1117.- Hier soir je jouais au piano en short et tee-shirt technique avant de m'élancer pour un run de 10 km quand mon téléphone cassé mais encore fonctionnel a retenti. C'était Cédric qui était de passage à Paris pour une semaine et me proposait de grignoter une assiette sur le pouce dans le quartier des Halles. Nous nous sommes donnés rendez-vous au Père Fouettard, rue Pierre Lescot et fort heureusement le compère avait la même volonté de perdre un ou deux crans de ceinture avant la fin de l'été. Nous ne prîmes pas de vin mais j'optais pour un os à moëlle à déguster sur des tartines chaudes, un régal suivi d'une salade César. En face il avait pris un tartare agrémenté d'une salade verte qu'il avala en trente secondes montre en main. Bref, pas de quoi remplir son homme car il avait encore faim au sortir de cette collation. Paris est tout petit, nous avons eu le plaisir de croiser Youna et ses copines Florence et Flore(tte) en terrasse qui devisaient en prenant une binouze. Nous joignant à elles, j'ai bien accroché en parlant boutique et musique puisque l'une d'entre elles a deux pianos à queue chez elle et elle était surprise de savoir qu'il existait des pianos à queue numériques comme le mien.
Harpiste de formation, elle convenait avec moi que la musique est un formidable exutoire à toutes nos peines et notre agressivité latente, elle permet de restaurer notre calme. Pour moi le piano a toujours été le prolongement de mon âme. Triste, heureux ou en colère, du bout des doigts je jouais de manière différente. Après avoir arrêté plus de dix ans, j'ai repris par petites touches éparses. La semaine dernière, un copain m'a proposé de jouer pour un projet de collaboration artistique et je me suis remis un peu plus sérieusement. Mes parents vont bientôt fêter leur anniversaire de mariage et je jouerai quelques notes pour l'occasion. Une Etude de Chopin, un prélude de Bach, une sonate de Beethoven, rien de tel pour calmer les esprits et laisser planer un peu de mélancolie sur la campagne de Laboissière-en-Thelle. Selon les indications de Gosia, je pique chaque note pour qu'elle soit bien distincte et joue lentement pour maîtriser la régularité de chaque mesure. Pierrot dit que ce qui importe le plus, c'est le rythme, quel que soit le style de musique. Je suis plus classique, il est plus jazz mais il a raison, un morceau est tellement plus beau lorsque chaque note est à sa place tant au niveau de la clarté qu'au niveau du rythme. La plus belle des notes est la note bleue, celle qui accompagne le coucher du soleil lorsque la lumière rasante nous plonge dans un clair obscur propice à la méditation et à l'harmonie.
Evgeny Kissin joue Chopin Valse op. 64 n°2