En quelques mots, certains auteurs, comme André Schwartz-Bart, ont le don de révéler certaines similitudes entre passé et présent :
«Si la république de Weimar avait débouché sur le nazisme, ce n'était pas un hasard. L'ultra-libéralisme avait débouché sur l'ultra-totalitarisme; non, pas un hasard. Cela signifiait qu'il ne fallait pas se laisser avoir par les apparences : tout le spectacle que leur offrait l'Occident pouvait basculer en un instant.»
Étonnant, non ?
Mais aujourd'hui, nous laissons le soin aux collègues blogueurs de commenter l'actualité nationale...
Comme dans le dernier des Justes, André Schwartz-Bart plonge le lecteur dans un conte merveilleux, celui d'une famille juive, les Schuster - cordonnier en yiddish, qui a émigré en Europe et posé ses valises à Podhoretz en Pologne.
Le récit raconte avec tendresse et humour l'époque heureuse où vivait un ancêtre mystique, visité par le prophète Élie, qui attirait les foules de croyants grâce à son violon magique. Dans cette partie, le lecteur touche au merveilleux comme dans certains romans de Kadare, Andric ou Cossery... jusqu'à l'entrée des troupes allemandes.
Dès cet instant, le narrateur suit Haïm, un des petit-fils qui sera rattrapé par son destin, vendu par des autochtones, hébergé dans le ghetto chez le docteur Korczak, puis déporté à Auschwitz.
A l'instar des autres survivants de la Shoah, et l'on pense à Primo Levi, Haïm porte en lui la tragédie des siens et cette interrogation :
« Mais un individu peut-il porter le deuil de tout un peuple ?»
L'étoile du matin est un récit surprenant, attachant, sensible, et grave sans pour autant tomber le pathos. Très bien écrit également. Une œuvre essentielle, publiée à titre posthume, qu'André Schwartz-Bart réécrivait sans cesse...
A lire sans modération.