Le Monde a publié un excellent article de Dominique Reynié, professeur à Sciences Po, intitulé :
"La droite menacée d’un séisme en 2012"
Non seulement, l'auteur prévoit la défaite de la droite classique à la présidentielle de 2012 mais surtout, les effets dévastateurs qu'elle produira en son sein.
L'analyse du directeur général de la Fondation pour l'innovation politique, think thank de la droite libérale, repose sur deux points :
1 - La droite classique est structurellement fragile, son assise territoriale est si restreinte qu'elle risque d'ailleurs de perdre le Sénat en 2011:
«entre 1998 et 2010, la droite a perdu, en métropole, 744 cantons, 34 départements et 18 régions. (...) Même les élections législatives de 2007, pourtant situées dans le droit-fil de l'élection de Nicolas Sarkozy, se sont soldées par la disparition de 53 circonscriptions par rapport à la majorité sortante. Cela fait presque un millier de positions perdues. (...)»
Selon lui, toutes ces défaites locales constituent des pertes précieuses en termes d'élus, de collaborateurs, de militants, de relais auprès de la population, de moyens financiers, d'influence et de légitimité de l'UMP par rapport aux autres partis de droite, dont le FN.
2 - Le leadership de la droite classique est contestée:
Après la défaite de la droite classique en 2012, le FN de Marine Le Pen bénéficiera de :
- l'arrivée de la gauche au pouvoir qui radicalisera "automatiquement" une partie des électeurs, des militants et des élus de droite;
- la banalisation et la légitimation des idées frontistes pratiquée pendant plus d'un quinquennat par le sarkozisme; [1]
- les divisions internes de l'UMP qui risquent de l'affaiblir considérablement avec des départs au FN et la création d'un parti centriste de droite.
En 2012, la droite classique aura alors tout perdu, et bien plus sans doute : sa position dominante à droite.
La victoire du PS résultera plus d'un vote de rejet de la droite que d'adhésion. Ce constat sur le PS aurait mérité d'être étayé mais ce n'était pas l'objet de l'article.
Cette victoire annoncée rassurera ceux qui ont une âme de supporter, prêts à soutenir n'importe quel candidat portant l'étiquette du PS, en dépit d'un programme heu "réaliste", heu "pragmatique", "libéral" quoi... mais faut pas le dire ![2]
Donc un candidat labellisé PS qui...
- défendra mordicus l'Union européenne libérale du traité de Lisbonne en espérant recueillir à la Saint Glinglin quelques hypothétiques miettes sociales,
- soutiendra le FMI de DSK, notamment les mesures imposées en Grèce ou en Roumanie,
- qui conservera les destructions causées par la LOLF et la RGPP ainsi que les privatisations...
Un candidat PS qui n'aura dans sa besace que le care pour rosir son discours...[3]
Autant avouer que la victoire d'un tel candidat PS est sans doute plus souhaitable que celle d'un Sarkozy ou d'un De Villepin...
Mais, ce sera un vote par défaut, sans aucun espoir ni illusion... à moins que le candidat PS soit contraint de mettre beaucoup de vin rouge bio dans son petit rosé frelaté...
Aussi, il est essentiel que les candidats des Verts et du Front de gauche contestent l'hégémonie du candidat social-démocrate pour éviter le risque d'élire un Papandréou à la française.
Si un tel scénario se produit, la gauche court à l'échec, l'alternance reviendra la fois prochaine au parti dominant à droite, le FN...
Notes
[1] des pas perdus : le sarkozisme, avatar du Front national
[2] "Nouveau modèle économique, écologique et social" du PS
[3] Piratage(s) : Le parti socialiste se soigne au « care »