Il s'agit d'un monument historique classé, donc inaliénable. Et c'est heureux car des pans entiers de l'Usine métallurgique de Fumel, créée en 1847, sont partis en fumée au gré de ses acheteurs successifs.
Tout était faste pour l'installation d'une fonderie par ici : le minerai de fer que l'on trouve un peu partout si on creuse et la tradition des moulinets le long de la Lémance, la présence de carrières de calcaire - ou castine - pour assurer le "fondant", la proximité des grandes forêts du Périgord puis la possibilité d'amener le charbon depuis Decazeville, via le Lot. L'activité de la fonderie consistait en la fabrication de cuves de chaudières, et de tuyaux, de plaques de fonte. Plus récemment, c'est de Fumel que proviennent les gros tuyaux du Centre Pompidou...
Ici, pendant la Grande Guerre, il y avait près de 3500 emplois dédiés à la fabrication d'obus....Aujourd'hui, il en reste un peu moins de 300, mais pour des productions techniques très spécialisées, l'automobile en particulier.
Cependant, l'immense terrain d'implantation de l'usine, aujourd'hui, est devenu une friche dont on ne sait pas trop que faire...Un environnement particulièrement "hard", qui recèle un joyau d'archéologie industrielle : l'un des deux seuls exemplaires d'une machine de Watt encore en fonctionnement en Europe. Une merveille technique qui fonctionna ici entre son installation en pièces détachées venues d'Ecosse en 1870 et 1954.
La "soufflante" alimentait en effet en vapeur sous pression un haut-fourneau tout proche, qui fut mis à bas dans les années 80. Et personne ou presque, depuis vingt ans que nous passons toutes nos vacances à Fumel, ne pouvait voir cette énorme bête rutilante et aux détails dorés, sculptés avec soin. Un symbole de la Révolution industrielle, bâtie selon le brevet de James Watt qui découvrit qu'il était possible de récupérer et recycler l'eau par une chambre de condensation et la réinjecter pour produire plus de vapeur à meilleur rendement.
La machine et le bâtiment qui fut construit autour d'elle sont superbes : on a l'impression d'entrer dans une cathédrale des temps modernes, et on admire les belles colonnes de soutènement d'ordre dorique, peintes en vert et soulignées d'or mat. Sur quatre niveaux, on peut admirer les énormes cylindres, les bielles et les manivelles, le gigantesque volant d'inertie, le fameux parallélogramme de Watt, les sifflets, les vannes, les registres restés là, en pile, derrière l'escalier.... Et elle est toujours prête à fonctionner. En ce moment, elle est en maintenance, mais on peut visiter par groupe de 15 personnes maximum en s'inscrivant à l'Office du Tourisme, chaque mercredi matin pendant l'été. Cela vaut vraiment le détour.
Un regret cependant : qu'il n'y ait pas, parmi les anciens ouvriers de la fonderie, une association de vétérans dédiée à la mémoire des activités si symboliques de la fonte de l'acier, qui fasse visiter ce haut lieu. Une jeune fille très documentée et charmante nous a expliqué tout ce qui concerne ces lieux, mais j'aurais bien aimé une description plus "vraie" comme ce qui se fait par exemple autour du puits de mine de Leuwarde. Et que le terrain soit un tant soit peu nettoyé, tout de même. On a vraiment l'impression que l'on accueille les visiteurs à contre-coeur.
Un court diaporama pour vous montrer la "Bête".....(en haut dans la colonne de droite)