Et voilà le thème de l'insécurité de retour. Nicolas Sarkozy a choisi de revenir aux fondamentaux de son camp. De reprendre son costume de premier flic de France. Afin d'éviter que les événements
à Grenoble n'écornent son image de faiseur d'ordre, le chef de l'État hausse le ton. Vendredi, alors qu'il installait le nouveau préfet du département, Éric Le Douaron, nommé suite aux graves
violences survenues à la mi-juillet dans un quartier populaire de la capitale iséroise, Sarkozy a dégainé une nouvelle arme sécuritaire : il n'a pas hésité à proposer "la déchéance de la
nationalité française" pour "toute personne d'origine étrangère qui aurait volontairement porté atteinte à la vie d'un fonctionnaire de police, d'un militaire de la gendarmerie ou de toute autre
personne dépositaire de l'autorité publique".
Le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, lui a immédiatement emboîté le pas. Dimanche, il a énuméré les cas qui pourraient donner lieu à une déchéance de nationalité : en cas de polygamie,
"d'excision, de traite d'êtres humains ou d'actes de délinquance graves", après avoir annoncé, jeudi, des mesures sévères visant à lutter contre la délinquance des Roms. Il a même fixé des
échéances assez courtes. Les nouvelles dispositions évoquées figureront en effet dans le projet de loi sur la sécurité intérieure qui sera examiné au Sénat le 7 septembre et dans celui sur
l'immigration qui sera présenté "en septembre à l'Assemblée", a précisé Brice Hortefeux.
Parfum de campagne présidentielle
L'UMP n'est pas en reste. Le secrétaire national du parti présidentiel en charge de la sécurité, Éric Ciotti, qui prépare un texte sur la responsabilité pénale des parents des mineurs
délinquants, a, de son côté, proposé jusqu'à deux ans de prison ferme et 30.000 euros d'amende quand ceux-ci ne feront pas respecter les obligations auxquelles seront soumis leurs enfants
condamnés... Des déclarations qui ont suscité un tollé à gauche. La première secrétaire du PS, Martine Aubry, s'est notamment fendue dès dimanche d'un communiqué dans lequel elle a dénoncé "une
dérive antirépublicaine qui abîme la France et ses valeurs par des lois d'exception aussi iniques que vraisemblablement anticonstitutionnelles".
Face à une telle attaque, le secrétaire général de l'UMP a immédiatement répliqué pour défendre le chef de l'État et Brice Hortefeux. "Martine Aubry et le Parti socialiste ne sont ni compétents
ni crédibles pour parler sécurité", a-t-il attaqué. Selon lui, Martine Aubry "oublie que la première des libertés dans la République, c'est la sécurité, et que le PS, quand il était au pouvoir, a
laissé exploser la délinquance, Lionel Jospin reconnaissant lui-même que la gauche avait fait preuve de naïveté sur la question." Et d'ajouter, lapidaire : "Je trouve terriblement choquant que le
PS et Mme Aubry trouvent qu'il n'y a rien de nouveau à faire pour faire reculer les nouvelles formes de violence." Une joute verbale au parfum d'une pré-campagne présidentielle.
Source : Le Point
L'UMP joue un jeu dangereux, car en tenant ces propos ils mettent en valeur et rend légitime les théories de l'extrême droite. Après qu'ils ne s'étonnent pas comme au soir du 2e tour des élections régionales de la monté en force du Front National.