Sarkozy, Grenoble.
Lundi 2 août, Nicolas Sarkozy recevait le président Pakistanais. Le Pakistan a longtemps été accusé de jouer un double jeu dans la lutte contre les Talibans en Afghanistan. Il est surtout une vieille connaissance du président français. Zardiri est l'un de ceux qui soupçonné d'avoir reçu des commissions lors de la vente de sous-marins français au Pakistan en 1994, quand Nicolas Sarkozy était ministre dy budget. Le jour même, le chef d'Al Qaida au Maghreb rappelait que la Sarkofrance avait refusé de négocier la libération de Michel Germaneau qu'elle détenait entre le Niger et le Mali.Al Qaida dément
Cela ressemble à une erreur, l'une de celles qui peut coûter la vie d'un otage. Et d'ailleurs, Michel Germaneau en est mort. On ne saura jamais la vérité sur son décès. Toujours est-il que deux versions s'affrontent. A l'Elysée, on a expliqué que l'otage français était retenu par des intégristes qui avaient décidé de refuser tout dialogue et programmé l'assassinat de Michel Germaneau. Cette thèse est difficilement compréhensible. Pourquoi conserver un prisonnier comme otage pendant 3 mois si ce n'est pour obtenir quelque chose ? L'échec de l'intervention militaire franco-mauritanienne laissait prévoir que la situation de Michel Germaneau allait s'aggraver. Quatre jours plus tard, son décès était annoncé. Depuis, le gouvernement Sarkozy se défausse. Le 26 juillet, Sarkozy explique que cette mort était «programmée». Son ministre de la Défense en rajoute : «On annonçait la mort de Michel Germaneau à travers un ultimatum [lancé le 11 juillet] sans qu'il y ait la moindre discussion. Nous n'avons jamais eu de revendications précises. Ils ont même refusé toute discussion pour permettre l'acheminement de médicaments dont Michel Germaneau avait besoin pour ses problèmes cardiaques.»
Lundi 2 août, une nouvelle déclaration du chef d'Al Qaida au Maghreb était diffusée sur Al-Jazira. Ce dernier dénonce: «Nous n'avons jamais eu de revendications précises», «Honte à la France et à son président, qui a lancé son raid alors que des négociations étaient en cours.» «Le président français a lancé une lâche opération alors que des négociations étaient en cours pour libérer Michel Germaneau.» En fait, ces propos faisaient partie de la même déclaration qui annonçait voici 8 jours le meurtre de Michel Germaneau. Bizarrement, ces nouveaux extraits n'ont été rendus publics que cette semaine. Si l'Elysée dément, un haut fonctionnaire, anonyme, aux Affaires Etrangères a bien confirmé que des négociations ont bien eu lieu, mais que les exigences de cette branche d'Al Qaida avait été refusées, à savoir la libération de Boualem Bensaîd et Smain Aït Belkacem, membres du GIA et condamnés à perpétuité pour les attentats à Paris entre 1995 et 1996.
Parole contre parole...
Zardari et Sarkozy
Lundi, Sarkozy recevait le président pakistanais. Officiellement, il s'agissait de discuter de la lutte anti-terroriste et de coopération militaire, notamment en Afghanistan. Officieusement, le président français espérait peut être solder quelques centrales au Pakistan. Cet Etat s'est doté de l'arme nucléaire sans que la communauté internationale n'y puisse grand chose. Sarkozy pouvait parler d'Afghanistan et de la lutte contre les Talibans. La semaine dernière, parmi les 91 000 documents militaires fuités par le site Wikileak concernant la guerre en Afghanistan, le rôle trouble du Pakistan apparaissait évident. Le président pakistanais a mis en garde l'Otan : les Occidentaux sont en passe de perdre la guerre contre les Talibans.
A son homologue pakistanais, Sarkozy pouvait surtout parler de cette affaire qui empoisonne ses coulisses, le Karachigate. Depuis mai 2002 et l'attentat qui coûta la vie à 14 personnes, dont 11 employés français de la DCN à Karachi, la piste d'Al Qaida a été remisée au placard. Le juge Trividic, qui a repris l'enquête, privilégie désormais une vengeance pakistanaise après l'interruption des versements de commissions occultes lors d'une vente de 3 sous-marins au Pakistan en novembre 1994. Le juge d'instruction soupçonne le camp Balladurien d'avoir touché en retour une partie de ces commissions afin de financer la campagne présidentielle du premier ministre d'alors, campagne dont Nicolas Sarkozy en était le directeur. Ce dernier, qui avait traité cette hypothèse de fable en juin 2009, est non seulement au courant, mais directement impliqué: des courriers d'anciens cadres de la société HEINE, la coquille offshore créée en 1995 pour le versement des bakchichs prévus au contrat de vente, adressés à Sarkozy ont été publiés; et la police luxembourgeoise accuse l'actuel président français d'avoir supervisé la création de la dite société HEINE quand il était ministre du Budget d'Edouard Balladur...
En 1994, Asif Ali Zardari, le président pakistanais actuel, sortait tout juste d'une affaire de corruption. Anciennement sénateur, puis même ministre dans le second gouvernement de son épouse, alors Premier ministre, Benazir Bhutto, il avait été arrêté en 1990, accusé d'avoir reçu des commissions de deux hommes pakistanais possédant des comptes en banque offshore. Libéré de prison en 1993, il s'est vu blanchi quand son épouse est redevenue Premier ministre. Entre 1999 et 2004, il est à nouveau emprisonné, sous inculpation de corruption et de meurtre. A nouveau blanchi, il a été élu président après l'assassinat de son épouse en 2007.
Le nom de Zardari est mentionné dans l'affaire du Karachigate. L'actuel président pakistanais est en effet suspecté d'avoir touché, lui et son réseau, quelques 49 millions d'euros lors de l'achat des 3 sous-marins français. L'un des intermédiaires retenus par le fabricant Thompson CSF était un homme d'affaires libanais, ami proche d'Asif Ali Zardari. En France, le réseau de cet homme d'affaires aurait financé la campagne d'Edouard Balladur, dirigée par Nicolas Sarkozy. Quelques 10 millions de francs (1,5 millions d'euros) avaient été versés en liquide (dont la moitié en billets de 500 francs) sur le compte de campagne de Balladur en avril 1995, quelques jours avant que l'intermédiaire libanais ne parvienne à céder son contrat de commissions à une banque espagnole.
Le président pakistanais a démenti, lundi, tout lien entre l'attentat de 2002 et la vente de sous-marins français. Cette réaction est sans surprise: «cet attentat n’a rien à voir avec le contrat des sous-marins sur lesquels travaillaient les victimes. (...) c’est un pur acte de terrorisme.» Et il précisa: «Quand ces événements sont intervenus, j’étais en prison. Je ne vois pas comment je pourrais avoir un lien avec cette affaire.» Zardari était sorti de prison en 1993. Il n'y retourna qu'en 1999.