MOON de Duncan Jones

Par Djswan23


MOON de Duncan Jones (Royaume-Uni / 2009)
Genre : Thriller / SF
Durée : 97mn
Acteurs : Sam Rockwell, Kevin Spacey, Kaya Scodelario, Matt Berry, Malcolm Stewart

Résumé : Sam Bell vit depuis plus de trois ans dans la station lunaire de Selene, où il gère l’extraction de l’hélium 3, seule solution à la crise de l’énergie sur Terre. Souffrant en silence de son isolement et de la distance le séparant de sa femme et de sa fille, il passe sont temps à imaginer leurs retrouvailles. Mais quelques semaines avant la fin de son contrat pour l’entreprise Lunar, Sam se met à voir et à entendre des choses étranges… D’abord convaincu que son isolement y est pour quelque chose, il se retrouve malgré tout à enquêter et découvre que si ses patrons ont prévu de le remplacer, ils n’ont jamais projeter de le ramener. A moins que ce soit la Lune qui ne souhaite pas le voir partir…

Avis : 8/10
N’a-t-on pas déjà fait ce voyage ? L’espace infini, une station lunaire, des couloirs immaculés, l’ouverture d’un sas, la voix de l’ordinateur central… au rythme de la musique lancinante de Clint Mansell, Moon renvoie ainsi aux incontournables explorations spatiales et cinématographiques, de 2001 à Outland en passant par Silent Running ou Solaris. Ce n’est pas la première fois que le spectateur y pose le pied et le regard, et le réalisateur Duncan Jones le sait très bien. Celui qui se cache derrière un pseudo et qui n’est autre que le fils de David Bowie s’est inspiré et nourri des films de science-fiction qui ont bercé son adolescence et son imaginaire. Un hommage ? Pas seulement, car le metteur en scène réussit à créer une impression de déjà-vu et de bien-être, qui fait que bientôt, le quotidien de cet employé pas comme les autres devient addictif, aussi répétitif que nécessaire. Chaque conversation avec GERTY, chaque sortie sur le sol lunaire, chaque hallucination de Sam Rockwell composent une ritournelle qui caresse, voire engourdit, les sens. De ce point de vue, la bande originale de Clint Mansell rappelle le travail de Cliff Martinez sur le Solaris de Soderbergh, en moins charnel et plus minéral.
Si Duncan Jones revisite les lieux communs du genre, il y ajoute toujours un détail qui fait la différence, et qui donne au film son originalité. L’ordinateur central qui parle avec la voix de Kevin Spacey et réagit en smiley n’est ainsi pas un clone de HAL, il ne se dressera jamais contre l’homme et, au contraire, l’aidera parfois alors qu’il ne devrait pas ou alors qu’on ne s’y attendait pas. La découverte du sol lunaire ne se fait pas avec étonnement et CGI mais avec mélancolie et maquettes. Enfin, Sam Rockwell n’hallucine pas, il est bien seul, face à lui-même. Moon n’a alors révélé que sa face visible, et il faut laisser le spectateur découvrir par lui-même, seul, sa face cachée.
Alors que le film pourrait s’effondrer sur lui-même, sous le poids des nombreuses références et de l’infiniment grand de son sujet, Duncan Jones choisit de rester à échelle humaine. Sam Rockwell ne souffre pas de Pandorum, ne se fait pas de shoot de soleil à la Sunshine, ni ne touche le monolithe de 2001. En racontant l’histoire d’un homme et non celle de l’humanité, Moon dévoile une simplicité et une modestie que l’on pensait oubliées dans le cinéma, et pour le coup, perdues dans l’espace. Un petit pas pour le cinéma et la SF, un grand pas pour Sam Rockwell et Duncan Jones.