Précisons d’emblée qu’un sondage sérieux doit respecter des critères, un procédure bien précise. Le sondage statistique est une discipline des sciences humaines qui ne doit rien au hasard ou au bricolage. Cela dit, outre le fait qu’ils n’ont rien de scientifique, les sondages des médias sont dangereux à plus d’un titre.
D’abord, ils contribuent à former, ou à déformer, l’opinion des lecteurs à partir de questions importantes dont la possibilité de réponse est pour la plupart du temps limitée à «oui» ou «non». Un raisonnement et une conclusion binaires qui me semblent beaucoup trop légers.
Ensuite, les votes ne proviennent pas d’échantillons statistiques représentatifs de la population, mais d’une population d’internautes-lecteurs plus ou moins concernés par la question. Les résultats sont donc souvent biaisés par la mobilisation des partisans du «oui» ou ceux du «non» à la question posée. Encore une fois, les résultats du sondage peuvent avoir une influence sur l’opinion du lecteur et dans ces circonstances, l’opinion est modulée au gré du taux d’informatisation et du militantisme informatique des partisans de telle ou telle opinion.
Enfin, il y a parfois des questions particulièrement mal posées. Il en est ainsi de la question de lundi dernier qui faisait suite à l’acceptation par les électeurs obwaldiens d’une flat tax ou impôt à taux unique: «Taux unique d’imposition pour les contribuables obwaldiens. Faut-il généraliser le taux d’imposition unique en Suisse?»
Un sondage dont les résultats n’ont d’ailleurs pas été publiés en raison de problèmes techniques.
Dans ce cas précis, une question se pose : qu’entendait-on par «taux unique» ?
La question n’est pas innocente pour celles et ceux qui se rappellent qu’en 2001 les vaudois et les vaudoises ont voté, et refusé, un taux unique d’impôts entre les communes. Il s’agissait alors d’uniformiser le pourcentage d’impôt communal par rapport à l’impôt cantonal. Ce n’était donc pas du tout une flat tax. La critique est donc : de quel type d’impôt unique parlait-on dans ce sondage ? S’agissait-il du taux d’impôt unique entre communes ou de la flat tax ?
À en juger par le score de 78% de personne favorables au «taux unique obwaldien», donc à une flat tax, contre 18 % défavorables, il y a gros à parier pour que la confusion entre flat tax et taux unique communal d’impôt ait eu lieu.
À moins que ce ne soit le 1,8% de la flat tax obwaldienne qui ait fait rêver les internautes. Taux d’impôt qui s’est imposé en votation populaire en même temps que la fermeture de l’hôpital cantonal d’Obwald. On ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre.