quasiment prêt à renverser le président Wenceslas dans ce tome). J’en passe mais je citerai quand même : Zahn’n, Sullivan Gold, Nikko Tylar et Orli Covitz… entre autres.
Pas moyen de voir où nous mène l’auteur. Lui doit avoir sa vision au long court, certes, et cela parait plus que nécessaire. Rendez-vous bien compte : on est sur les bases d’une saga en sept tomes de plus de 500 pages (format “bragelonne”) !
L’impression que j’en ai, malheureusement, c’est que l’auteur est obnubilé par des objectifs de “taille limite”. Soit, comment pondre ses sept tomes au nombre de caractères attendus.
Comment expliquer sinon qu’il ait attendu si longtemps avant de nous offrir avant la “révélation” des traitrises des robots Klikiss ? Rien qu’à l’évocation qui en avait été faite, tout lecteur savait que ce tournant allait survenir. Mais que de maladresses autour de cet usage ! Par nature, l’humain est parano ! Même dans un conflit aussi dantesque que cette lutte contre les hydrogues, aucun général (pas plus qu’un président de la Hanse) n’aurait confié aux comper-soldats le soin de mener la révolte. Pardon ? ah oui, la course contre le temps. Excusez moi, mais il m’a semblé que le principal intérêt des comper-soldats étaient de piloter des vaisseaux transformés en… vulgaires missiles. Les “informaticiens” et “chercheurs” du calibre de ceux qui oeuvrent sur les secrets des portails auraient peut-être pu les programmes, ces vaisseaux, non ? Ou alors, s’il est suffisant d’éperonner les orbes avec un réacteur dans le rouge, les humains comme les ildirans auraient pu se lancer dans la construction d’une flotte de cargos kamikazes.
Cette utilisation des robots kikliss (qui aura pris un paquet de chapitres, sans compter les longues tergiversations du roi Peter, de Basile et des chercheurs) m’a franchement mis mal à l’aise…. mais ce n’est pas le pire, à mon sens.
Que dire de cette rébellion ildirane ?
Alors que l’auteur met trois tomes à nous décrire la beauté de Mijistra et de son peuple, à nous vanter tous les mérites du thisme et de l’omniprésence du Mage Impérator, à nous expliquer que seul lui, au prix d’un héritage filiale et d’une opération (fort couteuse en terme de virilité, je concède), il balance tout ça en l’air pour nous décrire avec quelle facilité un félon peut non pas monter son propre thisme mais bel et bien gangréner le thisme officiel.
Mieux encore, avec le recours à une droge très pure (toute ressemblance avec l’Epice de Dune serait… ahem… certainement fortuite), Rusa’h s’empare de la volonté de plusieurs peuples et part en conquête de plusieurs mondes. Et tout cela sans trace de scrupules ou d’un quelconque sens de l’honneur qui paraissaient pourtant l’apanage de la noblesse ildirane. Autant dire que ce sous-récit (entre Rusa’h et Thor’h, Jora’h et Zahn’n) ébranle les fondements établis par 1500 pages et ne constitue in-fine qu’une large digression qui ne sert en rien le conflit contre les hydrogues.
Dois-je aussi évoquer le cas “Davlin Lotze” ? Le genre espion passe-partout, qui semble juste bon à fouiner discrètement et qui se révèle entre le tome 3 et ce tome 4, un super agent, béret d’argent, peur de rien ni de personne. En poste sur Crenna, il observe les reliquats de techno ildirane. Soudain, Basile l’envoie sur Rhiendic Co et il est soudain capable de comprendre le fonctionnement des transportails Klikiss, de survivre pendant plusieurs jours sur des mondes inconnus, de rentrer sur Terre faire son rapport (et ouvrir la colonisation via portail pour l’humanité), retourner sur Crenna pour assister au gel du soleil local lors d’une bataille hydrogues/faeros, de sauver les colons, d’organiser une évasion depuis un procès militaire sur une base militaire…. et je m’essouffle, mais pas lui !
D’autres points, bien entendu, mériteraient qu’on en cause ensemble : le retour sur scène de Maureen Fitzpatrick, ancienne présidente de la Hanse, le rôle de Celli, l’appel des Wentals à leurs vaisseaux (légère évocation de l’Yggdrasil de Dan Simmons, rien que ça), le possible usage à venir de Sullivan Gold et Orli Covitz.
Bon, tout ça fait que, au bout du compte, je n’y crois plus à cette saga.
Trop de choses sont frustrantes, trop de personnages nuisent à la lisibilité de l’histoire (surtout lorsque l’alternance des chapitres se font sur deux ou trois pages), trop de ficelles trop grosses (retrouvailles annoncées de Tasia et de son OfficierGentleman), trop de retournements de situation qui laissent pantois.
Je ne sais pas où va Kevin J Anderson, mais ça sera sans moi. Je me contenterais de prendre le pouls sur le web de cette saga des sept soleils.
Les autres billets sont là :
L’empire caché, Tome 1.
Une forêt d’étoiles, Tome 2.
Tempêtes sur l’Horizon, Tome 3.
A lire ailleurs sur le web :
en bien ici : sur le Galion des Etoiles.
en très proche de mon impression ici : la grande bibliothèque d’Anudar.