» Le point faible du e-business c’est la logistique » déclare un spécialiste du secteur.
Pierre Reboul et Dominique Xardel donne un éclairage sur la fonction logistique dans leur livre , le commerce électronique, techniques et enjeux. » La suppression d’un certain nombre d’intermédiaires, notamment les distributeurs (grossistes et détaillants) peut conduire dans un même mouvement à une baisse des prix finaux et à un accroissement du bénéfice net. Ce cercle vertueux ne fonctionnera toutefois que si l’on compense efficacement la valeur ajoutée de ces intermédiaires par des systèmes rodés qui permettront de satisfaire les clients sans augmenter les coûts « .
Ainsi, la vente directe implique que le dernier et seul intermédiaire qui demeure entre d’une part les producteurs vendant sur le Net et leurs clients et d’autre part les gros distributeurs et leurs clients est le logisticien. Ce qui donne à ce dernier un poids stratégique de la plus haute importance.
Les producteurs et les distributeurs du secteur du e-commerce sont prêts à payer très cher pour que la prestation logistique soit irréprochable et ceci, pour trois raisons :
Le logisticien auquel ils confient leurs colis devient par extension leur représentant auprès de leurs clients.
L’élimination des intermédiaires dégage des économies pour acheter une prestation logistique performante.
Sur le Net comme pour la VPC classique, le client paye une partie ou la totalité du transport.
La disparition des intermédiaires tels que grossistes et surtout détaillants a des incidences directes sur le transport, l’information, l’entreposage et les prestations logistiques associées comme le co-packing ou le comanufactoring.
Le transport et l’e-commerce
Les ventes directes du e-business vont modifier le plan de transport de la marchandise. Et même, si tous les producteurs ne vendront pas sur le Web, il est certain qu’il va y avoir dans ces prochaines années une redistribution des cartes au sein de la grande distribution. Ce seront les logisticiens qui disposeront de plus d’atouts maîtres.
Aujourd’hui
Le transporteur achemine les marchandises du producteur jusqu’à la centrale d’achat ou jusqu’au grossiste par palettes, par lots ou par camions complets. Ensuite, le même transporteur ou un confrère achemine les marchandises en plus petites quantités vers les points de vente au détail.
Demain
A l’image des prestations effectuées pour certains spécialistes de la VPC, le transporteur livrera directement les colis depuis le centre de production ou de stockage jusqu’au client.
Le développement d’Internet a déjà eu des incidences sur le monde du transport. Ainsi, le CA de la prestation courrier de Fedex (fedex.com) a diminué de 12% en raison de l’explosion de l’e-mail.
L’entreposage
Aujourd’hui
Certains producteurs s’appuient sur leurs intermédiaires logistiques pour assurer la prestation d’entreposage.
Demain
La disparition des intermédiaires entraînera l’élimination des stocks tampons en milieu de chaîne. Ces producteurs – vendeurs devront gérer leurs stocks et ils confieront, de plus en plus, cette tâche à des spécialistes de la logistique.
Les prestations annexes
Aujourd’hui
De nombreux producteurs et gros distributeurs expédient des palettes complètes. Ce qui, une fois la palette constituée, ne demande pas beaucoup de travail au niveau de la préparation de l’opération de transport c’est à dire renseignement des positions, édition et collage des étiquettes.
Demain
Les producteurs – vendeurs auront à constituer des colis contenant plusieurs articles pour un même destinataire. De plus, ils verront leur nombre d’expéditions multiplier par 5, 10, 100 ou 1000. De nouveau, il est probable qu’ils confient la préparation de commande, le co-packing et la préparation des expéditions à des spécialistes de la logistique.
Le transport d’information
Le logisticien devenant le seul et unique intermédiaire entre le producteur – vendeur ou le distributeur et l’acheteur, on peut aisément imaginer l’importance que revêt la qualité de l’information pour ces trois interlocuteurs.
L’information du côté vendeur
Il est essentiel que celui-ci sache en temps réel si la marchandise a été livrée et surtout si cette livraison est conforme. Ces informations lui sont indispensables pour être sûr que son client est satisfait.
L’information du côté logisticien
Il doit être performant, il a une obligation de résultat. Non seulement, il doit disposer rapidement de l’information pour pouvoir réagir vite mais en plus il a l’obligation de rendre compte à son client en temps réel. Le transporteur devra prendre rendez-vous avec le client à livrer par e-mail afin de convenir du jour et de l’heure de passage du chauffeur (exemple : mardi 18 août 1998 à 21h30).
L’information du côté client
Une fois l’ordre d’achat passé sur Internet, le client souhaite recevoir le plus tôt possible le produit qu’il vient d’acheter. Il suivra sur le site du vendeur l’évolution du traitement de sa commande (exemple : mise en production, tests, emballage, expédition et livraison).
Le logisticien va permettre de faire gagner ou perdre des parts de marchés. En effet, des opérations suivantes : prospection, vente, livraison, facturation, recouvrement, service après-vente seule la livraison ne peut être effectuée électroniquement. Tout retard, perte ou avarie se payera cash car il n’y aura pas moyen d’en diminuer l’effet : le destinataire sera mécontent.
La maîtrise de l’information comme apporteur de fret
Avec l’arrivée d’Internet, nous sommes entrés dans la société de l’information. Carlo Revelli déclare, dans son livre Intelligence Stratégique sur Internet que la révolution informationnelle nous conduit vers une société dominée par les échanges immatériels.
Échanges immatériels qui devront être véhiculés, gérés, stockés afin de » donner la bonne information, à la bonne personne, au bon moment pour qu’elle puisse prendre la bonne décision » dixit Mickael E. Porter. Cette citation interpelle obligatoirement le logisticien qui y retrouve beaucoup de la maxime affichée dans son bureau : » fournir le bon article, au bon endroit , au bon moment et au prix convenu « .
Afin de répondre aux besoins du e-business nous avons vu qu’il était essentiel d’être un professionnel du transport rapide, du stockage et des prestations associées et aussi de maîtriser l’information. Or, le plus important pour réussir dans ce nouveau créneau du e-commerce demeure la culture Internet. Il sera impossible de décrocher une prestation e-business si le logisticien ignore tout du e-commerce. De même, il est indispensable que les logisticiens prennent une part active au développement du e-business en intervenant dans les groupes de réflexion traitant du sujet afin de mieux connaître le concept, les acteurs, les besoins du marché mais aussi et surtout, apporter des idées, des conseils et des solutions.
Alain BORRI
extrait de Lognews info lire l’article complet