L’innocence, l’horreur de la guerre, la prise de conscience, la honte, puis enfin, la Rédemption se succéderont dans le cœur du jeune Alfred Izuruha au fur et à mesure qu’il côtoie les membres du commando de Zeon, les accompagnant pour leur dernière mission, jusqu’aux portes de l’Enfer. (1)
Pour la première fois dans l’histoire de la saga Gundam à l’époque de la réalisation de cette OVA, les événements ne tournent pas autour d’Amuro Ray ou de Char Aznable. On y verra aucun newtype non plus, ni de batailles grandioses embrasant l’espace et où les victimes mourront par milliers, ni davantage de course-poursuite autour du monde. Pourtant, 0080 reste peut-être une des histoires les plus tragiques, les plus poignantes que Gundam ait inspiré…
On y retrouve les ingrédients « classiques » qui ont fait le succès de la franchise, ils sont juste orchestrés sur une mesure différente et d’un point de vue original, tous genres confondus : ici c’est un petit garçon, touchant de naïveté et dans lequel beaucoup de spectateurs se retrouveront, qui est aux premières loges et aussi le personnage principal. Autour de lui, le pilote de Zeon est cette fois un novice inexpérimenté qui n’a rien d’un as et celui de la Fédération une jeune femme pour qui le combat est encore théorique. Par l’intermédiaire du petit Alfred, ces deux-là apprendront à se connaître et à s’aimer mais il ne faut pas être devin pour comprendre de quelle manière les choses se finiront entre eux…
Alors que dans la plupart des mecha shows, le héros enchaîne les victoires et tue parfois des dizaines d’ennemis en un coup sans autre effet que d’emballer le spectateur, il n’y aura qu’une mort cette fois-ci et ce sera une tragédie qui donnera tout son sens à l’histoire. Car la réalisation n’est pas ici centrée sur l’action mais sur les personnages et leurs relations : celles qui unissent Alfred à chacun des deux pilotes sont présentées soigneusement, avec subtilité et sans séquences larmoyantes tapageuses dans le style des productions pour bofs comme on peut en voir sur certaines chaînes privées. On apprend à tenir à chacun d’eux, pour leurs forces et leurs faiblesses, leur humanité enfin, merveilleusement servie par les fabuleux designs d’un Mikimoto ici au sommet de sa gloire. On voudrait qu’il ne leur arrive rien, que tout se finisse bien, mais on est dans Gundam et on est pas venu pour rigoler…
0080 nous rappelle avec cruauté que la guerre n’est pas un jeu, que le gentil ne gagne pas toujours à la fin pour la simple et bonne raison qu’il n’y a pas de méchants, juste de simples humains avec leur conscience et leur sens du devoir… J’en oublie certainement quelques dizaines d’autres (rien que les membres des Cyclops par exemple, tous très bien cernés par de petites touches habiles et judicieusement disposées dans la narration), sans compter toutes celles que je n’ai pas vues parce-que, quand même, c’est dense.
C’est du Gundam, du vrai de vrai, qui fait pas rire et tape là où ça fait mal sans préambule, discours ou baratin. Une plongée dans la gueule de l’enfer dont on ne ressort pas entier… À voir, pour les aficionados comme pour les profanes : c’est juste un incontournable de la franchise comme du genre.
(1) merci à MSZ-006C1 pour le synopsis… ;]
Notes :
Mobile Suit Gundam 0080: War in the Pocket est la toute première OVA spin-off de Gundam 0079 qui fut produite. Réalisée pour commémorer le dixième anniversaire de la franchise, ce fut aussi la toute première réalisation Gundam qui n’a pas été écrite ni réalisée par Yoshiyuki Tomino : pour cette raison, ce fut aussi le tout premier titre de la franchise à ne pas présenter de newtypes.
Mobile Suit Gundam 0080: War in the Pocket, Fumihiko Takayama
Bandai Entertainment, 2009
6 épisodes, pas d’édition française à ce jour
- l’avis de Gemini
- la fiche de la série chez Gundam France
Cette chronique fut à l’origine publiée sur le site Animeka