Nicolas Sarkozy utilise l’une de ses dernières cartouches pour sortir de son enlisement et tenter par la même de reprendre la main sur le calendrier politique. Fidèle à ses méthodes, le président choisit de cliver pour exister. Même si son bilan sur le sujet est mauvais, Nicolas Sarkozy sait que l’opinion, notamment les classes dites populaires, préférera toujours une certaine forme de gesticulation stérile à un sentiment d’inaction ou de résignation habituellement prêté, parfois avec raison, à la gauche.
En service commandé les grognards de l’UMP, Ciotti et Hortefeux, autoproclamés généraux d’une France en guerre contre l’insécurité, en rajoutent . Peu importe que les mesures ne voient jamais le jour. Ce sera si c’est le cas la faute aux juges et à la gauche. Sarkozy aura montré ses muscles et offert un exutoire éphémère aux relents xénophobes du moment.
Ce matin sur France Inter, Robert Badinter appelait au “sang froid” et à ne pas tomber dans le piège qui consiste à commenter des annonces démagogiques mais à attendre que des propositions écrites soient formulées. D’une certaine façon, pour l’ancien Garde des Sceaux, tout ce qui est excessif est insignifiant. Avec calme et détermination, l’ancien président du Conseil Constitutionnel a rappelé les termes de l’article 1er de la Constitution qui assurent l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine.
Si Robert Badinter reconnaît la réalité des problèmes d’intégration, il invite cependant à ne pas suivre le tempo du Chef de l’Etat, à ne pas commenter les commentaires mais à analyser, à travailler à formuler des propositions. Le conseil vaut évidemment pour le PS dans la perspective du programme présidentiel de 2012.
Reste à savoir si Nicolas Sarkozy n’est pas parti trop tôt, quand les Français, en vacances, ont la tête ailleurs. On ne voit pas les domaines susceptibles d’offrir une capacité de rebond au président à l’aube de 2012. Une fois passée la canicule sécuritaire reviendront les préoccupations essentielles des Français : la crise, l’emploi et le pouvoir d’achat. D’ici là, Nicolas Sarkozy aura par son agitation écorné un peu plus son image présidentielle.
Le contraste avec Dominique de Villepin n’en sera que plus grand. Le risque est bien qu’à force de vouloir siphonner les voix du Front National, Nicolas Sarkozy finisse par se couper d’une partie de l’électorat de droite qui ne se retrouve plus dans le locataire de l’Elysée. L’ancien Premier ministre aura sans doute pris note de l’appréciation de Robert Badinter qui face à l’hyperprécipitation actuelle oppose les trois qualités idéales d’un Chef de l’Etat : réflexion profonde, parole mesurée, action méditée.
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