02.08.2010
Le premier biographe de Zola : "Trublot" Paul Alexis
PAR BERNARD VASSOR
La fin de Lucie Pellegrin (extrait) : «
En 1874, une époque difficile de mes débuts, j’allais manger rue Germain-Pilon dans un restaurant infime, qui n’existe plus, (…)j’entendis un jour quatre habitués à une table voisine, tout en prenant leur café et en fumant leur cigarette, parler longuement d’une de leurs camarades, très connue, qui se mourait de la poitrine. Leur conversation me frappa. Elles donnaient des détails tellement typiques qu’il me sembla que l’imagination d’un romancier de génie ne pourrait en trouver de plus poignants ni de plus vrais.Une Manon du quartier Breda, bonne fille, un peu sotte, exploitée par son entourage, la fibre maternelle peu développée »
quelquefois................................
Paul Alexis vit le jour à Aix-en-Provence en 1847, fils d'un notaire, il est mort le 28 juillet à Levallois-Perret en 1901. Paul Alexis est l'homme de toutes les fidélités les plus contradictoires comme nous le constaterons plus loin. Journaliste et écrivain naturaliste, il fut très actif au moment de la création du groupe de Médan. Il fut l'un des fondateurs du "
Théâtre-Libre" avec
André Antoine dans le dixième arrondissement. Ce théâtre était destiné à la mise en valeur des jeunes écrivains naturalistes, comme Zola ou Ibsen. Il fit partie du "
Groupe des cinq" qui se réunissait chez
Zola 17
rue Saint-Georges, en compagnie de
Maupassant, Huismans,Céard et Hennique,avant que Zola n'achète la maison de Médan. Il se fit connaître grâce à
une supercherie : il publia dans un journal un de ses poèmes intitulé "
Vieilles plaies" en 1869, le présentant comme une oeuvre de jeunesse inédite de
Baudelaire. Il avait connu Cézanne à Aix. Celui-ci le présenta à Zola avec qui il devint l'ami le plus fidèle jusqu'à la fin de sa vie, malgré des divergences politiques et esthétiques graves. Il devint aussi l'ami de
Jules Vallès et écrivit dans son journal "
Le Réveil", puis dans "
Le Cri du Peuple"où Severine avait succédé au turbulent
communard. Dans ce journal il signe ses articles sous le nom de
Trublot , personnage du roman de
Zola "
Pot-Bouille". Familier du salon de Nina de Villard, il connut
le docteur Gachet, le toqué
Ernest Cabaner, Pissarro, Renoir, MauriceRollinat, Verlaine qui fut plus tard son voisin à Montmartre au "
Chateau des Brouillards"ainsi que Georges Izambard l'ancien professeur de rhétorique de Rimbaud. Après la Commune de Paris, Nina revenu de son exil en Suisse rouvrit son "
salon" rue des Moines. Là Alexis rencontra
François Coppée, ANatole France, Adolphe Racot, Catulle Mendès, Jean Richepin, Germain Nouveau Coquelin Cadet Henri, Charles et Antoine Cros, Marcelin Desboutin, Charles de Sivry le très bizarre nécromancien
Henri Delaage, un des amants attitrés de Nina
Edmond Bazire "
Sidonie a plus d'un amant"(
Franc-Lamy et
Charles Cros entre autres) . Paul fréquenta le
Café Guerbois avec le
groupe des Batignolles, puis après la guerre de 1870, il est l'un des habitués du
café de la Nouvelle Athènes, le rendez-vous de toutes les avant-gardes. Prenant part à tous les combats pour le naturalisme en littérature, l'impressionnisme, puis le néo-impressionnisme en peinture (prenant ainsi le contre-pied de son ami Zola). Il proteste véhémentement contre les décisions des jury "
qu'il souhaite voire disparaître, tout comme l'État, les marchands de tableaux et les patrons !!!! " Après un appel "
Aux peintres et aux sculpteurs" dans le journal "
L'avenir national", il reçut une lettre de
Claude Monet le remerciant et lui demandant son soutien quand la société qu'il devait créer serait fondée avec
Pissarro, Jongkind, Sisley, Béliard, Amand Gautier etc. vous connaissez la suite....... Alexis Il appartint aussi au groupe
"des Hydropathes" avec
Charles Cros et Emile Goudeau. Il vécut, tout comme Nerval, Renoir et le professeur de rhétorique de Rimbaud au "Château des Brouillards"
Mon amie Noëlle Benhamou m'avait donné à lire un roman d'Alexis introuvable : "
Le retour de Jacques Clouard". Ce fut pour moi un choc...Le sujet est le retour d'un ancien insurgé de la Commune de Paris, après l'amnistie de 1880. Sa femme l'ayant cru mort avait refait sa vie. Bref, c'est l'histoire du comte Chaber (titre original de Balzac) version Commune de Paris. Zola avait traité le même sujet avant Alexis dans un roman intitulé
Jacques Damour. Comparez les deux romans, et je vous laisse juge. Pour ma part, et c'est aussi l'avis de Noëlle Benhamou, le roman d'Alexis est bien supérieur à celui de Zola et j'en sais les raisons....
Un réédition des oeuvres de Paul Alexis me paraît urgente. Mise à jour ce 02 août 2010
08:15
Ecrit par vassor
dans ETUDES LITTERAIRES |
Lien permanent
| Commentaires (0)
| Envoyer cette note
| Tags : zola, café guerbois, monet claude, théâtre antoine, laupassant, huysmans, céard, hennique, nina de villard
Écrire un commentaire
En réponse à :
Votre nom :
-
Votre email :
-
Votre URL :
Votre commentaire :
-
Retenir mes coordonnées :
S'abonner au fil de discussion :