Dans le Discours de la méthodeDescartes écrivait : "Je ne me fie quasi jamais aux premières pensées qui me viennent". Lorsque j'ai lu les noms des ministres de Sarkozy pour la première fois, j'ai dit que ce ne sont pas eux qui vont décider c'est le président et ses conseillers. Sarkozy, je pense le connaître un peu mais je ne connaissais pas tous ses conseillers. Alors je suis allé chercher leurs biographies. Voici donc une petite présentation de ceux et celles qui "conseillent" notre président (la liste n'est pas exhaustive) :
Claude Gueant : secrétaire général de l'Elysée
Directeur général de la police nationale en 1994. Sarkozy le qualifie comme étant "le meilleur".
Henri Guaino : conseiller spécial du président
"la fracture sociale" c'était lui ! Mais avec l'actuel président, Monsieur Guaino est mieux inspiré. C'est de lui, par exemple, que viennent les références à Léon Blum et Jean Jaurés dans les discours de campagne de Sarkozy. Il est fort !
Raymond Soubie "ce doucet est un chat !" : conseiller du président aux dossiers sociaux
Monsieur Soubie mérite un blog entier à lui tout seul. C'est un ultra libéral, PDG d'Altedia (grande société de conseil en management et ressources humaines), spécialiste depuis plusieurs années des fusions, "restructurations" et privatisations d'entreprises. Il n'est pas très connu du grand public mais c'est lui qui était le conseiller de Juppé en 1995 quand celui-ci élaborait la "réforme" de la sécurité sociale. C'est lui le conseiller de Fillon en 2004 pour la "réforme" des retraites. C'est lui qui va faire avaler aux syndicats la remise en cause du droit de grève, le "contrat unique de travail", etc.
http://monde-moderne.blogspot.com/2007/03/faut-il-dire-adieu-au-cdi.html
Bref, c'est lui le spécialiste de la vaseline !
Arnold Munnich : conseiller à l'Elysée
Chef du service de génétique de l'hôpital Necker-Enfants malades, Monsieur Munnich déclare publiquement que l’orientation sexuelle, et la souffrance qui provoque un suicide ont plusieurs causes, dont une charge génétique. On comprend maintenant l'origine des propos de Sarkozy concernant les génes des pédophiles et des personnes suicidaires. http://monde-moderne.blogspot.com/2007/04/ridicule.html
N'oublions pas que Christian Estrosi (ancien ministre) et probablement à la tête d'un ministère après les législatives, avait déclaré que les "citoyens seraient mieux protégés si leurs données ADN étaient recueillies dès leur naissance". C'était en remplaçant Sarkozy lors d'une réunion des ministres européens de l'intérieur le 15 janvier 2007.
Jean-David Levitte : conseiller diplomatique du président
Ambassadeur de France à Washington entre 2002 et 2007. C'est lui qui va avoir la haute main sur tous les dossiers diplomatiques puisqu'il va présider le futur Conseil national de sécurité que le président Sarkozy veut créer sur le modèle de ce qui existe déjà aux Etats-Unis (National Security Council, the NSC). La seule différence c'est que le NSC s'occupe des questions de sécurité intérieure tandis que Conseil national de sécurité à la française s'occupera des affaires étrangères (pauvre Kouchner) :
http://www.lefigaro.fr/election-presidentielle-2007/20070515.FIG000000224_vers_un_conseil_de_securite_nationale_a_la_francaise.html
Eric Besson (l'ami d'aujourd'hui de Sarkozy) avait raison lorsqu'il l'a traité il y a quelques mois de "néo-conservateur américain à passeport français".
Franck Louvrier : conseiller en communication
Il travaille beaucoup avec Henri Guaino. Il est le spécialiste de la "conso politique" et des "post-tests" à l'UMP. Exemple (et ce n'est pas le seul) :
lors du débat sur la candidature de la Turquie à l’adhésion à l'Union européenne dans le cadre de la campagne pour le référendum sur la constitution européenne du 29 mai 2005. Nicolas Sarkozy s’était prononcé contre l’entrée de la Turquie. « Si nous n'avions pas fait ces études, constaté que la question turque était cruciale, le oui ne serait pas majoritaire dans notre propre camp », explique Franck Louvrier dans un article du quotidien Libération du 19 Mai 2005. Et dans un reportage diffusé sur canal+ il y a presque 2 ans, Nicolas Sarkozy confirme son recours aux post-tests et explique qu'il fait cela parce qu'il "veut travailler d'une manière professionnelle". En 1981, Mitterrand voulait abolir la peine de mort alors que la majorité des Français étaient contre cette abolition.
Catherine Pegard, Georges-Marc Benamou et Myriam Lévy : conseillers politiques et en communication à l'Elysée et à Matignon
C. Pégard est rédactrice en chef du magazine Le Point et a suivi la campagne présidentielle de Sarkozy pour son journal.
M. Lévy est journaliste au Figaro, elle a suivi aussi une campagne présidentielle mais celle de Ségolène Royal !
G-M Bennamou est journaliste à Nice-Matin (groupe Lagardère)
Concernant la nomination des journalistes comme conseillers à l'Elysée ou à Matignon, elle s'inscrit dans une vieille tradition française. François Jost (professeur en sciences de l'information à l'Université de Paris III) explique : "Il considère (Sarkozy) qu'il ne peut réussir qu'avec les médias et par les médias. Prendre un journaliste comme conseiller c'est aussi choisir un conseiller d'utilisation des médias... que M. Sarkozy sait déjà parfaitement utiliser".