Tout pays a une part de mystère. C’est notamment celle-ci qui constitue son attrait. Étranger, on n’en fait jamais tout à fait le tour. N’empêche, découvrir cette affiche le long d’une route croate m’a interpellé ! Ante Gotovina, Héros ! Accessoirement sans doute, il est aussi en cours de procès au Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie pour violation des lois et coutume de la guerre et crimes contre l'humanité.
Ce n’est pas à moi de faire le procès de cet homme au passé sulfureux. Mais les accusations ne sont pas légères : persécutions pour des motifs d'ordre politique, racial et religieux, meurtre, déplacement forcé de population, et destructions sans motif de villes et villages. Il est ainsi poursuivi pour les meurtres sous son autorité d'au moins 150 civils serbes de Krajina, et particulièrement du meurtre d'une personne à Benkovac, de 30 personnes à Knin et d'une personne à Korenica. Il est aussi accusé de pillage et de destruction de bâtiments et d'habitations serbes dont le but aurait été d'empêcher tout retour des habitants serbes dans cette région.
On peut bien sûr comprendre qu’il soit considéré comme un héros par certains. Surtout dans sa région natale : nous logions à Pakoštane, là où Gotovina a lui-même passé son enfance. Il est de plus certain qu’il a contribué à « gagner » cette guerre qui a permis à la Croatie d’être aujourd’hui un pays libre, indépendant et démocratique. Toute la question est évidemment de savoir si pour atteindre cette indépendance, il fallait passer par ces exactions.
Comme disait l’autre, il n’y a guère de guerres qui en valent la peine. Certaines correspondent à des combats légitimes. Mais les vilenies qui les accompagnent leur enlèvent souvent toute crédibilité. Faut-il tuer pour être libre ?