Tout comprendre

Publié le 01 août 2010 par Badiejf
Thomassin 38 sur la route de Kenscoff. Il est près de 15h00 et des timoun déguisés en finissants entrent dans l'église. La bagnole s'arrête toute seule, elle est complètement domptée après plus de 18 mois … On traverse la rue pour s'engouffrer dans l'église et voler un peu d'intimité à cette collectivité. Ils ont 5 ans, ils graduent. Le protocole, c'est du sérieux, je vous jure. On commence par chanter l'hymne national du pays avant que le maître de cérémonie s'adresse aux enfants en reprenant des strophes de l'hymne ayisien. Paraphrasons … " 'Pour le drapeau, pour la patrie', vous passez aujourd'hui une étape importante de votre vie, une étape cruciale de notre vie collective. Vous incarnez ce désir patriotique de toujours pousser plus loin la connaissance, 'Pour le pays et pour nos pères, formons des fils, formons des fils ' (les filles n'étaient pas inventées à l'époque de l'écriture, désolé …)." La référence aux pères de la nation et les dernières strophes sur la mort (Pour le Drapeau, pour la Patrie, Mourir est beau, mourir est beau, Notre passé nous crie : Ayez l'âme aguerrie, Mourir est beau, mourir est beau) clôturent l'entrée en matière de celui qui tient le micro. J'avais les timoun dans le viseur de mon kodak pendant que mes oreilles se concentraient sur le discours. Je sentais que ces grandes paroles étaient moins intéressantes que tout le reste autour pour les timoun déguisés. Les parents endimanchés me rappelaient que ce qui se passait n'était pas anodin. Que cette étape est importante pour l'Ayisien, celui qui participe à faire cet Ayiti. Le patriotisme est une drôle de bibitte pour un québécois souverairiniste et anti-nationaliste. Je dois avouer toutefois que ce champs de l'hymne national me fait toujours un petit quelque chose sans vraiment être en mesure de tout comprendre. En fait, je me sentais sûrement comme ces petits qui participaient à quelque chose d'important qu'ils ne comprenaient pas complètement.