C'est un film que le réalisateur avait déjà commencé bien avant "la zona; propriété privée" qui est sorti il y a deux ou trois ans. Ce film , "désert intérieur", m'a plongée , pendant toute sa durée, dans une tension étouffante
En 1926 , au Mexique , a commencé une guerre civile qui a duré trois ans ,entre les paysans très catholiques, les "Cristeros" et les troupes du gouvernement anti-clérical. Ces soldats arrivent au village d'Elias et celui-ci au lieu de se battre au côté des paysans , va chercher le prêtre afin qu'il assiste sa femme enceinte qui vient de tomber d'une échelle. Le fils aîné d'Elias va mourir au cours de cette bataille mais le bébé naît et porte le nom du mort , Aureliano. La mère meurt. Ce premier chapitre du film , "la faute" nous montre à la fin un Elias désespéré qui craint le châtiment de Dieu. Il se sent coupable de la mort de son fils et de celle des paysans tués dans la bataille.
Deuxième chapitre , "la pénitence", Elias a emmené sa famille -huit enfants- dans le désert où , pour mériter le pardon de Dieu , il entreprend de construire une église. Il enferme son petit dernier, de santé fragile, dans une caisse aux parois de verre; c'est lui , Aureliano, qui narre l'histoire et qui peint des scènes de leur vie , ex-voto qui décoreront l'église.. La solitude des enfants dans le désert leur pose des problèmes; Genaro , l'aîné, tente -en vain - de fuir vers la ville , il veut une femme... Et tous attendent un signe du ciel qui prouvera que Dieu a pardonné à Elias ; "le signe" est le troisième chapitre du film.
Mais ce" pardon n'arrive pas". Les enfants meurent ; seuls survivent Genaro et Aureliano (le premier et le dernier des enfants) et cela constitue le dernier chapitre du film.
Tout le film est traité dans des couleurs sombres , austères : des ocres , des bruns ..; elles accompagnent la descente aux enfers, la plongée dans la folie d'Elias qui s'obstine à espérer le pardon de Dieu .J'ai encore pensé à Arturo Ripstein pour l'enfermement , la voie vers la démence ; aussi à Bunuel pour le rapport à la religion..... Roberto Pla,un auteur qui , je pense, va compter dans le cinéma mexicain .