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Wikipédia : propagation d'erreur entre projets, mode d'emploi

Publié le 04 août 2010 par Pierrotlechroniqueur

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/3/30/Virion.pngMode de propagation d'une fausse information (allégorie)

Wikipédia se veut, comme chacun le sait (ou pas), être une encyclopédie. Une des conséquences de cette volonté est l'exigence répétée de construire des articles étayés par des sources de qualité. Autrement dit, éviter au maximum de présenter des informations erronées (ou futiles) en fournissant au lecteur assez d'éléments pour qu'il puisse vérifier par lui-même que les faits ou données présentées ne relèvent pas de la fantaisie la plus naïve ou de la désinformation la plus totale. D'où l'interdiction formelle de ce qui est appelé "travail inédit" sur Wikipédia.

Cependant, force est de constater que Wikipédia n'est pas à l'abri de l'insertion et de la propagation d'informations au mieux légèrement erronées, au pire grossièrement fausses (avec ou sans but derrière). Les causes de l'erreur naïve (je ne parle pas des erreurs volontaires, qui sont clairement ce que l'on peut appeler des vandalismes) sont multiples : mauvaise interprétation de la source citée, mauvaise source, conflit d'édition supprimant une affirmation ou une négation, etc. Il convient de supposer la bonne foi. Par contre, les mécanismes de propagation entre projets wikimedia sont, en soit, intéressants.

Je vois trois sources essentielles de la propagation d'erreur :

  1. l'existence d'un interwiki (lien entre projets wikimedia) pour un sujet non admissible.
  2. le besoin d'un document spécifique pour illustration.
  3. la traduction.

L'existence d'un lien interwiki est souvent un argument soumis lors d'une demande de suppression de page pour la conservation d'icelle. Il ne tient pas souvent compte de son contenu et peut souvent se résumer à la pensée "j'existe donc je suis admissible". En opposition flagrante avec la notion de vérifiabilité exigée normalement sur Wikipédia. L'existence d'une page sur un projet dans une autre langue n'est en soit pas une preuve d'admissibilité : si l'équivalence était stricte, alors la non-existence d'une page dans une autre langue équivaudrait à la non-admissibilité. Fermons cette petite digression, et énonçons les problèmes posés :

  1. la sur-exposition d'un sujet par multiplication des pages liées, donnant ou visant à donner une importance non méritée (on pense évidemment aux "artistes", mais c'est loin d'être le seul cas). Aucun projet n'est épargné, ce qui ne doit pas rassurer. Sauf à considérer le chiffre comme essentiel.
  2. le biais "régionalo-linguistique" que l'on pense souvent lié à des petits projets (en taille). Les gros ne sont pas non plus épargnés, mais peuvent souvent tempérer ces biais en raison du nombre de locuteurs.

Deux raisons de re-vérifier la pertinence des informations présentées et de ne pas propager des erreurs par conviction idéologique ou par paresse. C'est là que peut se comprendre facilement la notion de "suspicion a priori" que semblent développer certains wikipédiens.

Deuxième voie de propagation d'erreur, l'insertion de documents faux ou biaisés par défaut. L'un des défauts (enfin, dans un sens) majeurs d'une encyclopédie, c'est son manque d'illustrations. Dans le cas de Wikipédia (et d'autres projets), ces dernières sont hébergées en grande majorité sur le le projet Commons, qui constitue une sorte de réservoir commun. Hélas, les "téléversements" (action du fait de mettre un document sur le site en question) ne sont pas soumis à de quelconques vérifications (hormis celles de bienséances et "légales"). Si des photos d'oiseaux baltiques par des Wikipédiens en goguette ne posent aucun problème, il n'en est pas de même pour des illustrations visant à étayer des visions particulières de tel ou tel sujet polémique. Il est évident qu'un document montrant une corrélation imaginaire entre tel ou tel défaut (réel, supposé ou considéré comme tel) et tel groupe d'une population doit être examiné sous toutes les coutures et dûment sourcé par des sources crédibles et sérieuses. Le Da Vinci Code n'est pas une source crédible et sérieuse (par exemple).

Comme pour le contenu de Wikipédia (et des autres projets ou de manière générale), la présence d'une page ou d'un document au sein d'un site internet n'est pas synonyme de crédibilité. Il est alors nécessaire pour le lecteur de poser un regard critique sur les contenus, et pour le rédacteur, de mettre en question la pertinence de l'illustration qu'il compte insérer (et on étend facilement cette notion à la présence de liens externes), et de ne pas le faire rapidement parce qu'il est pressé. Il ne faut pas oublier que Wikipédia, au vu de sa taille et de sa présence, est souvent considérée comme une référence et les "amateurs" de communication en tout genre ne l'oublient pas, dès qu'il s'agit de faire passer un message (au détriment de la neutralité de point de vue).

Troisième voie, et non la moindre, est la propagation d'erreur par traduction de pages. L'un des points forts des projets Wikimedia est l'existence de versions multilingues de nombreux projets. Bien qu'a priori, les sujets soient développés de manière indépendante, la facilité (et la collaboration) a vu l'émergence d'une classe ouverte de contributeurs, les traducteurs interprojets. Malheureusement, les traducteurs peuvent avoir un léger défaut : ne pas être spécialiste du domaine. Ou un gros : ne pas être bons du tout. Dans ces deux cas, le texte original n'est pas bien traduit, et s'il est traduit à nouveau ou pris comme référence pour un article tiers ... Et rien n'impose à la traduction d'être plus neutre que l'original par la magie du passage d'une langue à l'autre. L'idéal pour ce genre de travail reste donc le traducteur-spécialiste ou du moins soumettant rapidement son travail à approbation d'un contributeur connaisseur.

En fait, il en faut si peu pour (faire) dire n'importe quoi à des articles qui se veulent encyclopédiques ... Heureusement que des gens se sont attachés à la relecture des pages : on ne les remerciera jamais assez.

Image provenant de Commons (auteur : Y_tambe), sous licence GFDL + CC-by-sa.


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