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Il faisait plus que chaud.
C'étais même irrespirable. Le type de chaleur qui fait hurler les fils électriques.
L'instructeur des Chouettes, l'équipe de soccer des petites de 7 ans (dont ma fille, Punkee), avait pris le soin d'apporter une bouteille en spray où elle pouvait à sa guise lancer de l'eau aux petites chouettes qui s'épivardaient sur le terrain. Il a bien fallu qu'elle se batte avec l'arbitre, comme à chaque match, afin de s'assurer que l'instructeur pouvait être sur le terrain avec les petites ("Oui, c'est la dernière année avant que les coachs ne soient plus sur le terrain! on a le droit!" martèle-t-elle à chaque match) mais elle a réussi.
Elle est excellente avec les petites.
Ce match c'était contre les Jonquilles. Les puissantes Jonquilles. Les dévastatrices Jonquilles. N'ont jamais connu un match en bas de 6 buts pour. Les Chouettes n'ont pas un vilain club, zont gagné ou annulé leurs 5 premiers matchs mais voilà que leur deux derniers furent des défaites. Contre les Jonquilles donc...peu d'espoir pour une relance.
Toutefois, oh surprise, la première demie est toute à nous (Les Chouettes). L'extrême chaleur suffocante a gardé plusieurs petite filles à la maison ce soir-là si bien que ma fille sera sur le terrain pratiquement tout le match.
Ma fille a l'avantage d'avoir eu un grand frère qu'elle a suivi pendant 4 ans sur les lignes de côtés en bottant le ballon avec papa quand elle ne choisissait pas de faire une petite course sur le terrain elle-même. Elle est donc parmi les très bonnes de son équipe. Et la première demie était non seulement tout à notre avantage mais toute Punkee.
Soutirant le ballon à une coéquipière plus grande (elles sont toutes plus grandes d'ailleurs, Punkee est microscopique comme sa mère)elle a monté le ballon d'un bout à l'autre du terrain pour aller marquer le premier but.
Un peu plus tard, en faisant une touche de très mauvaise qualité, Punkee a envoyé le ballon directement à l'équipe adverse qui n'en demandait pas tant. Sont allé faire leur premier tir au but en échappée et créer l'égalité. Je ne sais pas si on a donné une assistance à Punkee. Ça ne l'a pas trop affectée, sur la mise au jeu suivante, elle a à nouveau soutiré le ballon à une adversaire et fait une montée spectaculaire culiminant sur un autre beau but. Si beau que les parents de notre équipe sont venus me féliciter comme si j'avais à voir quoi que ce soit avec ce but.
"J'ai fait deux buts papa!!" m'a-t-elle criée du terrain. Ce qui n'était pas la première fois mais bon ce jour-là, elle en étais particulièrement fière.
"J'ai fait les deux buts de mon équipe!" a-t-elle crié à nouveau.
J'ai levé le pouce pour valider sa fierté.
En voyant son entraineur qui voiulait la féliciter elle a rajouté plus fort encore:
"C'EST MOI QUI A FAIT LES DEUX BUTS!!!!"
Puis à une coéquipière, sur un ton plus bas:
"J'ai fait les 2 buts"
À un arrêt de jeu suivant, à une autre coéquipière:
"C'est moi qui a fait toute les buts"
"J'ai fait deux buts"
"J'ai fait les deux buts"
et à une adversaire qui ne demandait rien à personne:
"BEN C'EST PARCE QUE DANS MON ÉQUIPE C'EST MOI QUI A FAITES TOUTES LES BUTS!"
er...
Papa n'était plus capable, il a dû lui faire signe du public de la zipper sa grand' bouche.
De plus, à partir de ce moment le puissant adversaire qui dormait au gaz, le lion qui dormait s'est réveillé. Ce fût comme si la phrase de ma fille leur avait fait comprendre qu'il n'y avait qu'elle qui pourrait faire des buts. Donc chaque fois qu'elle avait le ballon c'était deux et trois filles qui lui sautient dessus pour lui soutirer. On ne sous-estimait plus cette petite bombe. Maintenant qu'elle avait éventé le secret que c'était ELLE qui avait marqué tous les buts qui allaient leur infliger leur première défaite de la saison on allait s'occuper d'elle. Et d'elles au pluriel.
À partir de ce cri du coeur, de cette fierté mal placée, de ma fille les Chouettes n'ont plus toucher le ballon. Ils n'ont même plus traversé le milieu du terrain. Notre minuscule gardienne a été surchargée de travail et toutes les montées de ma fille ont été contrées assez facilement.
Avant la fin de la permière demie, notre équipe était devenue si confuse qu'elle a elle-même marquée dans son propre but avec un franc coup de pied dans le top du filet de la part d'une défenseure réduisant le pointage à 2-2.
La seconde demie fût un massacre. 3-2 pour eux, 4-2 pour eux, 5-2 pour eux, 6-2 pour eux.
Zont jamais lancé au but ni même traversé la ligne du milieu du terrain.
Les Jonquilles-de-la-mort étaient de retour.
"J,ai tu fait un beau match papa?"
"Mmmmmvoui..."
"J'ai fait les deux buts de mon équipe!"
"Viens ici qu'on se parle ma petite prune..."