Dernier roman d’une trilogie, L’homme qui peignait Staline (89) et Les Apparatchiks vont à la mer noire(2004), La femme du stalinien, un titre, une pochette qui désarçonne. Une immersion dans un monde féminin, au cœur d’une rupture, une libération trop attendue.
D’une lettre à Mathieu Lord, août 1991, une longue mise au point, une brisure survenue en mai 76. Sa version de leurs années communes, celle qui est passé outrageusement sous silence trop longtemps. «Nous sommes au dernier jour de notre vie commune. Tu ne sais pas qui je suis. Comment c’était avant les neuf années de mariage et les trois années de fréquentations qui ont précédé ?»
Quinze ans plus tard, Louise nous raconte son parcours, sa mère, son père, son mari, une vie de femme modèle des années 60, une vie partagée avec un homme de ces mêmes années charnières : De ton bien-être dépend le mien, de ta joie dépend la mienne. Avec cette deuxième partie du roman intitulée La vie séparée, L’auteure raconte ce long processus d’une femme qui cherche désespérément d’autres avenues que celles inculquées. « Du plus loin que je me souvienne, j’ai désiré me marier. Tout me menait vers l’amour et la vie de couple : les contes de fée, les romans à l’eau de rose, les romances, les conversations entre jeunes filles, les premières soirées sociales, les confidences troublantes, les travestissements vestimentaires.
Mon passé auprès de Mathieu, je le revoie ainsi : comme femme, j’ai accompli ce que je considère honnête, je lui ai donné mille preuves de mon amour. J’y ai mis la totalité de mes forces, mes énergies, mes soins, mes heures. J’ai échoué. Son cœur froid a rejeté toute marque de tendresse. Il s’est servi de moi.
Je m’appelle Louise Aubert, je ne suis plus Louise Lord.
Une première rencontre avec cette auteure. Une plume intelligente, classique, une introspection enrichissante dans cet univers féminin, une révolution pas si tranquille.