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Sur une plage à la Bergman : divagation d’été

Publié le 02 août 2010 par Magda

Sur une plage à la Bergman : divagation d’été

Figure 1 : Magda à la plage (image du film « Monika » d’Ingmar Bergman)

Le mois d’août est à pleurer d’ennui. Pourquoi? Parce qu’en août, tout le monde se fout de tout. Il n’y a plus personne nulle part, ni sur les blogs, ni dans la rue, ni au resto (qui est fermé) ni dans les clubs (les DJ sont mauvais).

Les gens sont à la plage, serrés comme des sardines dans leur boîte en fer blanc, tentant vainement pendant quinze jours de « décompresser », de manière fort paradoxale, dans un lieu où l’oxygène vient à manquer sous les parasols et les couches de crème solaire.

Ou alors, ils sont sur Fessebouc. Ah oui, ca, c’est sûr, ils y sont. Tentez d’organiser une bouffe, et vous serez seul avec votre panier à pique-nique sur la pelouse du jardin du Luxembourg. Mais balancez des cupcakes et des bières virtuelles tous azimuts sur Fessebouc, et vous récolterez 34 amis dans la journée.*

Même le livre que je lis en ce moment (Myosotis de Duong Thu Huong) me rase. Mais c’est sans doute dû à une atmosphère générale et non au talent de l’auteur. Les films que je vois m’énervent. Hier, je vitupérais encore devant Le Petit Soldat de Godard, qui est truffé de références littéraires horripilantes.

Alors, finalement, je vais faire comme tout le monde. Je vais partir à la plage, na!

Sans livre, sans film, sans rien. Je vais me gaver de risotto à l’encre de seiche, je vais bouder mon blog et mes lecteurs qui me boudent déjà, je vais bouder la vie tout entière.

Alors la mort rappliquera ses fesses maigrelettes et me dira : « Tu veux peut-être faire un petit tour avec moi au bord de l’eau? Ce serait peut-être plus intéressant que de tourner en rond? »

Sur une plage à la Bergman : divagation d’été

Figure 2 : la mort rappliquant ses fesses maigrelettes sur la plage (image tirée du « Septième Sceau » d’Ingmar Bergman)

Je la regarderai bien droit dans les yeux, puis je lui répondrai : « Ecoute, ma vieille. La vie humaine ne veut rien dire, à moins de nager dans le courant. Je me bats, je me bats, et la vie est beaucoup plus balèze que moi. Pour UNE fois, j’ai décidé de faire comme tout le monde. Tu peux me laisser les 60 prochaines années pour tenter le coup? »

La mort ricanera et dira en posant sa faux sur le sable : « Si jamais, un jour, l’envie te reprend de nager contre le courant, tu sais que je suis au coin de la rue. Ok, Magda? »

« Bon, répondrai-je. Je suis au courant. En attendant, tu ne veux pas t’assoir un peu et me raconter des trucs de l’au-delà? Ce que sont devenus Gandhi, Martin Luther King, Marie Curie… »

Et la mort se mettra à bavarder. On commandera des cocktails, et on discutera jusqu’à l’aube de tous ces grands bonshommes du passé qu’elle faucha et qui sont devenus sa compagnie quotidienne.

Puis finalement, un peu ivre, elle reprendra sa faux, s’appuiera dessus en titubant et me tendra la main : « Toujours pas changé d’avis, Magda? »

« Non, miss Mort. »

« T’as raison. C’est pas mal, la vie. J’avais oublié ce que cela faisait de s’enivrer sur une plage en regardant le soleil se coucher. D’habitude, je n’ai pas le temps, le type se jette directement dans la flotte se noie avec des cris d’horreur, ce n’est pas tous les jours très fun. »

« Repasse me voir ».

« La prochaine fois, je viendrai sans ma faux », conclura la mort.

Et elle s’en ira gracieusement sous la lune.

Vive les vacances!



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