Non ! C’est le feuilleton Bettencourt et Woerth qui avait terni ce début d’été.
Fallait-il arrêter le « massacre », dévier les énergies contestataires, développer des écrans de fumée protecteurs ? Certains grands stratèges le pensent, d’autres estiment que la prochaine présidentielle a été perdue en ce debut d’aout … ? Il est certain que le feuilleton s’éssouffle, même si Libération reproduit aujourd’hui des extraits d’une lettre signée d’Eric Woerth qui, “démontrerait sans ambiguïté” qu’il a fait peser tout le poids de sa fonction pour obtenir un dégrèvement fiscal” sur la succession du sculpteur César : Un sacré notaire ce Woerth !
Incendie éteint ou pas, c’est à Grenoble que le président, voulant redevenir maître du « jeu » et organisateur, même des polémiques, a fait donner les canadairs avec une annonce de menton péremptoire.
La phrase doit être reproduite in-extenso :
“La nationalité française doit pouvoir être retirée à toute personne d’origine étrangère qui aurait volontairement porté atteinte à la vie d’un policier, d’un militaire de la gendarmerie ou de toute autre personne dépositaire de l’autorité publique”
La parole est rendue à des constitutionnalistes, des juristes, des Badinter, des Weil etc.
Bien sûr l’incontournable Nadine Morano se précipite pour trouver des précédents chez Guigou … patatrac … Tout faux ! C’est chez Toubon …
Nous entrons maintenant dans la phase des bafouillages collectifs plus ou moins bien organisés qui essayent de faire perdre de vue l’essentiel. Il faut le rappeler.
La République ne peut se satisfaire d’un Loi qui ne serait pas identique pour tout ses ressortissants. Il ne peut y avoir deux catégories de Français, ceux que l’on pourrait déchoir de leur Nationalité et ceux qui seraient intouchables parce que sinon « apatrides » Tous les Français sont égaux devant la loi de la République quelle que soit leur origine. Il n’y a pas à faire des discriminations entre les Français au regard de mêmes crimes, de mêmes infractions, selon l’origine de la personne ou les modalités d’acquisition de la Nationalité. Notre peuple a le droit d’avoir aussi, en son sein, des criminels, des salopards, des gangsters … Que la République se préoccupe de les empêcher de nuire à la collectivité et à autrui plutôt que de se pencher sur leurs actes de naissance.
C’est tout ! Il n’y a rien à ajouter.
Ceux qui ajoutent retranchent, coupent les cheveux en quatre sont des falsificateurs ou approuvent sans oser le dire. Ils en ont parfaitement le droit, mais alors qu’ils l’affirment clairement sans employer des arguties alambiquées. Il y a des moments ainsi ou l’on doit choisir son camp.
En revanche sa “sortie” (Grenobloise) est consternante; elle va à l’encontre de ses propres propos quand il supprima la “double peine”. Il est peu crédible de penser qu’au fond de lui-même il soit philosophiquement d’accord avec une telle négation des valeurs de notre République.
Alors pourquoi ?
Pour reprendre simplement la main ? Pour capter un électorat versatile, un jour frontiste, un jour ailleurs ?
Si c’est de la “tactique”; elle n’est pas bonne et Marine Le Pen a déjà donné une réplique cinglante et rigolarde : ”Depuis 2007, Nicolas Sarkozy chante ‘en play-back’ la partition du Front national” Nous sommes vraiment partis, pour 2012, vers un 2002 à l’envers !
Enfin et plus largement, un Président de la République, digne de ce nom, doit dépenser toute son énergie à rassembler le plus possible et “unir”. Il n’a pas été élu pour rechercher et exacerber les divisions potentielles évidentes ou endormies : ceux qui travaillent et les autres, ceux qui sont des bons nationaux et les autres, ceux qui “méritent” et les autres etc. La société, la vie, se charge assez déjà de ces divisions.
S’il s’avère que cette posture relève de la tactique électorale; elle n’est pas digne et se révélera stérile.