On souris volontiers à l’expression de leur amateurisme et aux efforts inouïs qu’ils déploient pour donner à leur entreprise un semblant de prestige: Les invités sont reçus dans une salle vide dont les portes sensées conduire aux bureaux des deux enquêteurs donnent en fait sur un mur. On prétend être en train de repeindre. On vaporise du parfum pour faire croire à la présence d’une secrétaire inexistante. Des prodiges d’invention vous dis-je. Tous ces efforts pour soutirer un maximum d’argent au client.
‘Autant que possible‘, telle est notre devise, très bien choisie par Borja à l’époque (pas très gaie) où nous étions scouts. Comme il dit, elle fait référence aussi bien à notre éthique professionnelle, car nous en avons une, qu’aux honoraires, toujours quelque peu excessifs, que nous essayons d’encaisser.
L’enquête aura lieu malgré tout. Elle produira toutefois des résultats imprévus, car, du simple adultère, on passera à quelque chose de beaucoup plus grave et nos deux compères seront aspirés par le malstrom des événements dont ils ne contrôlent pas le cours.
Un pur délice de lecture. À apporter avec soi en vacances ou en voyage… à Barcelone, par exemple. Les amoureux de cette ville reconnaîtront avec plaisir des lieux sans doute visités: l’avenue Diagonal, l’Eixample, La Plaça de Catalunya et le magasin Corte Inglés. Nos compères la sillonnent de long en large dans leur Smart de service et on se plaît à s’imaginer en leur compagnie dans ce périple au coeur de la capitale catalane.
L’humour de Teresa Solana rappelle un peu celui d’Eduardo Mendoza (un autre amant fervent de Barcelone) qui a mis sa ville en scène à travers les aventures d’un inspecteur fou à lier que son psychiatre ne sort de l’asile que le temps de ‘résoudre’ (le mot est peut-être excessif) des énigmes policières complètement tordues. Si vous ne le connaissez pas déjà, je vous suggère de commencer par Le mystère de la crypte ensorcelée et Le labyrinthe aux olives. Le coiffeur de ces dames, plus récent, est un peu moins réussi.
Ce roman de Teresa Solana (son premier) m’avait échappé à la parution. C’est le groupe de discussion littéraire Lisez l’Europe! qui m’a incité à le lire. Une rencontre autour de l’ouvrage et sous le thème ‘Lisez la Catalogne’ est d’ailleurs organisée à la librairie Olivieri le 9 juin. La discussion sera animée en français par Èric Viladrich i Castellanas, responsable du programme d’Études catalanes à l’Université de Montréal.
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SOLANA, Teresa. Des jumeaux presque parfaits. Paris: Actes Sud, 2009, 342 p. ISBN 9782742782482
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Ces Blogs ont également commenté le roman: Les chroniques de Mary Goodnight, Librairie Graffiti, Critiques libres
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- Dans le réseau des Bibliothèques de Montréal