D'abord l'histoire. Jake est un ancien Marine paraplégique. Il veut se prouver à lui-même et aux autres qu'il n'est pas bon à rien. Il s'engage alors comme mercenaire vers Pandora, une planète très éloignée de la Terre. Pour s'y rendre, il doit être cryogénisé, car le chemin pour Pandora est long. À son réveil, il apprend que son frère a été tué juste avant le départ.
Le rôle des mercenaires à Pandora est de sécuriser la zone d'un précieux minerai pour ensuite l'extraire en toute sécurité. Jake va prendre la place qu'aurait dû occuper son frère. Il va contrôler un clone d'un Être Na'vi, peuple autochtone de Pandora, façonné dans les laboratoires sur place et contrôlé mentalement par un humain. Le but est de pouvoir approcher à des fins scientifiques, mais surtout diplomatiques le peuple indigène Na'vi qui occupe le territoire du minerai que veut s'approprier la multinationale en charge de son extraction.
Jake doit officiellement accompagner des scientifiques sur le terrain. Officieusement, il doit également récupérer des informations sur les autochtones, car gênant pour l'entreprise qui veut s'accaparer le minerai.
Venu faire les gros bras au début, Jake devient au fil du temps fasciné par ce peuple qui vit en parfaite communion avec la nature. Il parvient même à être accepté comme membre à part entière de la communauté des Na'vi.
C'est alors que les mercenaires décident de passer à l'action grâce aux renseignements de Jake...
Les premières minutes sont difficiles à regarder. Les personnages sont caricaturaux, ça allait être selon mois un énième ersatz de film de science-fiction dans l'espace. Mais au final, le film s'avère plus profond que ça.
Écologie
Après avoir subi la partie "présentation des protagonistes", le héros découvre Pandora. Les décors sont magnifiques. Le monde de Pandora est une sorte de "jungle babylonesque". La faune est dense, extraordinairement belle et immense. Le peuple humanoïde Na'vi y vit en parfaite harmonie avec son environnement. Ils n'ont qu'une seule croyance : la nature. Cette mise en images de la flore est spectaculaire et a pour but de sensibiliser le spectateur à la beauté des éléments naturels et à les respecter.
L'écologie est un thème vendeur à Hollywood après "Le jour d'après", mais le film de Cameron est bien plus subtil et efficace. Ici, le héros ne représente pas le peuple américain qui finit par sauver le monde, mais un déserteur qui passe dans le camp ennemi des écologistes. Un héros, qui espérons le, représentera un jour les Américains.
Inspirations de fictions
Le film de Cameron s'inspire de nombreuses autres histoires :
- Une armée terrienne dans un monde futuriste a déjà été mise en scène par Paul Verhoeven dans Starship Troopers, qui était également un film critique sur la guerre.
- La relation entre Neytiri la fille du chef Na'vi qui sauve Jake en proie à des "loups de Pandora", puis à des guerriers Na'vi est ce qu'a fait Poncahontas de la tribu indigène Powhatans. Elle était également la fille du chef de sa tribu. Elle a sauvé John Smith un colon anglais que des guerriers Powhatans avaient capturé.
- Les elfes de Tolkien ont sans doute été une source d'inspiration. Ils ont comme les Na'vi une langue inédite et vive dans la forêt en respectant leur environnement.
- Je comparais enfin le côté mystique des Na'vi avec Princesse Monoke de Miasaky où la aussi la forêt se faisait agressée et avec Alien avec la présence de Sigourney Weaver au casting.
Mais les suggestions venant d'ailleurs ne concernent pas seulement des fictions. la critique politique y est très présente.
Critiques politiques
Avatar est une introspection sur les agissements de l'homme et particulièrement des Américains, puisque ce sont eux les méchants du film ainsi que dans la réalité en ayant participés aux pires atrocités d'après-guerre.
De nombreux éléments actuels ou passés sont ajoutés au récit. Voici ceux que j'ai notés :
- La colonisation de l'Amérique et l'appropriation des terres amérindiennes sont en toile de fond. Les Na'vi se battent avec des arcs et des flèches, ont des maquillages de guerres, des crêtes d'Iroquois et sont confrontés à une Amarna beaucoup mieux armée qu'eux.
- Le combat dans une jungle rappel la guerre du Viet Nam. De plus, les militaires utilisent des techniques similaires : bombardements massifs, utilisation de lance-flamme...
- Plus proche de nous maintenant, on peut également comparer les Na'vi aux peuples aborigènes de la forêt amazonienne, victimes de la déforestation causée par la volonté de multinationales qui avalent les arbres un à un avec d'énormes engins comme dans le film.
Enfin l'inspiration majeure et avouée par Cameron c'est la guerre en Irak :
- La déclaration de la guerre à un peuple pour lui prendre par la suite ses ressources naturelles et se faire énormément d'argent, au prix de nombreuses vies.
- La guerre en Irak est devenue une guerre non pas de marines, mais de mercenaires. En effet, de nombreuses forces militaires privées sont en poste en Irak et agissent de pair avec les États-Unis aux profits de multinationales. Dans Avatar, ce n'est pas l'armée, mais des mercenaires qui aident la multinationale à s'emparer du minerai.
- L'intervention américaine dans le fief de Sadam Hussein aurait dû être rapide. Aujourd'hui, elle n'est pas vraiment terminée puisque les forces américaines sont toujours présentes. Le Colonel Quaritch reprend cette idée de "blitzkrieg" au début de la bataille finale : "Faites ça vite j'aimerais être assez tôt pour diner ce soir".
Cameron critique aussi la toute puissance des actionnaires. Le représentant de la multinationale, qui dirige les opérations, choisit les intérêts des actionnaires "parce qu'ils ne seront pas contents " et fait fi de la survie du peuple Na'vi.
Enfin, plus subtile, une future guerre entre le Vénézuéla et les États-Unis est mentionnée. En effet, Jake est un ancien combattant de cette guerre. Actuellement le Vénézuéla est un des ennemis des États unis. Le pays dirigé par Chavez ne veut pas de l'hégémonie américaine en Amérique latine et critique le système capitaliste. En ce moment, de fortes tensions existent entre la Colombie, pantin des États-Unis, et le Vénézuéla. Ces deux pays voisins viennent de déployer leurs armées près de leurs frontières respectives.
Conclusion
Un gros blockbuster, visuellement incroyable et assez critique malgré tout. Mais est-ce que le spectateur qui s'est bourré de popcorn avec ses lunettes 3D va en retenir quelque chose ?
Sur le thème de l'écologie, voici quelques documentaires beaucoup moins spectaculaires, mais qui vont plus loin dans la critique : Fiction et documentaires écolos.